Communiqué de presse

Pakistan. Les autorités suspendent une chaîne de télévision et tentent de plus en plus de contrôler la liberté d’expression

La suspension, motivée par des considérations politiques, d’une chaîne de télévision pakistanaise ayant critiqué le gouvernement constitue une violation du droit à la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International.

Lundi 20 octobre, l’Autorité pakistanaise de régulation des médias (PEMRA) a suspendu les émissions de la chaîne privée ARY TV pour 15 jours. Cette dernière est accusée d’avoir « calomnié » la justice du pays après avoir diffusé une interview d’un homme faisant actuellement l’objet d’un procès très médiatisé devant la haute cour de Lahore.

« ARY TV doit être immédiatement autorisée à reprendre l’antenne. Absolument rien ne justifie que les autorités pakistanaises réduisent au silence certains médias en raison de leurs seules tendances politiques, a déclaré Mustafa Qadri, chercheur sur le Pakistan à Amnesty International.

«  L’interdiction d’ARY rappelle brusquement la menace des poursuites pénales reposant sur des dispositions législatives à la définition trop large relatives à l’outrage à la Cour et l’hostilité à l’État. Au Pakistan, les journalistes sont attaqués de toutes parts. Ils sont harcelés et parfois même enlevés et tués pour avoir fait leur travail.  »

Cette décision et ce procès s’inscrivent dans le contexte d’une querelle politique de plus en plus violente entre le gouvernement élu, l’armée et certains groupes politiques d’opposition.

En juin, la PEMRA a suspendu Geo TV, l’une des principales chaînes de télévision du pays et le premier concurrent d’ARY, pendant 15 jours – sous la pression de l’armée, semble-t-il – après que cette chaîne a accusé un haut responsable des services de renseignement d’avoir orchestré la tentative d’assassinat d’un de ses journalistes.

Bien que Geo TV ait maintenant repris ses émissions, sa diffusion a été fortement réduite. De nombreux membres de son personnel se sont plaints de harcèlement et d’attaques émanant de personnes non identifiées, qu’ils pensent être des agents des forces de sécurité et des citoyens mécontents de son attitude, perçue comme hostile à l’armée.

«  Le journalisme est une profession incroyablement dangereuse au Pakistan. Au lieu d’essayer de contrôler ce que disent les journalistes, les autorités pakistanaises devraient prendre davantage de mesures pour les protéger afin qu’ils puissent faire leur travail légitime », a déclaré Mustafa Qadri.

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