Communiqué de presse

Colombie. Les candidats à l’élection présidentielle doivent promouvoir les droits humains

Le respect des droits humains et la lutte contre l’impunité doivent être la priorité de tous les candidats à l’élection présidentielle prévue le 25 mai en Colombie, écrit Amnesty International le 30 avril dans une lettre ouverte adressée aux cinq candidats.

« Les droits humains doivent constituer la pierre angulaire de toute plateforme politique, d’autant que des pourparlers de paix ont lieu actuellement entre le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) à la Havane, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

« L’occasion tant attendue de rétablir la paix pourrait se profiler, mais le prochain président de la Colombie ne doit pas sacrifier les droits humains sur l’autel des négociations. Les candidats doivent garder clairement à l’esprit que la justice et le respect des droits fondamentaux sont le socle d’une paix durable.

« Le gouvernement colombien ne garantit pas la protection des civils, qui continuent de subir les pires excès du conflit armé interne. Ce conflit prolongé a détruit la vie de millions de Colombiens et affecte encore celle de beaucoup d’autres au quotidien. »

Les chiffres sont ahurissants. Selon un rapport publié en 2013 par le Centre national de la mémoire historique, qui dépend du gouvernement, on a recensé :
· près de 220 000 homicides liés au conflit, dont 80 % de civils, entre 1958 et 2012 ;
· au moins 25 000 victimes de disparitions forcées entre 1985 et 2012 ;
· près de 27 000 victimes d’enlèvements entre 1970 et 2010 ;
· plus de 5 millions de personnes déplacées de force entre 1985 et 2012.

Pour la seule année 2013, plus de 70 défenseurs des droits humains et au moins 27 syndicalistes ont été tués, selon les chiffres d’organisations colombiennes de défense des droits humains.

Dans sa lettre et dans le cadre de sa campagne, Amnesty International exhorte les candidats à l’élection présidentielle à dévoiler les mesures concrètes qu’ils comptent prendre sur des sujets essentiels en matière de droits humains, notamment :
– La protection de la population civile, notamment des groupes et des communautés les plus exposés aux violations des droits humains :
· les populations indigènes, les communautés d’ascendance africaine, les paysans et les communautés déplacées de force ;
· les défenseurs des droits humains, dont les syndicalistes et les dirigeants communautaires ;
· les femmes exposées au risque de subir des violences liées au conflit.

– La vérité, la justice et des réparations pour les victimes de violations des droits humains :
· des enquêtes menées par les tribunaux civils sur toutes les graves atteintes aux droits humains commises et des poursuites engagées contre toutes les personnes soupçonnées d’être responsables de ces crimes ;
· le véritable démantèlement des groupes paramilitaires et de leurs structures de soutien, et la rupture de tous les liens existant entre ceux-ci et les forces de sécurité ;
· des réparations pour toutes les victimes d’atteintes aux droits humains commises dans le cadre du conflit.

Tout en reconnaissant que la situation des droits humains en Colombie a progressé à certains égards, Amnesty International dépeint dans sa lettre un pays qui continue de subir les conséquences de 50 années de conflit armé interne.

Contrairement à son prédécesseur Álvaro Uribe, le président Juan Manuel Santos a reconnu que la Colombie était toujours le théâtre d’un conflit armé et que les hostilités avaient fait des millions de victimes. Malgré des lacunes, la Loi relative aux victimes et à la restitution de terres adoptée par le gouvernement en 2011 offre enfin une lueur d’espoir à un certain nombre de victimes du conflit.

« Admettre la réalité du conflit armé est une initiative positive, qui reste toutefois largement insuffisante au regard des besoins. Il est grand temps que cessent les menaces, les enlèvements, les déplacements forcés, les disparitions forcées et les homicides commis chaque jour par les forces de sécurité, les groupes paramilitaires et les mouvements de guérilla », a déclaré Erika Guevara-Rosas.

Au cours des dernières années, Amnesty International a dénoncé le soutien apporté par le gouvernement à diverses mesures législatives qui menacent de renforcer une impunité déjà très marquée.

« De telles dispositions pourraient permettre aux responsables présumés d’atteintes aux droits humains d’échapper à la justice et leur faire savoir que l’État continuera de tolérer des atrocités. Le nouveau président colombien devra sans délai veiller à mettre en œuvre des mesures globales et efficaces qui garantissent le droit de tous les citoyens de vivre libres de toute violence, ainsi que le droit de toutes les victimes du conflit à la vérité, à la justice et à des réparations, a déclaré Erika Guevara Rosas.

« Pour avancer vers l’avenir, la Colombie doit faire face à son passé et à son présent. Les candidats à l’élection présidentielle ne doivent pas oublier cette vérité simple et essentielle. »

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