REMISE DU PRIX « BOUGIE NOIRE »

Amérique Latine — Modernisation forcée, ça s’appelle le progrès ?

LES COORDINATIONS AMÉRIQUE LATINE D’AMNESTY INTERNATIONAL remettront le prix de la Bougie noire au pays qui déroge le plus aux droits humains.
Nous vous invitons à participer au vote puis à la journée organisée par l’ensemble des coordinations Amnesty travaillant sur l’Amérique latine, le 22 septembre 2012.

LES COORDINATIONS AMÉRIQUE LATINE D’AMNESTY INTERNATIONAL remettront le prix de la Bougie noire au pays qui déroge le plus aux droits humains.
Nous vous invitons à participer au vote puis à la journée organisée par l’ensemble des coordinations Amnesty travaillant sur l’Amérique latine, le 22 septembre 2012.

Infos pratiques

Quand ? Le 22 septembre 2012, de 14h à 20h
Où ? De Pianofabriek, 35 rue du Fort – 1060 St-Gilles

Au programme :

— Présentation des pays sélectionnés (Argentine, Brésil, Colombie,Guatémala, Mexique et Pérou)

— Vote et proclamation du prix « Bougie noire »

— Témoignage

— Conférence

— Exposition de photos du « Pueblo Embera Katio (Colombie)

— Film : Le Chant des Oiseaux (de Sanguinez - Bolivie)

— Musique et danses boliviennes « Te Tinka Tinku »

— Verre de l’amitié et gastronomie péruvienne

Le concours
Dès maintenant, prenez connaissance des situations des droits humains décrites ci-dessous et qui concernent 6 pays d’Amérique latine. Ensuite participez au vote en élisant le pays qui, selon vous, déroge le plus au respect des droits humains.
L’ensemble des votes permettra d’attribuer à l’un d’eux le prix « bougie noire ».

Et rendez-vous le 22 septembre pour la remise du prix !

Les nominés sont :

ARGENTINE - LA FIÈVRE DE L’OR VERT

Depuis quelques années, l’incroyable boom du soja, « plante miracle », a transformé le sol argentin. Déboisement des forêts, arrachage des arbres fruitiers, transformation des pâturages et des fermes (50.000 ont disparu) en champs de soja démesurés, sans un arbre à l’horizon … Changement climatique assuré…
L’Argentine est devenue en quelques années le troisième exportateur mondial de soja après les Etats-Unis et le Brésil et le premier exportateur de produits dérivés (huile, lait, farine, tourteaux). Le prix du soja sur les marchés mondiaux ne cessant d’augmenter, l’Argentine en tire l’essentiel de ses recettes d’exportation.
Le soja est-il pour autant une bénédiction pour ce pays et une réponse à la faim dans le monde ? L’affirmer comme le font ou l’ont fait beaucoup de nutritionnistes serait oublier que la quasi totalité du soja cultivé aujourd’hui en Argentine est aujourd’hui transgénique. On l’appelle le soja RR (Soja Round up Ready). C’est un OGM qui a été manipulé pour le rendre tolérant aux herbicides chimiques dont le plus connu est le Round Up fabriqué par Monsanto. Pour lutter contre les mauvaises herbes, les immenses champs de soja sont donc régulièrement et abondamment arrosés de Round Up par avion ou camion épandeur. Or si le soja est une plante innocente riche en protéines, il n’en va pas de même du Round Up, un produit chimique extrêmement toxique et cancérigène.
C’est la multiplication incroyable de cancers dans les régions où le soja a envahi tout le paysage qui a donné naissance à un mouvement de résistance. A Ituzaingó, localité située près de Córdoba, une association de femmes s’est créée. Elles ont commencé par comptabiliser les cas de cancers. Chiffres effarants : 200 cas sur 5000 habitants. Du coup les villageois ont rebaptisé Monsanto "Mondiablo" et ont organisé la résistance. Bien sûr c’est le pot de terre contre le pot de fer mais le cancer fait peur et aujourd’hui les résistances se multiplient, souvent écrasées par la violence.
Alors ? Le soja est-il cette plante miracle capable de produire du lait, de la viande et des œufs « pas chers », tout en enrichissant les grands propriétaires qui se sont attribué la terre ? Ou est-il une alternative, sans doute intéressante, mais qui nécessite un contrôle strict de ses conditions de culture ?
Qui gagnera la bataille du soja ?

BRÉSIL – BARRAGE DE BELO MONTE

L’Amazonie, le fleuve et le parc national du Xingu… Ces mots font peut-être rêver : une forêt tropicale luxuriante, une biodiversité extraordinaire, des populations capables de vivre là où nous en serions bien incapables…
Mais tout cela est menacé. Non seulement la forêt amazonienne est menacée - un cinquième a disparu en une génération - mais aussi les peuples qui l’habitent, derniers représentants de sociétés détenant des savoirs précieux sur la forêt et une relation à la nature trop souvent ignorée dans nos sociétés basées sur l’hyperconsommation d’objets industriels. Des peuples dotés de droits au même titre que n’importe quel peuple...
Tout cela est menacé parce que le Brésil rêve de plus. Sixième puissance économique mondiale - même si 21 % de la population s’y situe sous le seuil de pauvreté - le Brésil a des ambitions et n’entend pas arrêter là sa croissance. Comme toute grande puissance, c’est un gros consommateur d’énergie et comme tant d’autres grandes puissances, il ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de chercher à se développer et de gagner en puissance…
Pour répondre à des besoins d’énergie qui explosent, le Brésil a depuis des années développé l’énergie hydroélectrique sous la forme de gigantesques barrages, qui ont déplacé des populations par dizaines de milliers en ignorant le plus souvent leurs droits. Celles-ci se sont organisées en un Mouvement des victimes des barrages (MAB), qui cherche à défendre les droits de gens qui ont ainsi perdu maison, moyens de subsistance, racines et liens sociaux.
Le projet de barrage de Belo Monte vise à construire le 3ème plus grand barrage au monde en pleine Amazonie. Non seulement les impacts environnementaux seront catastrophiques, pour une Amazonie déjà terriblement fragilisée ainsi que pour l’ensemble de la planète et ses habitants, mais le barrage déplacera aussi des peuples indigènes (30.000 personnes), alors que la constitution brésilienne reconnaît pourtant formellement leurs droits sur leurs terres ancestrales !
A tout moment le projet a été entaché d’irrégularités : études bidon, menaces sur des responsables avec démissions en cascade, criminalisation de ceux qui dénoncent les irrégularités et les impacts attendus du projet. Les photos du chef Kayapo Raoni ont circulé sur Internet et en 2010 près de 150 organisations de partout dans le monde ont dénoncé une licence de construire accordée en foulant aux pieds droit national et international.
Rien n’y a fait et en janvier 2012, les travaux ont commencé …

COLOMBIE - CONSTRUCTION D’UN BARRAGE ET DÉPLACEMENT FORCÉ DE POPULATION

La Colombie est un des pays au monde où le déplacement forcé de population est parmi les plus importants. Entre 3 et 4 millions de personnes ont dû quitter leur foyer pour se réfugier ailleurs, que ce soit dans leur propre pays ou dans un pays voisin. Les plus touchés sont les paysans vivant dans des zones rurales reculées et les communautés indigènes afro-colombiennes.
Le conflit armé et la violence sont la raison première de ce phénomène mais derrière cette violence, se cachent souvent de puissants intérêts économiques et politiques liés à des mégaprojets d’infrastructure présentés comme des projets de développement et de progrès.
La construction du barrage de URRA I dans le Nord Ouest du pays à la fin des années 90 est un bon exemple de ce genre d’innovation technique imposée sans consultation et par la violence aux communautés indigènes Embera Katio qui n’en voulaient pas. En effet ils savaient que la construction de ce barrage entraînerait inévitablement des conséquences sociales et environnementales tragiques. La résistance pacifique s’organisa donc mais très vite la violence y répondit : intimidation, menaces, dirigeants assassinés ou enlevés puis « disparus », dont le célèbre dirigeant Kimi Pernia, enlevé le 2 juin 2001. Suite à ces agressions de nombreux membres de ces communautés indigènes fuirent leurs terres d’origine entre 1998 et 2002.
Malgré la résistance acharnée de la population, pourchassée, et harcelée par les paramilitaires, qui avaient fait de la construction du barrage un objectif militaire, le projet fut mené à son terme. Bien sûr les dégâts et les bouleversements du milieu de vie des Embera Katio n’ont jamais été ni réparés, ni compensés et les crimes commis restent impunis.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là car il existe un nouveau projet, URRA II, dix fois plus ambitieux que URRA I. Devant la résistance des populations, le pouvoir semble y avoir renoncé. En avril 2005, le gouvernement colombien et l’Assemblée Permanente des Communautés du peuple Embera Katio ont signé un accord en ce sens. Mais la menace est toujours présente car, malgré cet engagement, l’ancien président Uribe s’était prononcé en fin de mandat pour la réalisation de ce projet.
Le peuple Embera Katio craint pour son avenir.

GUATÉMALA - LA MINE MARLIN, UNE AFFAIRE EN OR ?

Vous avez trop d’argent ? Vous voulez un placement sûr ? Achetez de l’or et de l’argent. Leur prix ne fait que grimper et les entreprises qui pratiquent leur extraction profitent d’une législation très ouverte et des concessions avantageuses ... Au même temps, les populations autochtones voient ses vies et ses habitats bouleversées par des projets miniers, sans que ses droits fondamentaux soient toujours respectés.
Prenons le cas du Guatemala et de la Mine d’or Marlin, située dans le département de San Miguel Ixtahuacán.
En 2005, une entreprise canadienne, la Goldcorp, s’y installe et commence l’extraction de l’or sur des terres où vivent depuis de nombreuses générations des populations mayas. Ils se nourrissent des fruits de cette terre et c’est dans cette terre qu’ils ont enterré leurs ancêtres.
Quoique la Convention 169 de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) relative aux peuples indigènes et tribaux, ratifiée par le Guatemala, exige que les entreprises s’installant sur des terres habitées consultent les habitants, rien n’est fait dans ce sens.
Très vite dès lors la résistance s’organise et un collectif, le « Madre Selva », voit le jour dans le but de soutenir les demandes des populations autochtones affectées par le projet minier.
Ceux qui ont fait entendre leur voix pour dénoncer les effets négatifs présumés de Marlin ont souvent subi des représailles. En février 2011, des personnes qui manifestaient contre la mine de Marlin, dans le sud-ouest du Guatemala, ont été agressées. En juillet 2010, deux inconnus ont tiré à bout portant sur Deodora Hernández, militante associative ayant protesté contre les effets négatifs présumés de cette exploitation minière. En juin 2010, suite à la visite du rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales des populations autochtones, Carmen Mejía, une autre militante faisant campagne contre les conséquences présumées de l’exploitation minière, a reçu plusieurs menaces de mort.
Malgré la violence ambiante et le manque de respect des droits des habitants, la compagnie minière continue à faire des bénéfices … Alors, la Mine Marlin, une affaire en or ? Oui, mais pas pour tout le monde.

MEXIQUE – BARRAGE DE LA PAROTA

Nous consommons tous beaucoup (trop ?) d’électricité et les Mexicains ne font pas exception. L’électricité, il y a plusieurs manières de s’en procurer et on pense souvent que la houille blanche, c’est-à-dire l’énergie récupérée à partir des chutes d’eau, est parmi les plus écologiques. Alors pourquoi pas un barrage de plus ?
Un projet fait beaucoup parler de lui, c’est celui de la Parota, qui serait construit à la source du fleuve Papagayo, à 30 km d’Acapulco. Un bien beau projet suivant la CFE (Commission fédérale de l’électricité). Il coûtera évidemment très cher (1.000 millions de dollars !) mais génèrera 10.000 emplois directs et indirects pendant la construction et le nouveau bassin favorisera le développement de la région et fournira 50 ans d’eau potable à la ville d’Acapulco.
Oui mais… quand on coupe l’écoulement de l’eau, on inonde des terres, on noie des villages… Il s’agira ici de 17.000 hectares de forêts, de terres cultivées, de routes, de ponts, de villages, donc de personnes déplacées (25.000 personnes directement et 75.000 indirectement). Par ailleurs la coupure du fleuve laissera le port d’Acapulco à sec avec un risque de propagation d’épidémies et de destruction d’espèces animales et végétales.
Les populations vivant sur ces terres sont donc concernées mais elles n’ont été ni informées, ni consultées.
Peu importe, dès 2003 la CFE a occupé le terrain et entamé des travaux sur des terres communales sans la moindre information.
On comprend donc que ce projet de barrage divise les gens. L’ambiance de toute la région s’en ressent et les « campesinos » assurent qu’ils sont prêts à mourir pour empêcher le barrage.
Le problème est actuellement au niveau des routes car les promoteurs du barrage ont construit des routes pour acheminer les matériaux et transporter les hommes, alors les « campesinos » qui ne veulent pas du barrage occupent les routes. Les affrontements sont inévitables et de plus en plus violents.
Le sang a déjà coulé. L’eau du barrage coulera-t-elle un jour ?

PÉROU – LE PROJET CONGA - POLLUTION DES EAUX ET DES ÉCOSYSTÈMES

Le projet Conga est un nouveau projet de mine d’or et de cuivre auquel sont confrontées les populations.
Entamé par l’entreprise minière Yanacocha, première productrice d’or en Amérique latine, le projet Conga, dans la région de Cajamarca, au Nord du Pérou, fait courir le risque d’une pollution d’envergure des écosystèmes locaux et notamment des nappes phréatiques. On le sait d’autant mieux que depuis 20 ans, la mine de Cajamarca, exploitée par la même entreprise, a causé de nombreuses pollutions irréversibles.
Les travaux de construction de la nouvelle mine du Conga, sont bloqués depuis novembre 2011, suite à un soulèvement des peuples autochtones et à une grève de 11 jours.à la suite de quoi, l’Etat péruvien a déclaré l’état d’urgence dans 4 provinces de la région. Cependant, la forte pression exercée par les investisseurs risque à tout moment de faire sauter ce mince verrou.
Pourtant le Pérou a ratifié la Convention n°169 de l’Organisation Internationale du Travail en 1994, dont l’article 15 oblige toute entreprise à consulter les peuples avant d’entreprendre ou d’autoriser tout programme de prospection ou d’exploitation des ressources de leurs terres. Or une telle consultation n’a jamais eu lieu dans le cas du Conga, ce qui va à l’encontre des droits des peuples indigènes..
La contamination des eaux souterraines, conséquence de ce nouveau projet contaminera sans aucun douter une vingtaine de lagunes centenaires d’envergure, essentielles pour la vie des communautés locales car approvisionnant tous les villages et les fermes aux alentours.
Il faut appeller l’État péruvien à abandonner définitivement ce projet minier, dont il ne percevrait de toute façon que très peu les bénéfices (12%) mais aurait comme conséquence une destruction totale des services écosystémiques et des biens publics primordiaux pour les équilibres naturels. Et aussi rappeller que dans les prochains mois, le nouvel accord commercial multipartite entre l’Union européenne, le Pérou et la Colombie sera voté au Parlement européen. Cet accord se base sur une clause des droits de l’homme. La situation de Conga risque fortement d’influencer le comportement des députés européens lors du vote sur cet accord.

FORMULAIRE

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