Communiqué de presse

Bahreïn. La mort d’un jeune détenu blessé par balle à la tête doit donner lieu à une enquête

Les autorités bahreïnites doivent immédiatement enquêter sur la mort en détention d’un garçon de 19 ans blessé par balle à la tête par les forces de sécurité, a déclaré Amnesty International.

« Les autorités bahreïnites doivent faire amende honorable et mener une enquête approfondie et indépendante afin de faire toute la lumière sur le décès de Fadel Abbas. Les responsables de sa mort doivent être amenés à rendre des comptes », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Les informations contradictoires ayant émergé sur les événements qui ont mené à son décès rendent cette enquête encore plus urgente. »

Fadel Abbas a été blessé quand les forces de sécurité ont essayé de les appréhender lui et d’autres personnes tandis que ces derniers allaient rendre visite à un prisonnier récemment libéré, dans le village de Markh.

Le ministère de l’Intérieur a déclaré dimanche 26 janvier que Fadel Abbas avait succombé à ses blessures, après avoir essuyé des tirs le 8 janvier lorsqu’il a foncé « à dessein » sur des membres des forces de sécurité en voiture tandis qu’il essayait de se soustraire à une arrestation pour trafic d’armes et d’explosifs. Le ministère a affirmé que les forces gouvernementales avaient agi en état de légitime défense.

Des défenseurs des droits humains, qui ont publié des photos du corps de Fadel Abbas, ont indiqué qu’il présentait des blessures par balle à la tête et des lésions à la jambe, séquelles d’une altercation violente avec les forces de sécurité.

Par ailleurs, personne n’a annoncé aux proches de Fadel Abbas qu’il avait été arrêté quand ils se sont présentés à la police après que le jeune homme ait disparu.

La mère de Fadel Abbas a dit que la Direction des enquêtes criminelles l’avait contactée le 26 janvier pour l’informer de la mort de son fils. Avant cela, sa famille a déclaré qu’elle n’avait reçu aucune information sur le lieu où il se trouvait ni sur son état de santé, et qu’elle n’avait pas été autorisée à le voir à l’hôpital. Le ministre de l’Intérieur a affirmé que la famille de Fadel Abbas a été autorisée à rendre visite à ce dernier le 13 janvier.

L’homicide de Fadel Abbas a suscité des actions de protestation dans le village de Diraz – à l’ouest de la capitale, Manama –, où ses funérailles ont eu lieu. La police a répandu du gaz lacrymogène et tiré à balles réelles lorsqu’elle s’est heurtée à des manifestants après l’enterrement.

« Ces dernières actions de protestation montrent que les informations diffusées par les autorités continuent à être accueillies avec la plus grande méfiance. Cette suspicion est en grande partie due à la réticence et à l’incapacité honteuse des autorités à lutter contre les violations commises par leurs forces de sécurité jusqu’à présent et à rendre justice aux personnes qui ont perdu la vie », a déclaré Said Boumedouha.

Depuis que des manifestations antigouvernementales ont éclaté à Bahreïn le 14 février 2011, plusieurs policiers subalternes ont été jugés pour les opérations de répression meurtrières ayant visé les manifestants. Ils ont cependant été soit acquittés soit condamnés à des peines sans rapport avec la gravité de leurs actes présumés.

Les autorités n’ont toujours pas mis en œuvre un certain nombre des recommandations clés émises dans le rapport de la Commission indépendante d’enquête de Bahreïn, notamment le fait de mener des enquêtes sur les homicides perpétrés par les forces de sécurité pendant le soulèvement.

Des manifestations en faveur des droits humains et de la réforme politique continuent à avoir lieu régulièrement aux abords de Manama.

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