Des défenseurs des droits humains attaqués

L’attaque violente visant les défenseurs des droits humains et les journalistes dans la République de l’Ingouchie (Fédération de Russie) illustre une nouvelle fois le manque de détermination des autorités à protéger ceux qui œuvrent à garantir le respect des droits fondamentaux, a déclaré Amnesty International le 10 mars 2016.

Des défenseurs des droits humains du Groupe commun mobile (JMG), dans le Caucase du Nord russe, ainsi que des journalistes de médias russes, suédois et norvégiens, ont été frappés et leur véhicule incendié dans la soirée du mercredi 9 mars.

«  Il s’agit de la dernière et de la plus violente d’une série d’attaques visant le Groupe commun mobile et les journalistes du Caucase du Nord. Ces attaques n’ont pour l’heure pas fait l’objet de poursuites, mais seulement de condamnations verbales, a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

«  C’est l’occasion pour les autorités de montrer qu’elles peuvent traduire leurs discours en actes, en déférant à la justice les auteurs de ce crime, mais aussi ses commanditaires présumés.  »

Aux termes de la loi russe, des dispositions précises sanctionnent toute personne reconnue coupable d’avoir fait usage de violence ou détruit des biens en vue d’entraver le travail des journalistes. Cependant, ces dispositions ne s’appliquent pas à cette attaque, qui fait l’objet d’une enquête pour simple « houliganisme » – ce qui fait écho aux propos du porte-parole du président russe, Dimitri Peskov, qui a parlé de « houliganisme absolu  ».

Les journalistes et les défenseurs des droits humains ont été agressés alors qu’ils circulaient à proximité de la frontière administrative entre l’Ingouchie et leur destination, près de la Tchétchénie.

Un groupe d’une vingtaine d’hommes masqués, se déplaçant à bord de quatre voitures, a intercepté leur minibus. Ils ont agressé physiquement les journalistes et les défenseurs des droits humains, les ont tirés hors du minibus et les ont frappés. Huit personnes ont été blessées et ont dû être conduites à l’hôpital pour y recevoir des soins.

Les agresseurs, armés de matraques, ont enjoint au groupe – ces « terroristes » et « défenseurs de terroristes » – de ne jamais entrer en Tchétchénie. Ils ont également fracassé le minibus avant d’y mettre le feu, détruisant les équipements et les affaires laissés à l’intérieur.

Environ une heure plus tard, le bureau du Groupe commun mobile en Ingouchie a été saccagé par au moins cinq hommes armés et masqués, ce qui laisse supposer que les deux attaques étaient coordonnées. Sur l’enregistrement d’une caméra de surveillance, on peut voir les hommes fracasser une porte et entrer par effraction sur les lieux. Aucun membre du Groupe commun mobile n’était présent dans le bâtiment à ce moment-là.

COMPLÉMENT D’INFORMATION

Le Groupe commun mobile a été fondé en 2009, après l’assassinat de la défenseure tchétchène des droits humains Natalia Estemirova. Il enquête sur les violations commises notamment par les responsables tchétchènes.

Son fondateur, Igor Kaliapine, affirme que le groupe et ses membres sont régulièrement présentés dans la presse tchétchène comme des « ennemis de l’État », des « terroristes » et des agents à la solde des services de sécurité de l’Occident.

En février, trois journalistes russes ont été illégalement détenus par des policiers dans la capitale tchétchène, Grozny. Ils ont été relâchés par la suite, mais leur équipement a été saisi et leur matériel photo détruit. Quelques jours plus tard, un membre du personnel du Groupe commun mobile a échappé de peu à un enlèvement par des policiers tchétchènes, en alertant ses collègues.

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