Action en faveur des avocats et défenseurs des droits humains

Ce vendredi 8 juillet, un an après que les autorités chinoises aient lancé une vague de répression sans précédent à l’encontre des avocats spécialistes des droits humains et des défenseurs des droits humains, des militants d’Amnesty International portant des toges d’avocats ont remis symboliquement à un panda devant l’ambassade de Chine à Bruxelles près de 10 500 signatures réclamant la fin de ces persécutions. Cette action fait suite au refus de la part de l’ambassade de recevoir des représentants de l’organisation, malgré leurs demandes répétées.

Il faut que les autorités chinoises cessent de s’en prendre aux avocats spécialistes des droits humains et aux défenseurs des droits humains comme elles le font depuis bientôt un an dans le cadre d’une répression sans précédent, a déclaré Amnesty International.

En effet, au moins 248 avocats spécialistes des droits humains et défenseurs des droits humains ont été pris pour cible au cours de la vague de répression nationale qui a débuté le 9 juillet 2015. Un an plus tard, 18 sont toujours derrière les barreaux et, parmi eux, neuf sont inculpés de « subversion du pouvoir de l’État » et passibles de la réclusion à perpétuité.

«  Les avocats spécialistes des droits humains ont subi les foudres de la machine de répression secrète des autorités chinoises. Il faut que les avocats détenus soient libérés et que le régime cesse de s’attaquer systématiquement aux personnes qui défendent les droits de la population chinoise, a déclaré Roseann Rife, directrice des recherches sur l’Asie de l’Est à Amnesty International.

« Le président Xi Jinping a l’audace d’affirmer que l’État fait respecter la primauté du droit alors que c’est précisément pour cette raison que des avocats encourent la réclusion à perpétuité. »

Les pouvoirs publics utilisent tout un arsenal de mesures répressives pour tenter de réduire les avocats au silence. La plupart des personnes arrêtées dans le cadre de la vague de répression actuelle ont été privées de représentant juridique et de contacts avec leur famille, ce qui constitue une violation manifeste de leurs droits.

Les avocats et militants portés disparus – parmi lesquels figure l’éminente avocate pékinoise Wang Yu, dont la disparition a marqué le début de la répression – ont été placés en « résidence surveillée dans un lieu désigné ». Cette forme de détention secrète permet à la police de maintenir des personnes hors du système de détention officiel sur une période pouvant aller jusqu’à six mois, pendant laquelle elles sont coupées du monde extérieur et risquent davantage de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements.

Par ailleurs, les autorités ont lancé rapidement une campagne de propagande dans les médias publics, accusant le cabinet juridique Fengrui de Pékin, qui a travaillé sur de nombreuses affaires sensibles, d’être au centre d’un « vaste réseau criminel ». Quatre avocats du cabinet, notamment Wang Yu, sont toujours détenus pour des motifs liés à la sûreté de l’État.

Bao Longjun, époux et confrère de Wang Yu, encourt 15 ans de réclusion pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ». Leur fils adolescent, Bao Zhuoxuan, fait l’objet d’une étroite surveillance policière depuis qu’il a été interpellé de l’autre côté de la frontière avec le Myanmar, en octobre 2015. S’étant vu empêcher d’étudier à l’étranger, il avait tenté de quitter la Chine. De toute évidence, les autorités se servent des familles des personnes arrêtées comme d’un moyen de pression, ce qui constitue une violation manifeste du droit international.

« Les droits humains connaissent actuellement des jours sombres en Chine. Les autorités ont recours à tous les subterfuges et mesures répressives possibles pour anéantir un groupe d’avocats respecté, qu’elles considèrent apparemment comme une menace pour le Parti communiste, a déclaré Roseann Rife.

«  Les avocats jouent un rôle crucial dans la protection des droits humains et de la primauté du droit, il faut donc que les autorités cessent de les arrêter par dizaines et d’utiliser abusivement les lois relatives à la sûreté de l’État à leur encontre. »

La répression visant les avocats spécialistes des droits humains participe d’une action délibérée des autorités chinoises pour bâillonner la société civile. Des projets de loi et des textes juridiques récents confèrent à celles-ci le pouvoir de prendre pour cible, sans aucun contrôle, des personnes et des organisations qu’elles perçoivent comme des détracteurs du régime et de ses politiques.

Ainsi, une nouvelle loi antiterroriste adoptée en décembre 2015 ne prévoit pratiquement aucune garantie pour empêcher que des personnes pratiquant leur religion ou critiquant une politique gouvernementale ne soient poursuivies pour des infractions liées au « terrorisme » ou à l’« extrémisme ». Par ailleurs, une nouvelle loi relative aux organisations non gouvernementales (ONG) étrangères restreindra de façon draconienne les activités légitimes de ces groupes et, à terme, étouffera la société civile.

Complément d’information

La répression visant les avocats a débuté le 9 juillet 2015 en tout début de journée, lorsque l’éminente avocate pékinoise Wang Yu a disparu après avoir envoyé des messages affolés sur le téléphone de plusieurs amis. Dans ces messages, elle indiquait que la connexion Internet et l’électricité avaient été coupées à son domicile et que des individus tentaient d’entrer par effraction.

Les jours suivants, des centaines d’avocats et de militants de tout le pays ont été pris pour cible ; des dizaines d’entre eux ont été emmenés par la police. Ils avaient tous aidé des victimes de violations des droits humains en Chine et représenté ces personnes en justice.

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