Communiqué de presse

Grèce. Les autorités doivent de toute urgence enquêter sur des allégations de mauvais traitements

Une série d’allégations ont été portées à la connaissance d’Amnesty International et d’autres organisations et groupes, indiquant que des policiers feraient subir de mauvais traitements à des migrants et des demandeurs d’asile détenus au centre de détention pour migrants de Corinthe depuis le mois d’octobre 2012. L’organisation exhorte les autorités grecques à mener une enquête approfondie, rapide et impartiale sur ces allégations et à faire en sorte qu’une fois identifiés, les auteurs présumés de ces actes soient traduits en justice.

L’exemple le plus récent a été rapporté dans la presse nationale le 12 mars 2013. K.M., citoyen syrien âgé de 21 ans, aurait été roué de coups par des policiers le 10 mars. Il avait commencé à filmer, à l’aide de son téléphone portable, une intervention de la police antiémeutes durant laquelle les policiers ont frappé violemment et au hasard des détenus qui s’étaient rassemblés de chaque côté d’une clôture du centre et se disputaient.

K. M. a raconté son passage à tabac à Amnesty International. Trois policiers seraient venus du côté de la clôture où il se trouvait, lui auraient pris son téléphone portable et l’auraient traîné hors de la cour avant de lui menotter les mains dans le dos. Les policiers auraient alors entrepris de le battre, lui demandant pourquoi il les filmait. L’un des policiers aurait vérifié le contenu du portable de K. M. et, après avoir trouvé les images de l’intervention, il se serait précipité sur K. M. et l’aurait frappé à la poitrine, le faisant tomber à terre. K. M. a poursuivi son récit : « Le même policier s’est mis à me donner des coups de pied... J’ai essayé de me mettre debout et il m’a encore frappé [...] puis il a demandé à deux autres policiers de m’emmener dans une pièce où je ne pourrais pas être vu par les autres détenus... [Dans la pièce], il s’est mis à me donner des coups de pied à la poitrine [...] et alors un policier m’a giflé et a commencé à me donner coups de poing au visage. »

Les images vues par Amnesty International et publiées dans les médias nationaux montraient des contusions sur tout autour de l’œil de K. M. et sur le côté gauche du haut de son corps. Il a indiqué qu’il n’avait pas vu de médecin après son passage à tabac.

Lorsque des délégués d’Amnesty International ont visité le centre de détention de Corinthe en novembre 2012, les conditions de détention y étaient exécrables. Le chauffage et l’eau chaude manquaient et la literie était sale et insuffisante contre le froid. Il n’y avait ni savon, ni papier hygiénique. Selon les détenus, les autorités ne leur remettaient aucun produit d’hygiène. Plusieurs d’entre eux ont affirmé qu’il était fréquent que les gardiens les maltraitent.

Début février 2013, Amnesty International a reçu d’autres informations sur les mauvaises conditions de détention, notamment sur l’absence de draps et de couvertures permettant de se protéger du froid, et de nouvelles allégations relatives aux mauvais traitements infligés par des policiers aux détenus de ce centre ont été portées à sa connaissance.

D’autre part, selon certaines affirmations, des migrants et des demandeurs d’asile auraient également subi de mauvais traitements dans divers postes de police du pays. Un citoyen syrien a décrit des faits dont il a été témoin le 9 janvier 2013 dans un poste de police proche de Tripoli : « Il y a eu du mouvement dans la pièce où on était entassés et les policiers ont soudain envahi l’endroit... Ils ont battu très violemment trois Afghans [...] puis ils nous ont emmenés jusqu’au car. En chemin, le policier le plus gradé nous a frappés et nous a insultés. D’autres policiers nous ont aussi frappés, à mains nues ou avec des bâtons... »

Face à la persistance des allégations faisant état de mauvais traitements infligés par des policiers grecs dans les centres de détention pour migrants et dans les postes de police, Amnesty International souhaite appeler de nouveau les autorités grecques à prendre des mesures visant à améliorer la protection des personnes placées en détention ou retenues dans des centres pour migrants. Il faut notamment que la Grèce ratifie dans les meilleurs délais le Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (OPCAT), qu’elle crée ou désigne un mécanisme national de prévention autorisé à se rendre dans les lieux de détention, potentiels ou effectifs, afin de prévenir les actes de torture et autres peines et traitements cruels, inhumains et dégradants, et qu’elle vérifie régulièrement les conditions de vie des personnes privées de liberté et la façon dont elles sont traitées. En mars 2012, les autorités grecques ont soumis à consultation un projet de loi proposant la ratification du Protocole facultatif et confiant au médiateur grec le rôle de mécanisme national de prévention. Mais ce projet de loi n’a toujours pas été présenté au Parlement grec pour ratification.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit