L’interdiction de voyager marque un durcissement de la répression

Le projet du gouvernement malaisien qui consiste à refuser de délivrer un passeport à ceux qui le critiquent, ou de supprimer leur passeport, témoigne une fois de plus d’un climat d’intolérance croissant dans le pays, a déclaré Amnesty International le 18 mai.

Datuk Sakib Kusmi, directeur des services de l’immigration, aurait déclaré que ceux qui critiquent le gouvernement pourraient faire l’objet pendant trois ans d’une interdiction de voyager.

«  Si les personnes qui émettent des critiques font l’objet d’une interdiction de voyager, cela constituera une dangereuse aggravation de la répression persistante exercée par le gouvernement contre les dissidents, a déclaré Josef Benedict, directeur adjoint pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International. Le droit à la liberté d’expression est un droit fondamental que les Malaisiens doivent pouvoir exercer à l’instar de toute autre personne.

«  Au cours des dernières années, le Premier ministre Najib Razak a continué de restreindre la liberté d’expression, en limitant parfois aussi le droit de circuler librement, et a fait arrêter un large éventail de personnes, parmi lesquelles des défenseurs des droits humains, des militants politiques et des représentants de l’opposition. Cela a engendré un climat de peur. Le projet du gouvernement va réduire davantage encore l’espace déjà extrêmement restreint accordé à la société civile.

« Au lieu de respecter sa promesse d’abroger les lois répressives, le gouvernement de Najib Razak a cherché à se doter de pouvoirs encore plus larges afin de réprimer les opinions qui ne lui plaisent pas. Lors des dernières élections en 2013, Najib Razak s’est engagé à débarrasser le pays de la Loi relative à la sédition qui date de l’époque coloniale. Il a non seulement failli à son engagement, mais aussi recouru à cette loi archaïque plus souvent qu’au cours des 50 premières années de son existence. »

Complément d’information

La condamnation de Hishamuddin Rais – ancien prisonnier d’opinion – au titre de la Loi relative à la sédition a été confirmée en appel le 16 mai 2016. Hishamuddin Rais a été condamné à une amende d’un montant de 5 000 ringgits malais (soit environ 1 237 dollars des États-Unis).
Le mois dernier, Haris Ibrahim, avocat et défenseur des droits humains de renom, a été déclaré coupable de sédition à l’issue d’un procès motivé par des considérations politiques. Il a fait appel de la peine de huit mois d’emprisonnement à laquelle il a été condamné.

Pour la seule année 2015, Amnesty International a enregistré 91 cas où la Loi relative à la sédition a été utilisée pour arrêter des personnes, enquêter sur elles et les inculper en violation de leurs droits fondamentaux.
Parmi les personnes qui font l’objet d’une procédure judiciaire en Malaisie figure le caricaturiste politique Zunar, qui est inculpé de neuf chefs de sédition et qui risque d’être condamné à une peine d’emprisonnement en raison de tweets qui critiquaient une décision d’un tribunal fédéral.
Début mai, Nurul Izzah Anwar, militante politique et fille d’Anwar Ibrahim, une figure de l’opposition, a reçu l’interdiction de se rendre à Sarawak, État semi-autonome où des élections allaient se tenir.

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