L’exposition interdite

Qui a peur des défenseurs des droits humains colombiens à la Commission européenne ?

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Mercredi 18 octobre la Fédération Internationale des Comités Ingrid Betancourt (FICIB) inaugurera dans les bâtiments de la Commission Européenne (bâtiment Charlemagne) une exposition internationale. Au-delà du cas devenu emblématique d’Ingrid Betancourt, cette exposition visait à alerter l’opinion publique et le monde politique sur la situation des personnes séquestrées en Colombie et voulait proposer au spectateur une vision globale de la crise des droits humains en Colombie. Cette crise est profonde, et ne se limite pas à la seule question, bien sûr dramatique, des personnes séquestrées. Amnesty International-Belgique Francophone a ainsi prêté sa collaboration à cette exposition, avec un panneau consacré aux défenseurs des droits humains en Colombie. Des défenseurs menacés, harcelés, bâillonnés, enlevés ou assassinés et qui ont souvent les plus grandes difficultés à accomplir tout simplement leur travail.

Pourtant, le panneau consacré aux défenseurs des droits humains ne sera pas montré dans les locaux de la Commission Européenne. Il a été censuré, comme 4 autres panneaux, consacrés notamment :
 aux paramilitaires d’extrême droite responsables de 70 % des violations des droits humains
 aux 3 millions de personnes déplacées dans le pays,
 aux 8 000 disparus, arrêtés pour beaucoup d’entre eux par la police, l’armée ou les groupes paramilitaires : syndicalistes, dirigeants paysans, représentants de mouvements sociaux ou politiques... .

Y aurait -il pour la Commission européenne de bonnes et de mauvaises victimes des violations des droits humains ? Celles que l’on peut mettre en avant car elles ne déplaisent pas aux autorités en place, et celles qui "fâchent" car elles ont le mauvais goût de s’exprimer ouvertement contre les politiques du gouvernement ou de donner "une mauvaise image" d’un pays à l’étranger ?


On est tenté de le croire lorsque le motif invoqué par les services de la Commission est la nécessité « de ne pas choquer les représentants diplomatiques présents au vernissage », ou d’adopter, dans la perspective d’éventuels progrès dans la voie d’une solution humanitaire pour certaines personnes séquestrées, « une attitude constructive ».

Amnesty International Belgique Francophone dénonce avec fermeté la censure dont sont victimes ces 4 panneaux de l’exposition de la FICIB. Elle rappelle que la grave crise des droits humains en Colombie puise ses racines notamment dans l’impunité dont jouit encore la quasi-totalité des responsables des violations des droits humains dans ce pays. Celle-ci a fait l’objet de nombreux rapports et recommandations répétées de la Commission des droits de l’homme des Nations unies que le gouvernement colombien n’a pas jusqu’à présent traduit dans la pratique.

Tenter de distinguer, comme l’a fait la Commission, les violations des droits humains qu’il est légitime de dénoncer, de celles qu’il faut taire, est inacceptable. Et un mauvais service rendu à la justice, à la paix, et à l’état de droit en Colombie.

Aussi, Amnesty International, en collaboration avec la Fédération Internationale des Comités Ingrid Betancourt, a décidé de rendre accessible au grand public cette exposition, dans sa version non-expurgée, via un site web voir ici

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