Communiqué de presse

Paraguay. Violée et enceinte, une fillette de 10 ans doit obtenir l’autorisation d’avorter

Le temps presse et les autorités paraguayennes n’ont toujours pas autorisé une fillette de 10 ans, enceinte après avoir été violée, à avoir accès à toutes les options médicales, y compris à un avortement pratiqué en toute sécurité, ont déclaré Amnesty International et un groupe d’organisations nationales et internationales de défense des droits humains vendredi 8 mai 2015.

« Le monde a les yeux tournés vers le Paraguay. Nous demandons aux autorités de faire preuve d’humanité et de respecter la dignité et les souhaits de cette fillette et de sa mère. Ne pas le faire reviendrait clairement à bafouer le droit international relatif aux droits humains et les droits de cette fillette », a déclaré Guadalupe Marengo, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International. Plus de 150 000 membres et sympathisants d’Amnesty dans le monde ont signé une pétition pour demander que cette fillette ait accès à toutes les options médicales.

Il y a quelques jours, un comité interdisciplinaire a été mis sur pied, par décision judiciaire, afin d’évaluer la situation de la fillette.

« Il est important que ce comité effectue une évaluation globale et garantisse le plein respect des droits humains de cette fillette. Il doit prendre en compte tous les dangers physiques et psychologiques de cette grossesse à haut risque, à court, moyen et long terme. Il s’agit d’une fillette qui a déjà subi, pendant longtemps, le profond traumatisme du viol et des violences sexuelles. Toutes les options, y compris l’avortement, doivent être envisagées afin de prévenir de nouvelles souffrances », a déclaré Guadalupe Marengo.

Plus de deux semaines se sont écoulées depuis que l’on a découvert que la fillette de 10 ans était tombée enceinte, après avoir été violée par son beau-père. Sa mère a demandé aux médecins de mettre un terme à sa grossesse, mais sa requête est restée sans réponse. La fillette a été envoyée dans une clinique pour jeunes filles enceintes.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une grossesse chez une adolescente représente un danger particulier, et en Amérique latine, le risque de mortalité maternelle est quatre fois plus élevé parmi les adolescentes âgées de moins de 16 ans que parmi les femmes âgées de 20 à 30 ans.

« Il est difficile de comprendre un tel acharnement pour obliger une fillette, qui a déjà subi des viols, à mener à terme cette grossesse à haut risque. Les conséquences physiques et psychologiques seront probablement dévastatrices et s’apparentent à de la torture », a déclaré Guadalupe Marengo.

Au Paraguay, l’avortement n’est autorisé que lorsque la vie de la femme ou de la jeune fille enceinte est en grave danger.

Depuis le mois de janvier, cette fillette de 10 ans s’est rendue dans différents centres médicaux, se plaignant de douleurs à l’estomac, mais sa grossesse est passée inaperçue.

En outre, en 2014, sa mère avait porté plainte au sujet des sévices sexuels subis par sa fille, mais le procureur n’a pas mené d’enquête ni ordonné de mesures de protection, considérant qu’elle n’était pas en danger. Une enquête sur les abus infligés par son beau-père n’a été ouverte que lorsque sa grossesse a été découverte. Son beau-père a pris la fuite pour se soustraire à la justice.

La mère de la fillette se trouve aujourd’hui en prison, accusée d’avoir manqué à son devoir de protection et d’être complice des abus commis. D’après les organisations de défense des droits humains, elle est dans un état de grande vulnérabilité et sa détention pourrait être arbitraire.

« Dans une société pluraliste comme le Paraguay, beaucoup reconnaissent le caractère moral de l’avortement et adhèrent à des politiques publiques qui défendent le droit des femmes de décider des questions liées à leur santé en matière de procréation. Avec des catholiques du monde entier, nous demandons aux autorités du Paraguay de protéger la santé des fillettes dans le pays », a déclaré Jon O’Brien, président de Catholics for Choice.

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