Qu’est-ce que l’Europe peut faire pour accueillir les réfugiés ?

Par Kristin Hulaas Sunde

Les dirigeants européens n’accordent pas aux réfugiés l’accueil et le soutien auxquels ils ont droit. Voici ce qu’Amnesty demande, et ce que vous pouvez faire.

Plusieurs semaines après la vague d’émotion et de manifestations suscitée par la photographie du corps sans vie du petit Aylan Kurdi, retrouvé sur une plage turque, les dirigeants de l’Union européenne (UE) n’ont toujours pas trouvé de solution adéquate à la situation critique des réfugiés et des migrants en Europe.

Jour après jour, un pays après l’autre, l’Europe ferme ses frontières. Des milliers de réfugiés en quête d’un lieu sûr sont accueillis par la police antiémeutes, des gaz lacrymogènes et des matraques, et restent bloqués dans des no man’s land. Même des enfants malades et des personnes infirmes sont contraints de dormir dehors.

Alors que les gouvernements européens se préparent à de nouvelles discussions la semaine du 21 septembre, le plus urgent pour l’Europe est de prendre les choses en main et des mesures concrètes.

Montrez votre solidarité envers les réfugiés en signant cet appel à l’adresse des autorités belges et en arborant un picbadge "Welcome Refugees" sur votre photo de profil Facebook

Depuis le début de l’année, plus de 350 000 personnes, principalement des réfugiés, ont tenté de se rendre en Europe pour se mettre en sécurité. Près de 2 800 sont mortes. D’autres ont été frappées, victimes de violences, forcées à marcher pendant plusieurs jours sous une chaleur écrasante. Celles qui ont fini par atteindre l’Europe n’ont reçu que peu d’aide, voire pas du tout, ne serait-ce même qu’une bouteille d’eau.

Depuis des années, l’Europe érige des murs toujours plus hauts, les équipe de kilomètres de fil barbelé et déploie des milliers de gardes-frontières. Le budget de l’UE consacré à la protection de ses frontières entre 2014 et 2020 s’élève à la modique somme de 2,7 milliards d’euros.

La forteresse Europe force les migrants à emprunter des itinéraires toujours plus dangereux.


[argent]Un homme traverse la frontière qui sépare la Grèce de la Macédoine, le 24 août 2015. © Amnesty International[/argent]

Amnesty demande des itinéraires sûrs et légaux

Nous voulons que les dirigeants européens ouvrent des itinéraires sûrs et légaux pour permettre aux réfugiés de gagner l’UE pour y demander asile sans avoir à traverser la mer à bord d’embarcations surchargées ni à marcher des centaines de kilomètres avec leurs enfants et leurs affaires sur le dos.

Au lieu de remettre toutes leurs économies à des passeurs, les réfugiés pourraient alors utiliser leur argent pour débuter une nouvelle vie en Europe.

Il y a plusieurs choses que les pays peuvent faire pour permettre à ces personnes de trouver refuge en toute sécurité. Voici les solutions qu’Amnesty préconise :

1. La réinstallation

Ce système des Nations unies est conçu pour protéger les réfugiés les plus vulnérables, notamment les victimes de la torture et les personnes qui ont des besoins médicaux urgents. Il permet à ces personnes de se rendre dans un autre pays, habituellement par avion, et de s’y installer pour de bon. On estime qu’à l’échelle mondiale, 1,38 million de personnes auront besoin d’être réinstallées dans les deux prochaines années. Avec une population totale de plus de 500 millions d’habitants, les pays de l’UE sont tout à fait en mesure d’ouvrir leur porte à au moins 300 000 réfugiés d’ici à la fin de l’année 2017.

2. Les visas humanitaires

De nombreux réfugiés n’ont pas tous les documents nécessaires à l’obtention d’un visa. En leur accordant un visa humanitaire, les pays de l’UE peuvent permettre aux réfugiés de voyager de façon sûre et de faire une demande d’asile à leur arrivée.

3. Le regroupement familial

Le regroupement familial permet aux réfugiés se trouvant en dehors de l’Europe de venir retrouver des membres de leur famille déjà présents en Europe. Pourquoi forcer une personne à entreprendre un voyage long et périlleux si celle-ci a de la famille qui est en mesure de l’aider en Europe ?


[argent]Des enfants et des familles espérant demander l’asile en Europe du Nord participent à un rassemblement pour dénoncer le fait qu’ils sont bloqués à la gare de Keleti, à Budapest, en Hongrie, le 3 septembre 2015. © Amnesty International[/argent]

Mettons les choses en perspective

À l’heure actuelle, les pays européens dans lesquels arrivent de nombreux réfugiés, comme la Grèce, ont du mal à faire face à la situation. Des itinéraires sûrs devraient être mis en place pour les réfugiés. Parallèlement, les autres pays de l’UE devraient fournir de l’aide, de la nourriture et des abris aux nouveaux arrivants à bout de force, et leur donner éventuellement les moyens de déposer une demande d’asile dans un autre pays.

Si toutes ces propositions sonnent comme autant de défis difficiles à relever, l’heure est venue de mettre les choses en perspective : La Turquie accueille aujourd’hui plus de 1,9 million de réfugiés venant de Syrie. Le plus grand camp de réfugiés du monde est celui de Dadaab, au Kenya, qui accueille environ 350 000 personnes, principalement originaires de Somalie.

Jusqu’à présent, le nombre total de places de réinstallation offertes aux plus de 4 millions de réfugiés venus de Syrie est de seulement 104 410.

Avec une population de plus de 500 millions d’habitants et un PIB cumulé de 14 000 milliards d’euros, l’Europe peut et doit assumer sa part de responsabilité dans la résolution de la plus grande crise humanitaire de ces dernières années.

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