Algérie. La Journée nationale de la presse entachée par la fermeture d’une chaîne de télévision

Le gouvernement algérien doit mettre fin à sa campagne de censure contre les médias de diffusion privés s’il veut respecter les engagements qu’il a pris de protéger et renforcer les libertés des médias dans le pays, a déclaré Amnesty International alors que l’Algérie célèbre sa Journée nationale de la presse le 22 octobre.

La semaine dernière, à Alger, la capitale du pays, la police a effectué une descente dans les studios d’El Watan TV et fermé cette chaîne, confisqué son matériel et fait sortir le personnel de ses locaux, après qu’elle eut diffusé une interview d’un opposant au gouvernement au centre d’une controverse.

En 2014, le gouvernement a adopté des dispositions législatives restrictives en matière d’octroi de l’autorisation de diffuser. En conséquence, de nombreux médias de diffusion sans statut juridique mènent leurs activités sous la menace constante de la censure.

« La fermeture par le gouvernement de plusieurs chaînes de télévision privées qui ont osé le critiquer, comme El Watan TV, représente un véritable danger pour la survie des médias libres en Algérie, a déclaré Said Boumedouha, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Les autorités doivent autoriser El Watan TV à diffuser à nouveau, de même que les autres chaînes de télévision qui les avaient critiquées et qui ont été fermées. Ces fermetures représentent une attaque majeure contre les médias de diffusion indépendants en Algérie. »

El Watan TV a mis en colère le gouvernement en diffusant une interview de l’ancien dirigeant de la branche armée dissoute du Front islamique du Salut, Madani Mesrag.

Madani Mesrag a critiqué le président Abdelaziz Bouteflika parce que ce dernier a refusé de lui permettre de faire enregistrer un nouveau parti politique, et il a menacé de révéler des informations de nature à susciter des controverses qui porteraient sur le conflit armé interne en Algérie dans les années 1990.

Les autorisations de diffuser sont difficiles à obtenir et des dispositions obligent les médias de diffusion à veiller à ce que le contenu de leurs programmes respecte « les exigences de l’unité nationale, de la sécurité et de la défense nationales », « les intérêts économiques et diplomatiques du pays », « la référence religieuse nationale » (l’Islam), « les valeurs de la société » et « les valeurs nationales et les symboles de l’État ».

Complément d’information

La grande majorité des chaînes privées demeurent sans statut juridique et elles tentent de contourner cet obstacle en diffusant depuis des pays étrangers tels que la Jordanie et Chypre.

Elles sont largement tolérées par le gouvernement, qui exerce une répression sélective contre celles qui diffusent des propos critiques à l’égard des autorités.

En mars 2014, les autorités ont fermé la chaîne privée El Atlas TV, apparemment en représailles parce qu’elle avait couvert des manifestations et des propos critiques en rapport avec l’élection présidentielle d’avril 2014.

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