Des personnes meurent sous l’inaction des autorités turques

Les autorités turques ignorent les appels désespérés de plus de 20 résidents blessés, réfugiés depuis six jours dans le sous-sol d’un bâtiment visé par des tirs et des bombardements intensifs, dans la ville de Cizre (sud-est du pays), a déclaré Amnesty International.

« La situation est très grave : des blessés, dont certains perdent semble-t-il beaucoup de sang, risquent fort de mourir s’ils ne bénéficient pas de soins médicaux en urgence », a déclaré Andrew Gardner, spécialiste de la Turquie à Amnesty International.

Quelque 23 personnes sont coincées dans le sous-sol d’un immeuble de la ville de Cizre (province de ??rnak), où elles ont trouvé refuge le 23 janvier sur fond de combats entre l’armée et des individus armés affiliés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Amnesty International a parlé à une des personnes se trouvant dans ce sous-sol, qui a déclaré que quatre de ses compagnons étaient déjà morts et que 12 autres étaient grièvement blessés, tandis que le bâtiment continuait à être atteint par des obus. Les communications sont désormais coupées, mais on estime que six personnes sont décédées.

L’immeuble en question est situé à quelques centaines de mètres à peine d’un établissement médical. Les autorités turques affirment cependant qu’il est dangereux d’envoyer des ambulances dans cette zone, qui est soumise à un couvre-feu en vigueur jour et nuit.

« Des vies sont en jeu et il est inconcevable que les autorités n’arrivent pas à trouver de solution. Quelles que soient les circonstances dans lesquelles ces hommes ont été blessés, ils ont le droit de recevoir des soins médicaux qui pourraient leur sauver la vie, et l’État devrait faciliter leur accès à ces soins, pas les en priver », a déclaré Andrew Gardner.

Selon l’avocat représentant les personnes blessées, il leur est impossible de quitter l’immeuble, en raison des bombardements effectués par les forces de sécurité.

Une requête a été déposée devant la Cour européenne des droits de l’homme le 23 janvier au nom des blessés, dans le but d’obtenir une mesure provisoire obligeant les autorités turques à faire tout leur possible pour leur fournir des soins médicaux d’urgence. Le 26 janvier, la Cour a exhorté le gouvernement à prendre les mesures qui s’imposent pour préserver la vie de ces personnes, tout en sollicitant des informations complémentaires et en demandant qu’une demande soit déposée auprès de la Cour constitutionnelle turque. La Cour constitutionnelle n’a pas encore rendu de décision.

Des couvre-feux ont été imposés nuit et jour à travers des quartiers kurdes de l’est et du sud-est de la Turquie, après l’effondrement du processus de paix entre le gouvernement et le PKK en juillet 2015.

Plus de 150 résidents auraient été tués dans des zones faisant l’objet d’un couvre-feu, tandis que les forces gouvernementales continuent à affronter des personnes armées affiliées au PKK. Les morts incluent des femmes, des jeunes enfants et des personnes âgées.

La ville de Cizre est soumise à un couvre-feu permanent depuis le 14 décembre, et les résidents ont signalé l’interruption de services essentiels, notamment des coupures d’eau et d’électricité.

« Le refus des autorités turques de garantir l’accès à des soins médicaux est indéfendable. S’il est parfaitement légitime qu’elles prennent des mesures afin de maintenir la sécurité et d’arrêter des suspects, cette opération dénote un indifférence cruelle à l’égard de la vie humaine », a déclaré Andrew Gardner.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit