Refus de remettre en liberté un homme victime d’actes de torture et d’une disparition

Le fait que les autorités égyptiennes refusent de remettre en liberté Islam Khalil, qui a été torturé et soumis à une disparition forcée pendant 122 jours, représente un nouveau recul pour les droits humains en Égypte, a déclaré Amnesty International.

Islam Khalil a été transféré le 24 août au poste de police de Second Raml, à Alexandrie, en vue de sa libération, un tribunal ayant ordonné sa remise en liberté contre une caution de 50 000 livres égyptiennes (environ 5 630 USD) le 21 août 2016. Or, au lieu de le remettre en liberté, les policiers l’ont roué de coups jusqu’à ce qu’il perde connaissance, et l’ont accusé de nouvelles infractions, notamment d’avoir agressé physiquement un policier le 24 août.

« Le fait que la police a refusé d’appliquer une décision judiciaire ordonnant la remise en liberté d’Islam Khalil témoigne du mépris affiché par les autorités égyptiennes à l’égard de l’état de droit. Cela montre aussi qu’elles n’ont aucunement l’intention d’inverser une tendance à la multiplication des disparitions forcées, qui s’est traduite par la disparition, aux mains d’agents de l’État, de centaines de personnes pendant des périodes allant jusqu’à sept mois, depuis le début de l’année 2015 », a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Islam Khalil n’aurait pour commencer jamais dû être placé en détention, mais au lieu de le remettre immédiatement en liberté, les forces de sécurité gouvernementales ont forgé de toutes pièces de nouvelles accusations contre lui et l’ont violemment frappé, et blessé. Son cas montre bien qu’il est absolument essentiel que les autorités égyptiennes éradiquent le recours à la disparition forcée, à la torture et à toutes les autres formes de mauvais traitements. Elles doivent remettre d’urgence en liberté Islam Khalil, diligenter une enquête sur ses allégations de torture et d’autres mauvais traitements, et déférer les responsables à la justice. »

Manifestement, les autorités égyptiennes refusent de remettre en liberté Islam Khalil à titre de représailles, en raison des actions entreprises aux niveaux national etinternational pour mener campagneen sa faveur. Selon son frère, Islam Khalil a été frappé à coups de tuyaux sur tout le corps, jusqu’à ce qu’il perde connaissance, par des policiers qui l’ont menacé en lui disant : « Tout ce bruit, c’est pour faire pression et obtenir ta libération ? Nous ne te libérerons qu’une fois que tu seras mort. » Il a subi des blessures au visage, sur les mains et sur la tête. Il est actuellement maintenu en détention à l’isolement, dans l’attente d’un interrogatoire devant un procureur, et il a été privé d’accès à un avocat et de contacts avec sa famille.

Islam Khalil a été soumis à une disparition forcée pendant 122 jours en 2015 après avoir été enlevé, en même temps que son frère et son père, à son domicile par des agents de l’Agence de sécurité nationale égyptienne. Il a été maintenu en détention à l’isolement, les yeux bandés et les poignets menottés, et a été frappé, soumis à des décharges électriques et suspendu par les poignets et les chevilles pendant plusieurs heures d’affilée. On ne lui a pas permis d’être examiné par un médecin ni de consulter un avocat, et il a été privé de contacts avec sa famille.

Dans unrapport détaillé rendu public en juillet 2016, Amnesty International indique que des centaines de personnes ont été soumises à une disparition forcée depuis le début de l’année 2015, et souligne que les disparitions forcées sont devenues en Égypte « une politique d’État ».

Le cas d’Islam Khalil a été exposé dans une vidéo d’Amnesty International diffusée en même temps que le rapport.

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