Communiqué de presse

Visite du Président colombien à Bruxelles sur fond de violations des droits humains

A l’occasion de la visite du président colombien Juan Manuel Santos à Bruxelles ce 4 novembre, Amnesty International attire l’attention sur les violations récurrentes des droits humains en Colombie. Malgré les espoirs suscités par les négociations de paix en cours, Amnesty rappelle que de sérieux défis restent à surmonter pour que la fin de la guerre conduise véritablement à la paix et à la fin des violations des droits humains dans le pays.

Le défi persistant le plus sérieux, et une des causes de la poursuite des violations des droits humains en Colombie, est celui de l’impunité. « Si cette impunité n’est pas battue en brèche, il y a fort à parier que la violence et les violations des droits humains se perpétuent. Les progrès réalisés dans les négociations de paix n’ont d’ailleurs pas empêché les violences », explique Philippe Hensmans, Directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

Plus de 70 défenseurs des droits humains ont ainsi été assassinés en 2013 (dont au moins 27 syndicalistes, d’après l’Ecole Nationale Syndicale, ENS), le Haut-Commissariat des Droits de l’Homme de l’ONU en a enregistré plus de 40 en 2014.

Le programme de protection, dont s’est doté le gouvernement colombien, censé protéger des milliers de personnes exposées, notamment des défenseurs/eures des droits humains, reste nettement insuffisant. « Ce programme restera totalement inefficace tant que les responsables de violations continueront de se sentir à l’abri de la justice. Il est essentiel que le gouvernement mette à disposition des autorités compétentes les moyens nécessaires afin que les menaces que subissent les défenseurs des droits humains puissent faire l’objet d’enquêtes approfondies et qu’une protection effective soit offerte à toutes personnes menacées », explique encore Philippe Hensmans.

Par ailleurs, des exécutions extrajudiciaires perpétrées par les forces armées continuent d’être dénoncées. Malgré leur supposée démobilisation, des groupes paramilitaires continuent de semer la violence et la peur. Dans ce contexte, le maintien de la « justice militaire » dans le jugement de ces crimes - voire l’élargissement de son champ de compétence -, inquiète sérieusement Amnesty International.

Notons enfin que la loi sur les victimes et la restitution des terres, adoptée en 2011, souffre de lacunes importantes qui ralentissent sa mise en œuvre et empêchent son bon fonctionnement alors que les enjeux liés à la propriété de la terre ont toujours été cruciaux en Colombie. Si cette initiative avait suscité de nombreux espoirs en permettant de reconnaître le droit à la vérité, à la justice et à la réparation des victimes de guerre, Amnesty International s’inquiète de l’insuffisance des moyens mis en oeuvre pour les soutenir dans des projets économiques viables et assurer leur sécurité.

« Les paysans qui se battent pour récupérer leurs terres sont victimes de violences, qui ont mené à la mort de 35 d’entre eux depuis l’approbation de cette loi. En août 2014, seuls 650 cas avaient pu être réglés et une minorité des plaignants ont effectivement pu récupérer leur terre » , rappelle Philippe Hensmans.

A la veille de l’arrivée du président Santos à Bruxelles, Amnesty International demande à la Belgique de s’assurer que des mesures efficaces soient mises en oeuvre par le gouvernement colombien pour mettre fin à la violence et au contexte d’impunité. Amnesty International demande que les violations des droits humains et l’impunité soient au centre des négociations de paix et que toutes les attaques et menaces contre des défenseurs des droits humains fassent l’objet d’enquêtes approfondies dont les résultats devront être rendus publiques. Les recommandations de l’ONU allant dans ce sens doivent être pleinement mises en oeuvre et le travail du Haut Commissaire de l’ONU aux droits humains doit être soutenu.

Par ailleurs, le gouvernement de Santos doit renoncer à renforcer la justice militaire et toutes les personnes accusées de violations des droits humains doivent être jugées par des tribunaux civils. Des mesures immédiates devraient également être prises pour rompre les liens entre les groupes paramilitaires et les forces de sécurité, en accord avec les recommandations de l’ONU sur la question.

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