Le Soudan doit mettre fin à la répression visant les médias

Les autorités soudanaises doivent mettre un terme au harcèlement incessant visant les médias indépendants, a déclaré Amnesty International après la nouvelle arrestation d’un éminent journaliste et la saisie d’exemplaires d’un journal de diffusion nationale, à Khartoum mardi 15 mai.

Faisal Mohammed Saleh, éditorialiste pour plusieurs publications nationales, qui a fait état en 2011 du viol présumé d’une militante par des agents du Service national de sécurité, se trouve actuellement en détention sous la garde de cet organe.

Parallèlement, des exemplaires du journal de diffusion nationale al Midan ont été confisqués à l’imprimerie mardi 15 pour la cinquième fois en cinq semaines, ce qui compromet le futur financier de cette publication.

« Le gouvernement soudanais continue à harceler sans relâche les journalistes et rédacteurs en chef osant faire leur travail », a déploré Jean-Baptiste Gallopin, spécialiste du Soudan à Amnesty International.

« Les autorités déploient un vaste arsenal de mesures coercitives contre des personnes et des médias afin de les dissuader ou de les empêcher de couvrir certains événements de manière indépendante et d’émettre des critiques. »

« Le fait que Faisal Saleh ait de nouveau été arrêté constitue un revers pour la liberté d’expression, et les autorités soudanaises doivent veiller à ce que le Service national de sécurité mette fin à ces tentatives constantes d’étouffer toute forme de contestation. »

Faisal Saleh, qui est par ailleurs président de Teeba Press, une organisation non gouvernementale formant des journalistes, a été convoqué dans les bureaux du Service national de sécurité tous les jours pendant près de deux semaines entre avril et mai.

On le faisait attendre toute la journée pour une séance de questions qui n’a jamais eu lieu, sans lui donner ni eau ni nourriture. Après avoir refusé de se rendre sur place par la suite, il a été arrêté à deux reprises.

Il est cette fois-ci accusé de « crimes contre l’État », une infraction à la définition vague, en plus des charges de diffamation précédemment retenues contre lui pour avoir déclaré en mars 2011 que la militante Safia Ishaag aurait été violée par des agents du Service national de sécurité.

Amnesty International considère Faisal Mohammed Saleh comme un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour avoir exprimé pacifiquement ses opinions.

Parallèlement, Haidar al Kashifi, qui travaille pour le journal Al-Sahafa, se serait vu interdire d’écrire le 6 mai, sur les ordres du Service national de sécurité.

Les journaux se trouvent en outre en butte à des obstacles constants du fait des ingérences de cet organe. Les rédacteurs en chef sont soumis à de fortes pressions par des agents du Service national de sécurité, avec lesquels ils doivent entretenir des contacts quotidiens.

Ce Service a ainsi à maintes reprises fait planer des menaces de licenciement ou d’annulation de la licence du journal, dans le but de contrôler la couverture accordée par les médias à certains événements.

Les journaux sont par ailleurs confrontés à des formes directes de censure, car les agents du Service national de sécurité interdisent fréquemment à des rédacteurs de faire paraître des articles ou des tribunes, avant publication.

Le Service national de sécurité confisque occasionnellement tous les numéros imprimés d’un journal, mesure plaçant la publication dans une situation très difficile sur le plan commercial.

Six numéros du quotidien national al Jareeda [le Journal] ont par exemple été saisis depuis le début du mois d’avril ; le quotidien indépendant al Tayyar [le Courant] a subi le même sort le 8 mai.

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