Prix Martin Ennals 2016 : voici les trois finalistes

Ce prix vient récompenser des défenseurs des droits humains faisant preuve d’un engagement profond et de courage, au prix de risques personnels considérables. Les lauréats sont choisis par la communauté internationale des droits humains (voir la composition du jury ci-après). Le but de cette distinction est de mettre leur travail en avant et de les protéger en accroissant leur visibilité.

Le collectif Zone 9
La prison de Kality, en Éthiopie, où sont enfermés de nombreux journalistes et prisonniers politiques, compte huit zones. Les membres du collectif Zone 9 ont choisi ce nom comme un symbole représentant l’Éthiopie tout entière, où les libertés politiques sont sévèrement limitées. Ils écrivent des billets d’opinion et des articles de fond sur des questions ayant trait à la Constitution, à l’économie, à l’éducation ou encore à la culture. Ils dénoncent des atteintes aux droits humains et des violations de la législation commises par l’État ou par des acteurs non étatiques. En outre, ils apportent un éclairage sur la situation des prisonniers politiques dans le pays. Deux semaines après sa création, leur blog a été bloqué. Deux ans plus tard, six membres du collectif ont été arrêtés et inculpés de terrorisme. Ils ont depuis été libérés, mais trois membres ont été exilés et ceux qui sont toujours en Éthiopie sont sous le coup d’une interdiction de voyager.

Ils ont déclaré : « Le fait d’être nominés pour le prix Martin Ennals nous emplit d’humilité. Cette distinction nous rend plus visibles, suffisamment pour améliorer notre sécurité, et montre que le monde est le foyer d’une même et grande famille. Elle prouve que lorsqu’une partie du monde est réduite au silence, l’autre partie parle pour elle. Cette distinction va nous motiver pour persévérer dans notre lutte en faveur d’une Éthiopie meilleure, où les droits humains sont respectés. »

Ilham Tohti
Intellectuel ouïghour renommé en Chine, il œuvre depuis 20 ans pour encourager le dialogue et favoriser la compréhension entre Ouïghours et Hans. Il rejette le séparatisme et cherche la réconciliation basée sur le respect de la culture ouïghoure. Il a commencé en 1994 à rédiger des textes sur les problèmes et les violations des droits humains dans le Xinjiang, ce qui l’a conduit à être placé officiellement sous surveillance. Entre 1999 et 2003, il lui a été interdit d’enseigner après qu’il eut publié en ligne des informations sur des Ouïghours qui avaient été arrêtés, tués ou victimes de disparition forcée pendant ou après des manifestations. Ilham Tohti a été arrêté le 15 janvier 2014. Accusé de séparatisme, il a été condamné à la réclusion à perpétuité à l’issue d’un procès qui a duré deux jours.

Sa fille a déclaré : «  Mon père, Ilham Tohti, n’a utilisé qu’une seule arme, dans sa lutte en faveur des droits fondamentaux des Ouïghours du Xinjiang : les mots. Prononcés, écrits, diffusés, publiés. C’est tout ce qu’il a toujours eu à sa disposition, et tout ce dont il a jamais eu besoin. Et c’est ce que la Chine a trouvé si menaçant. Quelqu’un comme lui ne mérite pas de passer un seul jour en prison. »

Razan Zaitouneh
Journaliste, militante et avocate spécialiste des droits humains bien connue en Syrie, Razan Zaitouneh a consacré sa vie à défendre les prisonniers politiques, à recueillir des informations sur les crimes contre l’humanité et à aider les autres à se libérer de l’oppression. Cela lui a valu une interdiction de voyager prononcée en 2002. Lorsque le conflit a éclaté, en 2011, elle a fondé le Centre de documentation des violations, qui rassemble des informations sur le nombre de morts et les mauvais traitements dans les prisons syriennes. Avec le Centre, elle a dressé des listes de personnes détenues, exécutées et disparues. Le 9 décembre 2013, des tireurs au visage masqué ont attaqué les locaux du Centre à Douma, près de Damas, et enlevé Razan, son mari Wael Hamada, et deux de leurs collègues. On ignore toujours où ils se trouvent.

Sa sœur, Rana Zaitouneh, a déclaré : « Malgré son absence, Razan continue de provoquer un impact, de donner à d’autres le courage de se dresser contre leur oppresseur dans la quête pour la liberté. Elle s’est pleinement engagée en faveur d’une société libérée de l’oppression et de la crainte. Et maintenant sa liberté à elle lui a été enlevée. Sa voix a été réduite au silence. Razan a toujours été convaincue que tous les individus sont égaux. Elle était déterminée à faire en sorte que personne ne soit oublié. Je suis résolue à veiller à ce qu’elle non plus ne soit pas oubliée. »

Le prix Martin Ennals sera remis le 11 octobre lors d’une cérémonie qui se déroulera à Genève.

Le principal prix décerné par le mouvement de défense des droits humains Le prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits de l’Homme est le fruit d’une collaboration sans équivalent entre 10 des principales organisations internationales de défense des droits humains ayant pour objectif de protéger les défenseurs de ces droits dans le monde. Le jury est composé des ONG suivantes :

  Amnesty International,
  Human Rights Watch,
  Human Rights First,
  Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH),
  Organisation mondiale contre la torture,

  Front Line Defenders,
  Commission internationale de juristes,
  EWDE Allemagne,
  Service international pour les droits de l’homme,
  Système d’information et de documentation sur les droits humains (HURIDOCS).

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