Signez pour un accueil digne

Tout le monde veut un foyer accueillant et sûr. Si nous craignons pour notre vie ou celle de notre famille, nous espérons que d’autres nous aideront à trouver un endroit sûr. Mais les personnes qui fuient les conflits et les persécutions et cherchent un abri en Belgique sont parfois simplement mises à la rue par les services gouvernementaux. Sans abri, sans lit ni nourriture.
Être jeté à la rue provoque encore plus de traumatisme. L’abri, en revanche, donne aux gens sécurité et stabilité. Un toit permet de se sentir protégé·e.

copyright Belga - Nicolas Landemard - Le Pictoriu

« Trouver un emploi décent, louer une maison, s’installer et développer une vie sociale. C’est ce que je veux. » Ahmet*, originaire de Palestine, plus de deux mois à la rue.

Quelle est la situation en Belgique pour les demandeurs et demandeuses d’asile ?

« J’ai fabriqué un lit avec une palette en bois sous un escalier », dit-il. « Un lit 5 étoiles, croyez-moi, car j’étais protégé de la pluie. » Hassan est originaire de Syrie. Il y a perdu sa compagne et ses quatre enfants lorsqu’une bombe a frappé leur maison.

Il y a plus de 2 000 personnes comme Hassan qui cherchent un endroit sûr en Belgique, mais les services gouvernementaux les renvoient parce qu’il n’y a pas de place. Ils sont mis sur une liste d’attente. En attendant, ils doivent essayer de survivre dehors, pendant des semaines, voire des mois.

Ce sont surtout les hommes qui ne sont pas hébergés. Mais des enfants et des familles se sont également vu refuser un hébergement. Les gens méritent mieux que cela !

Un abri pour se construire un avenir est nécessaire pour pouvoir penser à la prochaine étape : trouver un emploi ou aller à l’école, apprendre la langue et trouver sa place dans la société.

Ce n’est que dans un environnement sûr et digne que les gens peuvent se sentir protégés. Voilà pourquoi le gouvernement doit prendre ses responsabilités et organiser des hébergements pour les personnes en quête de protection internationale.

Pour un accueil digne des personnes demandeuses d’asile en Belgique

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© Bert Blondeel

« C’est clairement une question de volonté politique. Trois mille nouvelles places d’hébergement ne mettront pas l’État en faillite. » – Lorenzo Durante Viola, coordinateur du Pôle humanitaire à Bruxelles.

Assez de places d’hébergement ? Oui, c’est possible

Alors qu’il y avait trop peu de centres d’accueil en 2014-2015, le gouvernement belge a créé 15 000 places en un an. Et lorsque des milliers de personnes d’Ukraine ont dû quitter précipitamment leur foyer en raison de l’invasion russe en février 2022, elles ont été accueillies par les autorités et ont rapidement reçu un toit.
Le gouvernement peut tout à fait créer suffisamment de places d’hébergement s’il le souhaite.

Mais depuis octobre 2021, il y a une pénurie de places d’hébergement dans notre pays. Les chercheurs d’Amnesty ont minutieusement documenté les conséquences. Ils ont recueilli les témoignages de personnes qui n’ont pas reçu d’hébergement qu’on retrouve dans le rapport « Ni logé·es, ni écouté·es ». Nous y démontrons que le gouvernement est à l’origine du problème. Comment il viole non seulement les droits humains de milliers de personnes, mais aussi compromet dangereusement l’État d’un point de vue constitutionnel. Nous montrons également comment les bénévoles et les organisations prennent le relais du gouvernement défaillant et quelles sont les solutions pour fournir un abri à toutes celles et ceux qui y ont droit.

© Dursun Aydemir-Anadolu Agency-Getty Images

« Les personnes qui ont vécu un traumatisme doivent avant tout se sentir en sécurité. Le fait de refuser un hébergement les met en insécurité. » - Ondine Dellicour, chargée de mission et assistante sociale à Ulysse (centre de soins en santé mentale à Bruxelles)

Impacts sur la dignité, la santé et le travail

Le gouvernement fédéral refuse d’accueillir suffisamment de personnes en quête de protection internationale en Belgique. Les conséquences de cette situation vont bien au-delà de ce que l’on pourrait croire à première vue.

Pour les personnes qui ne reçoivent pas d’abri et doivent survivre dans la rue. Ils dépendent presque entièrement de la capacité des organisations humanitaires et de la bonne volonté des autres pour répondre à leurs besoins fondamentaux.
Cela a un impact énorme sur leur dignité et leur bien-être.

La rue n’offre pas de sécurité

Baraa* est originaire de Palestine. En 2023, il a perdu son père et 31 autres membres de sa famille à Gaza, après avoir déjà perdu sa mère et sa sœur. Il a dormi dans un squat à Bruxelles parce qu’il n’avait nulle part où aller. « J’ai vécu des moments difficiles là-bas. Le chagrin m’a coupé de la vie quotidienne. »

La sécurité et la stabilité sont nécessaires pour améliorer l’état mental d’une personne comme Baraa. Mais c’est difficile à trouver dans la rue ou dans un squat. « On ne se sent jamais en sécurité », confirme Thaer, qui a également dû dormir dans la rue.

Amélie Deprez, de Médecins du Monde, explique en quoi un hébergement de longue durée fait la différence : « Lorsque les gens sont hébergés pendant quelques jours, ils mangent, se lavent et dorment. Lorsqu’ils sont hébergés pendant quelques semaines, ils viennent demander une aide médicale dès la deuxième semaine. Ce n’est qu’à partir de la troisième ou quatrième semaine qu’ils demandent une aide sociale, juridique ou administrative. Ils commencent alors à se sentir un peu mieux et trouvent l’espace mental nécessaire pour penser à l’avenir. »

Pour un accueil digne des personnes demandeuses d’asile en Belgique

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© Karim Abraheen for Amnesty International

« Pour les personnes souffrant de douleurs physiques, nous avons environ 16 tickets par jour. Souvent, nous devons refuser au moins 10 personnes. Cela varie, mais nous ne pouvons aider qu’un peu plus de la moitié des personnes. » Lorenzo Durante Viola, coordinateur général du Humanitarian Hub

Une aide médicale rendue difficile par la vie en rue

Celles et ceux qui séjournent dans un refuge reçoivent normalement une aide médicale, comme des soins et des médicaments. Une équipe médicale doit vérifier l’absence de maladies contagieuses, organiser les vaccinations et prodiguer des soins aux femmes enceintes, aux bébés et aux jeunes enfants.

Il est beaucoup plus difficile pour les personnes sans abri d’obtenir des soins.
« Au centre d’enregistrement du petit château, on m’a donné un bout de papier avec mon rendez-vous chez le médecin. Mais je n’ai ni téléphone, ni internet. Je ne savais pas comment m’y rendre », témoigne Ali.

Les lieux où elles sont contraintes de se réfugier sont également totalement inadaptés à la vie : dans la rue, sous des tentes, dans des squats insalubres... Les installations sanitaires font souvent défaut. Leur santé se détériore rapidement.

Médecins Sans Frontières a pu le confirmer. Les principaux problèmes médicaux qu’ils ont traités chez les personnes contraintes de vivre dans des squats étaient directement liés aux conditions difficiles et souvent insalubres dans lesquelles elles vivaient.

De nombreuses autres organisations de la société civile interviennent pour aider les personnes malades ou souffrantes. Mais, à leur grande frustration, leur capacité ne suffit pas à répondre à tous les besoins.

© Bert Blondeel

DES PERSONNES EN QUETE DE PROTECTION QUI VEULENT TRAVAILLER, MAIS N’EN ONT PAS LE DROIT

« J’ai besoin de travailler pour mes enfants, ma famille, ma mère. Sans travail, je n’ai pas de vie » - Ali*, un Afghan demandeur d’asile en Belgique
Certaines personnes aimeraient travailler pendant le traitement de leur demande d’asile, qui peut prendre des mois, voire des années. Cependant, sans logement, il est impossible de trouver un travail légal.

Pour travailler légalement, les demandeurs et demandeuses d’asile ont besoin d’une « carte orange » appelée officiellement une attestation d’immatriculation. Or, les villes et les municipalités ne délivrent ces cartes orange qu’aux personnes enregistrées à une adresse fixe dans leur région.

Hassan*, originaire de Syrie, qui n’a pas eu d’endroit où rester pendant des mois, explique le cercle vicieux : « J’ai commencé à chercher du travail et j’avais besoin d’une carte orange. Pour cela, j’avais besoin d’une adresse fixe et donc d’une maison. Mais comment payer un loyer sans travail ? »

Pour Thaer*, qui a été sans logement pendant huit mois, tout a changé grâce à la solidarité d’une famille en Belgique. Elle l’avait accueilli chez eux et il a ainsi pu obtenir une carte orange. « Ils m’ont énormément aidé avec le travail et la langue. » Thaer, qui a étudié les soins infirmiers, travaille maintenant comme femme de ménage dans un centre de soins résidentiel et apprend le néerlandais. « J’ai un travail, un logement et de bons amis. Ça me suffit. »

*Les noms ont été modifiés pour protéger la vie privée des personnes.

Notre enquête sur la crise de l’accueil en Belgique

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© Belga - Hatim Kaghat

« Les gens nous disent souvent que leur vie a changé au moment où ils ont trouvé un ami, quelqu’un qui croyait en eux. Quelqu’un qui les a aidés à réaliser qu’ils ont les mêmes droits que tout le monde. C’est à ce moment-là qu’ils trouvent la volonté de faire quelque chose de leur vie. » Valérie De Marie, employée d’Amnesty International.

Le pouvoir de la solidarité

Quand les organisations jouent le rôle qui incombe à l’État

Vluchtelingenwerk Vlaanderen, Médecins du Monde, la Croix-Rouge, Plateforme Citoyenne, Ulysse, Samusocial et bien d’autres ONG : elles s’engagent toutes à soulager la misère que les dirigeants du gouvernement belge créent par leur politique d’asile défaillante.

Jour après jour, leurs employé·es répondent aux besoins essentiels des personnes en quête de protection internationale sans abri. Certains le font dans le cadre de leur travail, d’autres bénévolement. Mais l’inaction persistante du gouvernement belge, combinée à leurs capacités et ressources limitées, met parfois leur résilience à l’épreuve.

« Les personnes que nous hébergeons ici vivent dans des conditions si déplorables que cela a un impact énorme sur leur santé mentale, les frustrations et les émotions de nos travailleur·euses de première ligne », explique Lorenzo Durante du Humanitarian Hub à Bruxelles. « La pression sur nos services a déjà été énorme. C’est parfois très, très difficile. »

Un environnement chaleureux change tout

Malgré la pression énorme, les employé·es et les bénévoles des ONG continuent de jouer un rôle crucial dans la vie de personnes qui ne reçoivent aucune autre forme de soutien. Ils leur offrent un environnement sûr et digne au mieux de leurs capacités.

Ali* a trouvé un tel compagnon. Il a rencontré une femme belge qui est devenue comme sa famille. « Je l’appelle maman, elle m’appelle son fils. Pour moi, c’est à ce moment-là que la belle vie a recommencé. Je cuisine, elle mange avec moi. »

© Bert Blondeel

« Pour la première fois en 35 ou 40 ans, j’ai vu le gouvernement dire ouvertement : “Nous n’allons pas respecter la loi. “ » - Jean Marc Picard, avocat

La Belgique condamnée 10 000 fois

Les tribunaux ont déjà rendu plus de 10 000 décisions obligeant les dirigeants belges à fournir un abri aux personnes qui cherchent à se protéger dans notre pays, comme le stipule la loi.
Mais le gouvernement refuse d’appliquer les décisions et de créer suffisamment de places d’hébergement pour accueillir les personnes. Les amendes que les juges imposent pour chaque jour où le gouvernement ne remplit pas ses obligations restent également impayées.

En juillet 2023, la Belgique a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour avoir ignoré les décisions de justice.

Pour des milliers de personnes en quête de sécurité, les actions du gouvernement belge sont désastreuses. Un abri leur apporterait la sécurité et la stabilité nécessaires pour prendre un nouveau départ et s’intégrer dans une nouvelle société. Mais elles se retrouvent à la rue, dans des tentes, des squats, des gares... où leur vie est précaire, dangereuse et indigne, et où il est impossible de se reconstruire.

© ID -Tine Schoemaker

UNE GRAVE ATTAQUE CONTRE L’ETAT DE DROIT

Les dirigeants gouvernementaux qui ne respectent pas leurs propres lois et les décisions des juges représentent un autre danger : ils vont directement à l’encontre des principes de l’État de droit.

Dans un État de droit, il existe des lois et des règles. Celles-ci s’appliquent aux citoyen·nes et au gouvernement. Des juges indépendant·es déterminent si une personne a respecté la loi ou non. Ils et elles décident également de ce qui doit se passer lorsque la loi n’est pas respectée.

Le système de l’État constitutionnel protège. L’opposé de l’État constitutionnel est un État policier ou totalitaire, où l’arbitraire règne et où le gouvernement peut faire ce qu’il veut. En s’attaquant à l’État constitutionnel, le gouvernement envoie le signal qu’il se place au-dessus de tout et de tous.

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