Libération de six militants : un exemple à suivre

En République démocratique du Congo, la libération de six jeunes militants mardi 26 juillet, à la faveur d’une grâce présidentielle, ne pourra être considérée que comme de la poudre aux yeux à moins que tous les prisonniers d’opinion et les autres personnes détenues uniquement pour avoir exercé de façon pacifique leurs droits humains recouvrent également la liberté, a déclaré Amnesty International mercredi 27 juillet.

Rebecca Kavugho, Serge Sivyavugha, Justin Kambale Mutsongo, Melka Kamundu, John Anipenda et Ghislain Muhiwa, qui avaient été condamnés à six mois de prison pour « incitation à la désobéissance », ont été libérés de la prison de Munzenze alors qu’il leur restait moins d’un mois à purger.

« Le fait que ces six militants aient pu retrouver leurs familles est certes une bonne nouvelle, mais leur libération est intervenue pratiquement à la fin de la peine injuste à laquelle ils avaient été condamnés pour des motifs fallacieux et il n’y a là rien à célébrer. Ils n’auraient jamais dû être emprisonnés », a déclaré Christian Rumu, chargé de campagne au sein d’Amnesty International pour la région des Grands Lacs.

« Pour que cette grâce présidentielle soit considérée comme un signe de bonne volonté, les autorités de la République démocratique du Congo doivent aller plus loin et libérer tous les autres militants arrêtés et détenus de façon arbitraire pour avoir dénoncé les retards dans l’organisation des élections.  »

Les six militants, membres du mouvement de jeunes Lutte pour le changement (LUCHA), avaient été arrêtés le 16 février, alors qu’ils préparaient du matériel pour une grève nationale organisée par l’opposition afin de protester contre les retards dans le calendrier électoral, dont des milieux militants affirment qu’ils sont destinés à maintenir le président Joseph Kabila au pouvoir de manière inconstitutionnelle après la fin de son second mandat.

Les six militants, qui avaient refusé la grâce présidentielle par solidarité envers d’autres personnes détenues injustement, ont été expulsés de force de la prison.

Selon la Constitution, l’élection présidentielle doit avoir lieu en novembre, mais aucune date n’a encore été fixée. D’autre part, la Constitution interdit à Joseph Kabila de se présenter pour un troisième mandat.

Des dizaines de jeunes militants ont été arrêtés et placés en détention au cours des 16 derniers mois et beaucoup croupissent toujours en prison. Parmi eux se trouvent Fred Bauma et Yves Makwambala, arrêtés les 15 mai 2015 à Goma, et Bienvenu Matumo, Marc Héritier Kambale et Victor Tesongo, arrêtés les 15 et 16 février à Kinshasa.

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