La population des quartiers sud de Beyrouth et du sud du Liban prise pour cible, a été informée trop peu de temps avant les attaques de l’armée israélienne
La guerre entre Israël et les territoires occupés palestiniens a pris un tournant effroyable. Les massacres horribles et les prises d’otages de civil·es israélien·nes par le Hamas et les autres groupes armés palestiniens au matin du 7 octobre sont du jamais vu jusqu’à maintenant dans ce conflit : on compte près de 1400 morts et près de 200 otages selon les autorités israéliennes. En réponse, l’intensification du blocus de Gaza et des bombardements indiscriminés ont déjà causé plus de 23 000 morts selon le ministère de la santé de la bande de Gaza. Ils font craindre une catastrophe humaine à grande échelle pour la population gazaouie. Aux crimes de guerre des uns, répond les crimes de guerre des autres. Retrouvez sur cette page notre analyse des attaques, le résultat de nos enquêtes sur place et nos recommandations pour que la vie des civil·es soient épargnées et protégées.
- La famille et les amis de May Naim, 24 ans, assassiné par le Hamas ©Amir Levy/Getty
Hamas et groupes armés palestiniens : le mépris flagrant pour la vie humaine
Homicides délibérés de civil·es, enlèvements et attaques aveugles ont laissé la population israélienne dans le deuil et l’horreur. Aux premiers tirs de roquettes aveugles de la part du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens ont fait suite des exécutions sommaires de masse, des prises d’otages filmées en direct et des fusillades à bout portant dans un festival de musique. À chaque fois, un mépris flagrant pour la vie humaine d’Israéliens et d’Israéliennes dont des enfants et des personnes âgées.
Après l’analyse et la vérification de vidéos par notre département technologique, les témoignages recoupés par nos chercheur·ses de plusieurs personnes rescapées et de proches des victimes, nous qualifions ces crimes de crimes de guerre. Nous continuons nos enquêtes pour déterminer toute la gamme des crimes relevant du droit international.
Amnesty International demande que tous·tes les otages soient libéré·es et que celles et ceux responsables de ces crimes rendent des comptes dans le cadre de procès respectant les cadres du droit international.
Les nombreux crimes de guerre dont les autorités israéliennes se sont montrées coupables depuis des décennies déjà n’excusent en rien les actes horribles commis par les groupes armés palestiniens ni ne les dispensent de respecter les principes fondamentaux d’humanité et de protection des civils.
Retrouvez l’ensemble de nos communiqués et rapports sur Israël et les territoires occupés palestiniens
En savoir plusIsraël, Gaza : il faut un cessez le feu immédiat de toutes les parties au conflit
Amnesty International lance un appel urgent à un cessez-le-feu de toutes les parties au conflit dans la bande de Gaza et en Israël afin d’éviter de nouvelles pertes en vies humaines au sein de la population civile et de permettre aux habitants de Gaza de recevoir une aide vitale, sur fond de catastrophe humanitaire sans précédent.
« Confrontés à une crise humanitaire catastrophique, plus de deux millions d’habitant·e·s de la bande de Gaza tentent de survivre, et le nombre de victimes civiles est sans précédent. Plus de 23 000 personnes ont été tuées à Gaza et au moins 1 400 en Israël, et des milliers d’autres ont été blessées. Plus de 200 personnes ont été prises en otage par le Hamas. Toutes les parties au conflit continuent sans relâche de commettre de graves violations du droit international humanitaire, dont des crimes de guerre. », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.
Face à la catastrophe humanitaire sans précédent qui touche la bande de Gaza et s’aggrave de jour en jour, un cessez-le-feu immédiat de toutes parties est indispensable pour permettre aux organisations humanitaires d’acheminer suffisamment d’aide dans ce territoire et de la distribuer en toute sécurité et sans condition. Cela permettrait aussi d’avoir un climat plus propice à la négociation pour la libération des otages détenus à Gaza et de mener des enquêtes internationales indépendantes sur les crimes de guerre perpétrés par toutes les parties au conflit.
La Cour internationale de justice se penche sur le crime de génocide à Gaza
L’Afrique du Sud a déposé une requête affirmant que depuis les attaques menées le 7 octobre 2023 par le Hamas et d’autres groupes armés, les actes d’Israël à l’égard des Palestinien·ne·s de Gaza ont un caractère génocidaire.
La procédure engagée par la Cour internationale de justice (CIJ) pourrait aider à protéger les civil·e·s palestiniens, à mettre fin à la catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza occupée, et à offrir une lueur d’espoir en matière de justice internationale.
« Tandis que les États-Unis continuent d’utiliser leur droit de veto pour empêcher le Conseil de sécurité des Nations unies d’appeler à un cessez-le-feu, les crimes de guerre et crimes contre l’humanité sont monnaie courante, et le risque de génocide est réel »
- La mosquée de Sousi touchée par une frappe israélienne à Gaza city © AFP via Getty
À Gaza : une population bombardée et sous le coup d’un blocus illégal et inhumain
Voilà déjà 16 ans que la population palestinienne vit un blocus aérien, terrestre et maritime dans la bande de Gaza. Après déjà cinq opérations militaires israéliennes les visant, les habitants et habitantes de Gaza comptent leurs morts par milliers. Mais ce qu’il se passe désormais, en réponse aux attaques sanglantes du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens aux abords de Gaza, dépasse tout ce qui a été précédemment vu.
L’étendue des frappes aériennes israéliennes menées contre des infrastructures civiles est sans commune mesure : on compte déjà plus de 23 000 mort·es et des milliers de blessé·es. L’ordre donné par un ministre israélien de couper l’approvisionnement d’électricité, d’eau et de carburant constitue une punition collective et va mettre en danger non seulement la population gazaouie mais tous les services essentiels dont les rares hôpitaux encore debout. Ces mesures sont prises pour punir les civil·es de Gaza et constituent des crimes de guerre en regard du droit international.
Lisez l’intégralité de notre analyse et de notre dénonciation des attaques israéliennes
« Comment pouvons-nous évacuer des hôpitaux avec des patients en soins intensifs et tous les blessés des récentes attaques, c’est absurde, totalement impossible. » Un travailleur humanitaire de Gaza
L’effroyable « ordre d’évacuation » de Gaza constitue un déplacement forcé
Le 12 ocotbre 2023, l’armée israélienne a donné 24 heures au 1,1 million d’habitant·es du nord de Gaza pour « évacuer » vers le sud de la bande de Gaza. Cet ordre peut constituer un déplacement forcé de population civile, en violation du droit international humanitaire. Cette décision a semé la panique et des milliers de Palestinien·ne·s dorment désormais dans les rues, ne sachant pas où fuir ni où se mettre à l’abri des bombardements. Cette demande est irréaliste et Israël ne peut pas considérer le nord de la bande de Gaza comme une zone de tir. Depuis le 7 octobre, plus de 1 500 personnes ont été tuées et plus de 6 600 blessées dans le cadre des attaques israéliennes à Gaza.
La crainte d’une « seconde nakba » : La majorité de la population de Gaza descend de réfugié·e·s dont 750 000 ont été contraints de fuir leur maison pendant le conflit de 1947-1949 — un épisode connu sous le nom de Nakba (catastrophe) au sein de la population palestinienne. Si de nombreux Palestinien·ne·s tentent de fuir, d’autres préfèrent rester, redoutant une « seconde Nakba », tant le traumatisme du déplacement est gravé dans leur mémoire.
- Munitions au phosphore blanc M825-A1 de l’armée israélienne postée à Sdérot, Israël ©M.Alkharouf/anadolu Agency via Getty
Utilisation d’armes au phosphore blanc par les forces armées d’Israël : vrai ou faux ?
Plusieurs vidéos et images ont circulé sur les réseaux sociaux accusant Tsahal d’avoir effectué des bombardements à l’aide de munitions au phosphore blanc.
Grace au laboratoire de preuves du programme « Réaction aux crises d’Amnesty International », il a été possible de confirmer la présence de munitions au phosphore blanc dans l’arsenal israélien présent aux abords de Gaza, à Sdérot : depuis cette location, de telles munitions peuvent atteindre tout le nord de la bande de Gaza. Ensuite, l’analyse de deux vidéos authentifiées, ont pu confirmer l’utilisation de ce phosphore blanc lors de l’attaque qui a touché le port de la vile de Gaza et des hôtes à proximité.
Pour rappel, ces munitions causent de graves brûlures pouvant atteindre les os. Dans les cas où tous les fragments de phosphore ne sont pas éliminés du corps, ces derniers peuvent se rallumer après traitement au contact de l’oxygène. Lors de l’opération israélienne « Plomb durci » en 2009 et 2009, Amnesty International avait déjà montré l’utilisation de munitions au phosphore blanc par Tsahal.
Découvrez l’analyse de notre équipe Amnesty Tech dans son intégralité
Israël-Gaza, des preuves accablantes de crimes de guerre
Entre le 7 et le 12 octobre, cinq bombardements aériens effectués par les forces israéliennes ont coûté la vie à des familles entières. Amnesty International s’est entretenue avec des victimes et des témoins, a analysé des images satellites, des photos et des vidéos afin d’enquêter sur ces attaques illégales qui peuvent constituer des crimes de guerre.
Un des bombardements, le 7 octobre vers 20h20, a touché un immeuble de trois étages dans la ville de Gaza, où vivaient trois générations de la famille al Dos. Cette frappe a tué 15 membres de la famille, dont sept enfants. Adam, un bébé de 18 mois, est la plus jeune victime.
Le 9 octobre vers 10h30, Imad Hamad, 19 ans, est mort dans un bombardement alors qu’il allait acheter des vivres. Sa famille avait quitté son logement la veille après avoir reçu un SMS de l’armée israélienne, et avait parcouru presque cinq kilomètres pour rejoindre une école qui servait d’abri Son père témoigne, désespéré : « Qu’ai-je fait pour mériter ça ? Perdre mon fils, ma maison, dormir par terre dans une salle de classe ? Mes enfants mouillent leurs vêtements, de panique, de peur, de froid. Nous n’avons rien à voir là-dedans. »
Dans les cinq frappes examinées, les forces israéliennes n’ont pas veillé à ce que les civil·es puissent évacuer vers un lieu sûr.
Lisez dans le détail les analyses qui prouvent ces crimes de guerre à Gaza
Coupures des communications à Gaza durant les bombardements
Une coupure totale des communications aurait été imposée sur la bande de Gaza occupée. Erika Guevara-Rosas déclare : « Les civil·e·s palestiniens étaient déjà assiégés dans la bande de Gaza occupée et ils sont désormais également soumis à une coupure totale des communications, tandis que les attaques aériennes et au sol seraient en train de s’intensifier. Les infrastructures de télécommunication et d’Internet doivent être restaurées de toute urgence, afin de permettre aux opérations de sauvetage de se déployer. »
« À Amnesty International, nous avons perdu le contact avec nos collègues qui se trouvent à Gaza. Cette coupure des communications signifie qu’il sera encore plus difficile d’obtenir des informations capitales et de recueillir des preuves sur les violations des droits humains et les crimes de guerre qui sont en train d’être commis à l’encontre de la population civile de Gaza. »
Plus d’informations sur la coupure des communications à Gaza
Des détenus palestiniens sont soumis à des actes de torture et des traitements dégradants
De plus en plus de Palestien·nes sont détenus arbitrairement par les autorités israéliennes en Cisjordanie occupée, et subissent des traitements inhumains et dégradants. Il faut mener une enquête sur les cas de torture et les morts en détention au cours des quatre dernières semaines. D’après l’organisation israélienne de défense des droits humains HaMocked, entre le 1er octobre et le 1er novembre, le nombre total de Palestinien·nes maintenu·es en détention administrative sans inculpation ni procès est passé de 1 319 à 2 070. Des détenu·es ont, entre autres, été roué·es de coups, humilié·es, déshabillé·es de force, et notamment forcé·es à garder la tête baissée, à s’agenouiller au sol et chanter des chansons israéliennes.
En savoir plus sur les actes de torture commis sur les détenu·es palestien·nes
Les frappes israéliennes illégales illustrent un mépris flagrant pour la vie des palestiniens
« Nous avons quitté nos maisons et sommes venus loger à l’église parce que nous pensions que nous serions protégés ici. »
Les bombardements incessants de l’armée israélienne continuent dans la bande de Gaza occupée. Plus de 11 000 Palestinien·ne·s tués, dont plus de 4 600 enfants, en à peine six semaines.
Le 19 octobre, une attaque a frappé l’église orthodoxe Saint-Porphyre, où s’abritaient environ 450 personnes issues de la communauté chrétienne de Gaza. Cette frappe a tué 18 civil·e·s dont une femme de 80 ans et un bébé de trois mois.
Un père a perdu ses trois enfants et dix autres membres de sa famille dans l’attaque : « Mon cœur est mort avec mes enfants ce soir-là. Tous mes enfants ont été tués : Majid, 11 ans, Julie, 12 ans et Suhail, 14 ans. Il ne me reste rien. »
DE L’ANTISÉMITISME À L’ISLAMOPHOBIE : UNE MÊME ATTAQUE PORTÉE AUX DROITS FONDAMENTAUX
L’antisémitisme est un crime de haine. Où que ce soit dans le monde, il s’attaque aux droits et au bien-être des Juifs ou de personnes perçues comme telles. En tant qu’organisation internationale qui lutte contre toutes les formes de discrimination où qu’elles soient commises, Amnesty International a toujours condamné avec fermeté l’antisémitisme et continuera de le faire. En Belgique, d’après le Centre interfédéral pour l’égalité des chances (UNIA) il y a depuis le 7 octobre 2023 une augmentation des actes et paroles antisémites.
Intimider les fidèles dans les synagogues, dégrader l’étoile de David, utiliser des images et des mots qui évoquent des clichés antisémites sont des actes révoltants.
L’intolérance, les préjugés et les discriminations dont de nombreux·euses musulman·es sont victimes sont des actes intolérables et constituent des actes islamophobes.
Il est fondamental que les responsables politiques cessent d’employer un discours raciste et discriminatoire contre les musulman·es et les juifs·juives, et adoptent immédiatement des mesures afin que ces personnes puissent bénéficier de leurs droits fondamentaux à l’égalité et la dignité, et vivre leur vie sans discrimination. Amnesty International a déjà, à plusieurs reprises, condamné ces politiques->https://www.amnesty.be/infos/actualites/article/resolution-conseil-europe-appel-action-islamophobie-europe].
Amnesty International soutient tous·tes celles·eux qui sont pris·es pour cible en raison de leur identité. Elle lutte pour un monde dans lequel chaque personne peut jouir de l’ensemble de ses droits à l’abri de la haine et de la discrimination.
EN EUROPE, DES MANIFESTATIONS EN SOUTIEN AU PEUPLE PALESTINIEN SONT INTERDITES
Dans de nombreux pays européens, les autorités restreignent illégalement le droit de manifester en faveur de la défense du peuple palestinien. Nous avons constaté des arrestations de manifestant·es, des violences policières à leur encontre, voire même des interdiction totale de manifester.
En Allemagne, la plupart des manifestations en faveur des droits de la population palestinienne ont été interdites. En France, le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative du pays, a rappelé au gouvernement qu’il ne pouvait pas interdire systématiquement toutes les manifestations de soutien à la Palestine. En Suisse, les manifestations liées au conflit prévues ont été interdites à Zurich, le canton de Bâle-Ville et la ville de Berne ont interdit l’ensemble des manifestations.
Les États ont l’obligation juridique de permettre aux personnes d’exprimer pacifiquement leur peine, leurs inquiétudes et leur solidarité. Nous appelons les autorités de tous les pays d’Europe à protéger et faciliter l’exercice du droit de s’exprimer et de se rassembler pacifiquement pour tout le monde.
En février 2022, Amnesty International a sorti un rapport dénonçant le crime d’apartheid des autorités israéliennes.
Lisez notre dossier TERRORISME ET DROIT INTERNATIONAL
Si Amnesty International peut se référer au concept de terrorisme, elle n’adopte pas de définition spécifique de ce terme. En effet, traiter l’un ou l’autre groupe armé de « terroriste » ou leurs actes de « terroristes » n’entraine pas de sanction internationale vu que le terme n’existe pas en droit international (En savoir plus). Nous employons plutôt les termes de criminels de guerre, de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.
Ne pas utiliser le terme de terroriste ne signifie en rien justifier les actes ignobles commis par le Hamas par exemple ou tout autre groupes armés qui ferait preuve d’un mépris effrayant pour la vie humaine en commettant des crimes cruels et brutaux.
S’il existe un large consensus sur le fait que certains types d’actes constituent du terrorisme, au-delà de ce noyau d’accord, il existe une profonde controverse sur les limites extérieures du concept. Les recherches d’Amnesty International montrent que certains gouvernements invoquent des définitions larges du terrorisme pour réprimer l’opposition politique, ainsi que la liberté légitime d’expression, d’association, de réunion et d’autres droits humains. Ce sont là quelques-unes des raisons pour lesquelles Amnesty International a choisi de ne pas adopter de définition spécifique du terrorisme et d’éviter de l’employer. Nos lignes de conduites sont rigoureusement alignées sur le droit international.
Si vous avez les moyens, soutenez notre travail et aidez-nous à continuer nos enquêtes.
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