Communiqué de presse

Ukraine orientale. Des civils meurent et d’autres sont en grave danger tandis que les combats s’intensifient

« L’intensification des hostilités en Ukraine orientale depuis dimanche 18 janvier s’est soldée par la mort de nombreux civils, parmi lesquels des enfants, et beaucoup d’autres vies sont gravement menacées », a déclaré Amnesty International en demandant de nouveau aux deux camps de protéger les civils dans le cadre des combats.

« L’utilisation par les séparatistes pro-russes de zones densément peuplées à Donetsk et Horlivka comme bases pour lancer leurs attaques, et les ripostes des forces pro-Kiev mettent des vies civiles en grand danger »
, a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Les forces séparatistes pro-russes doivent cesser d’utiliser des zones fortement peuplées pour leurs opérations militaires, et les forces contrôlées par Kiev ne doivent pas lancer d’attaques aveugles exposant les civils au danger. Ce sont là des atteintes aux lois de la guerre, que des civils paient de leur vie. »

Dimanche 18 juillet, les forces armées ukrainiennes ont reçu l’ordre d’ouvrir le feu de façon nourrie sur les positions des séparatistes pro-russes en Ukraine orientale, dans l’objectif de reprendre le contrôle total de l’aéroport de Donetsk et des zones alentours, que les deux camps se disputent. Cela faisait suite à un ultimatum que leur avaient adressé les forces pro-russes, leur ordonnant de quitter l’aéroport, et à la vaste offensive que celles-ci ont lancé ultérieurement contre les forces ukrainiennes sur place.

Des vidéos publiées sur Internet par des utilisateurs depuis Donetsk montrent les forces séparatistes effectuer, le matin du 18 janvier, des tirs à l’aide de lance-roquettes multiples de type Grad installés dans des zones résidentielles dans la ville.

Des résidents de la ville d’Horlivka, contrôlée par les séparatistes pro-russes, ont parlé à Amnesty International de cas similaires où des roquettes avaient été lancées depuis le centre-ville. Peu après un de ces épisodes, le 18 janvier, les forces pro-Kiev ont riposté par des tirs d’artillerie, tuant au moins deux civils.

Selon un haut responsable local, deux frères âgés de sept et 16 ans sont morts le 18 janvier après que leur maison a été touchée directement à Vuhlehirsk, une ville à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Donetsk, qui est contrôlée par les forces pro-Kiev. Une fillette de huit ans a été blessée lors de la même attaque et a dû être amputée d’une jambe à l’hôpital.

Trois personnes, dont un homme et son fils, un adolescent, sont morts le matin du 19 janvier à Debaltseve, un pôle ferroviaire important contrôlé par les forces ukrainiennes, après un pilonnage effectué par les forces séparatistes pro-russes. Dix autres personnes ont été blessées dans cette attaque.

L’intensification des combats survient après une frappe d’artillerie ayant touché un bus, tuant 12 civils et blessant 16 autres personnes près de Volnovakha le 13 janvier.

« La tragédie de Volnovakha est un rappel sinistre du prix que paient les civils lorsque les règles du droit international humanitaire sont bafouées lors d’opérations militaires. Si les éléments disponibles portent à croire que les séparatistes ont lancé la roquette qui a tué les passagers du bus à Volnovakha, aucun des deux camps ne prend les mesures qui s’imposent pour protéger les civils, ce qui se traduit par de nouveaux homicides, encore et encore », a déclaré Denis Krivosheev.

L’utilisation de zones peuplées pour la mise en œuvre d’opérations militaires, et le recours à des armes explosives manquant de précision dans des quartiers civils reproduisent des pratiques observées par Amnesty International lors de missions de recherche effectuées en Ukraine orientale en septembre, octobre et décembre 2014.

Amnesty International réitère son appel en faveur de l’ouverture, de toute urgence, d’une enquête sur tous les cas d’homicides de civils car ils pourraient constituer des violations du droit international humanitaire. Le droit international humanitaire interdit les attaques visant les civils et les structures civiles, ainsi que les attaques ne pouvant être dirigées vers un objectif militaire spécifique situé dans une zone civile. Les deux camps ont violé cette interdiction en utilisant dans des zones densément peuplées des mortiers et des roquettes non téléguidés qui ne permettent pas de viser une cible avec précision.

En installant des soldats, des armes et d’autres cibles militaires dans des zones résidentielles, les forces gouvernementales comme séparatistes ont manqué à leur devoir consistant à prendre toutes les précautions possibles pour protéger les civils, et les ont mis en danger, en violation des lois de la guerre.

Un cessez-le-feu de pure forme a été conclu en Ukraine orientale en septembre 2014, mais plus de 1 400 personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées depuis lors, les deux camps se livrant à un nombre croissant d’attaques en représailles. En tout, près de 5 000 personnes sont mortes depuis que le conflit a éclaté l’an dernier.

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