Répression de l’opposition

Le gouvernement ougandais continue de porter atteinte aux droits fondamentaux de plusieurs dirigeants du Forum pour le changement démocratique (FDC) et de compromettre la capacité de ce parti d’opposition à contester devant la justice le résultat de l’élection du 18 février, a déclaré Amnesty International dans une déclaration, tandis que se rapproche la limite des 10 jours pour déposer un recours contre ce résultat.

Les forces de sécurité ont arrêté à plusieurs reprises Kizza Besigye, un candidat à l’élection présidentielle qui s’estime lésé, et certains des cadres et des sympathisants de son parti. Elles ont également encerclé le domicile de cet homme et effectué une perquisition dans les locaux principaux du parti à Kampala, la capitale ougandaise.

« La loi autorise le FDC à contester l’issue de l’élection et il doit pouvoir le faire  », a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs.

« Il est inacceptable que le gouvernement empêche un parti dûment enregistré d’utiliser le seul recours légal à sa disposition pour remettre en cause l’issue du vote. »

Depuis l’annonce des résultats, Kizza Besigye a été détenu sans inculpation dans des postes de police et à son domicile de Kasangati, près de Kampala.
Sa première arrestation après le scrutin a eu lieu le 22 février, alors qu’il partait de chez lui. Il avait laissé entendre, la veille, dans une déclaration télévisée, qu’il comptait déposer un recours devant la Cour suprême contre le résultat de l’élection.

« Ces arrestations arbitraires sont une atteinte au droit de Kizza Besigye de circuler librement, et reflètent clairement le climat d’impunité et le mépris envers les principes du droit qui règnent en Ouganda », a affirmé Sarah Jackson.

« Le gouvernement doit respecter sa propre Constitution et l’appliquer pleinement ; il doit également honorer l’obligation qui lui incombe, au titre du droit international, de protéger les droits fondamentaux de chaque Ougandais, y compris le droit de circuler librement, le droit à la liberté d’expression et le droit à la liberté de réunion pacifique. »

Complément d’information

Le 20 février, la commission électorale a déclaré le président sortant Yoweri Museveni vainqueur de l’élection présidentielle avec 60,75 % des voix, contre 35,37 % pour Kizza Besigye. Ce dernier a estimé qu’il y avait eu fraude.
Le scrutin s’est tenu alors que les sites des médias sociaux avaient été rendus inaccessibles sur ordre du gouvernement, ce qui « entravait indûment la liberté d’expression et l’accès à l’information », selon des observateurs électoraux de l’Union européenne.

D’après la police, les arrestations incessantes visant Kizza Besigye étaient des « arrestations préventives » à la suite de « déclarations et d’activités équivalant à une incitation à la violence et au mépris des lois ». Amnesty International a analysé l’intervention télévisée de Kizza Besigye et estime qu’elle ne contenait aucune incitation à la violence.

Le siège du FDC a fait l’objet d’une perquisition de la police le 19 février, alors que le processus électoral était en cours dans certaines zones de Kampala. Des témoins ont expliqué à Amnesty International que des policiers auraient lancé des bombes lacrymogènes au milieu de groupes qui s’étaient rassemblés sur place.

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