Calais—Le droit au regroupement familial

La France et le Royaume-Uni doivent de toute urgence identifier les personnes vivant dans les conditions déplorables des camps du Nord de la France dont des membres de leur famille se trouvent outre-Manche afin de permettre le regroupement familial, annonce Amnesty International après une mission récente à Calais et à Dunkerque.

Environ 6500 réfugiés et migrants vivent dans des camps de fortune misérables et chaotiques. Suite à une mission de trois jours, Amnesty International a pu déterminer qu’au au moins une partie de ces personnes, dont des mineurs accompagnés et non-accompagnés, des femmes seules exposées à la violence, à l’exploitation et à la traite, et des victimes de traumatismes, peuvent faire valoir de solides arguments juridiques, que ce soit du point de vue du droit européen ou de la réglementation britannique relative à l’immigration, et ce, en vue de rejoindre leurs familles au Royaume-Uni

« Les autorités françaises et britanniques ne cessent de marteler que personne ne doit passer la Manche. Cependant, notre recherche montre que de nombreux réfugiés et migrants ont le droit d’être réunis avec leur famille au Royaume-Uni, sans devoir essayer de monter sur des trains en mouvement » a déclaré Jean-François Dubost, responsable du programme Personnes déracinées à Amnesty International France.

Un Afghan de 15 ans qui vit dans le camp de Calais en attendant de se réunir avec sa grand-mère et son oncle au Royaume Uni explique : « je ne sais pas si [faire une demande d’asile en France] est possible pour moi. Mais, même si c’est possible de rester en France, je ne veux pas, je veux être avec ma famille. »

Les services d’information et d’aide juridique sont quasiment inexistants à Grande-Synthe, tandis qu’à Calais ils sont insuffisants. Par conséquent, la grande majorité des personnes vivant dans les camps ne sont pas au fait des droits dont elles pourraient bénéficier en France et des choix qui s’offrent à elles.

D’autres personnes ne peuvent profiter des voies d’accès légales car la charge de la preuve de leurs liens familiaux requise par les autorités britanniques et françaises est bien trop lourde, en particulier si les personnes ont dû fuir leur pays et n’ont pas accès à ces documents. Les personnes n’ont donc pas d’autre choix que de payer des trafiquants et de risquer leur vie en traversant la Manche de manière irrégulière, soit en montant dans des camions, soit en tentant la traversée à pieds à travers le tunnel soit en montant à bord de bateaux de fortune.

Une femme irakienne enceinte, vivant dans le camp de Grande-Synthe avec ses frères et sœurs, son mari et sa mère, indique : « Nous n’avons pas vu notre père depuis 7 ans. Nous lui parlons tous les jours. Il essaie de nous faire venir au Royaume-Uni. Un avocat a affirmé à notre père qu’il pouvait faire venir sa femme et ses enfants mineurs, mais personne d’autre. Mais, même cela, va apparemment prendre très longtemps. » Bien que la responsabilité principale d’assurer des conditions de vie correctes, un accès à des informations et à une aide juridiques, incombe aux autorités françaises, le gouvernement britannique ne peut s’affranchir de toute responsabilité.

Steve Symonds, Directeur du Programme Asile à Amnesty International Royaume-Uni a déclaré : «  Les règles en matière de rapprochement familial sont actuellement restreintes à la famille nucléaire, c’est-à-dire les compagnons et les enfants à charge, sauf pour les enfants non-accompagnés qui souhaitent rejoindre leur famille au Royaume Uni. Ces règles doivent être élargies pour inclure la famille au sens plus large. En procédant ainsi, le Royaume Uni partagerait la responsabilité avec la France et les autres pays européens, de la prise en charge de la crise des réfugiés. »

Amnesty International exhorte les deux États à garantir que les réfugiés et les migrants vivant dans les camps ont accès à un accompagnement juridique approprié pour que ceux qui ont des membres de leur famille au Royaume Uni puissent les rejoindre.

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