En ouvrant des itinéraires sûrs et légaux, les gouvernements peuvent protéger les réfugiés et faire en sorte que ces personnes ne risquent plus leur vie lors de dangereux périples.
Les risques pour les migrants sont dans chaque partie du monde et tout le long de leur parcours. Pourtant, les États ont l’obligation de protéger les personnes du danger.
Amérique
Des milliers de personnes qui partent d’Amérique centrale et traversent le Mexique sont enlevées, tuées et violées chaque année.
Union européenne
De nombreux réfugiés et migrants qui souhaitent rejoindre l’Europe n’atteignent même pas ses rivages, car les murs de la « forteresse » ne leur laissent d’autre solution que de tenter de rejoindre le continent dans des bateaux bondés et impropres à la navigation tenus par des trafiquants qui ne se soucient guère de leur arrivée à bon port.
Au moins 3 500 personnes ont péri en traversant la Méditerranée en 2014 et plus de 2 800 en 2015. Pour les gouvernements européens, il importe plus d’empêcher l’accès à leur territoire que de sauver des vies. Pour plus d’informations, cliquez ici.
Si des mesures encourageantes ont été prises par les dirigeants européens fin avril (à la suite de plusieurs tragédies survenues en Méditerranée) en matière de recherche et de sauvetage et si, dans les mois qui ont suivi, un certain nombre de places a été offert au titre de la réinstallation (22 504) et de la relocalisation (près de 160 000), elles demeurent insuffisantes pour contribuer dûment au partage international des responsabilités.
Tant que des voies de migration sûres et légales ne seront pas mises en place pour les réfugiés – mais aussi pour les migrants – ces derniers continueront de risquer leur vie.
Asie
Au cours du premier trimestre 2015, le HCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés) a révélé que 25 000 personnes avaient tenté de traverser le golfe du Bengale, soit environ le double par rapport à la même période en 2014. Cet itinéraire est surtout emprunté par des musulmans Rohingyas fuyant le Myanmar et par des Bangladais.
En mai, des milliers de personnes se trouvaient en perdition en mer, au large des côtes de la Thaïlande, dont beaucoup de Rohingyas fuyant les persécutions cautionnées par l’État au Myanmar.
Le même mois, l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande ont renvoyé en mer des bateaux transportant des centaines de réfugiés et de migrants qui avaient besoin d’aide, en dépit des dangers auxquels ils étaient confrontés. L’Indonésie et la Malaisie ont par la suite annoncé qu’ils accueilleraient provisoirement jusqu’à 7 000 personnes se trouvant encore en mer. Mais cette protection temporaire ne serait valable que pour un an maximum et à la condition que la communauté internationale participe aux efforts de rapatriement ou de réinstallation. À noter que l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande n’ont pas ratifié la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.
Dans la région, le gouvernement australien a établi un précédent désastreux en refoulant les migrants à ses frontières ou les plaçant en détention dans des conditions inhumaines. Sa ligne dure vis-à-vis des demandeurs d’asile qui arrivent par bateau, sous prétexte de sauver des vies, bafoue en fait ses responsabilités au titre du droit relatif aux réfugiés et aux droits humains.
Afrique : des crises oubliées
On compte plus de trois millions de réfugiés en Afrique subsaharienne. Les explosions de violences dans des pays comme le Soudan du Sud et la République centrafricaine ont contraint un nombre croissant de personnes à fuir les conflits et les persécutions. Sur les 10 principaux pays dans le monde que les populations fuient, cinq se trouvent en Afrique subsaharienne. Quatre des 10 pays qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés se situent également dans cette région du globe.
Les crises des réfugiés en Afrique ne retiennent guère l’attention des forums politiques régionaux ou mondiaux. En 2013, moins de 15 000 réfugiés venus de pays africains ont été réinstallés et les appels humanitaires de l’ONU ont largement été sous-financés.
Les travailleurs migrants, dépourvus de leurs structures d’appui habituelles, constituent une main-d’œuvre vulnérable que certains employeurs peu scrupuleux n’hésitent pas à sous-payer et à exploiter. De nombreux cas observés par Amnesty s’apparentent à de l’esclavage et il n’est pas rare que de graves abus soient commis. Certains pays ne semblent même pas se donner la peine de protéger les employés de maison d’origine étrangère. Ainsi, à Hong Kong et en Indonésie, des pratiques telles que des violences sexuelles et du travail forcé ont été rapportées.
Le Qatar n’est pas en reste, notamment en raison de sa négligence envers les travailleurs migrants, malgré les promesses de réforme faites en vue de la Coupe du monde de football 2022. Les retards de paiement des salaires, les conditions de travail très difficiles et dangereuses, les conditions de vie déplorables et le travail forcé y sont encore endémiques.
La façon dont les questions de migration sont présentées par les responsables politiques, les représentants des pouvoirs publics et les médias influence considérablement le regard porté sur les migrants. Ces derniers sont souvent pris comme boucs émissaires par des responsables politiques ou certains médias qui les désignent comme des « clandestins », des « resquilleurs » – voire des « envahisseurs » – exploitant la générosité des pays d’accueil. Cela donne l’impression que les migrants n’ont aucun droit et conduit au racisme et à la discrimination.
Les bénéfices apportés par les migrants, tels que les compétences, les ressources et la diversité, figurent rarement dans l’actualité. Selon la Banque mondiale, les migrations internationales sont favorables, car les travailleurs peuvent se rendre dans les lieux où ils sont le plus productifs. En outre, le montant total de l’argent envoyé par les migrants dans les pays en développement dont ils sont originaires (les fameux « transferts de fonds ») équivaut à trois fois celui que les États dépensent en aide au développement – il s’élevait à environ 404 milliards de dollars américains en 2013.
Télécharger ou commander notre brochure « Répondre facilement à 10 préjugés sur la migration ».
Amnesty International craint que la passivité de la communauté internationale face à la crise n’érode encore davantage la protection des droits fondamentaux des personnes contraintes de fuir de chez elles en raison de l’insécurité. L’organisation appelle les autorités politiques au plus haut niveau à reconnaître la nature, l’ampleur et l’urgence de la crise et à véritablement s’engager, et ce également à l’égard des personnes déplacées, afin de s’acquitter de leurs obligations juridiques individuelles et de se montrer déterminées à assumer cette responsabilité partagée au niveau international. Amnesty International invite notamment les gouvernements à prendre les mesures suivantes :
– Reconnaître le caractère immédiat de la crise et ses implications à moyen et long terme ;
– Mettre en place un fonds mondial pour les réfugiés destiné à répondre à tous les appels humanitaires de l’ONU en cas de crise, et apporter un soutien financier aux pays qui accueillent un grand nombre de réfugiés. ;
– Mettre fin aux pratiques telles que le renvoi forcé qui mettent des vies en danger ;
– Mettre fin aux pratiques qui entraînent des retours « volontaires » sous la contrainte ;
– Développer des mécanismes nationaux équitables afin d’évaluer les demandes des réfugiés et de garantir qu’ils aient accès à des services élémentaires comme l’éducation et la santé.
– Augmenter considérablement les possibilités de réinstallation en s’engageant à réinstaller collectivement sur les quatre prochaines années un million de réfugiés qui en ont actuellement besoin.
Ratifier la Convention de l’ONU relative au statut des réfugiés.
Que les migrants
• soient protégés des violences racistes et xénophobes ;
• soient protégés de l’exploitation et du travail forcé ;
• ne soient pas détenus sans raison légitime ni expulsés ;
• ne subissent aucune discrimination.
Que les réfugiés
• ne soient pas renvoyés de force dans un pays où ils risquent d’être victimes d’atteintes à leurs droits humains ;
• soient réinstallés lorsqu’ils sont en situation de vulnérabilité ;
• ne subissent aucune discrimination ;
• aient accès au travail, à un logement et à l’éducation ;
• soient autorisés à se déplacer librement et à garder leurs pièces d’identité et leurs documents de voyage.
Que les demandeurs d’asile
• soient autorisés à entrer dans un pays pour solliciter l’asile ;
• ne soient pas renvoyés dans un pays où ils risquent d’être victimes d’atteintes à leurs droits humains ;
• aient accès à des procédures de demande d’asile équitables et efficaces et, s’ils sont renvoyés dans un pays, que leur sécurité soit garantie et leur dignité respectée ;
• puissent entrer en contact avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s’ils en ont besoin ou le souhaitent.
En ouvrant des itinéraires sûrs et légaux, les gouvernements peuvent protéger les réfugiés et faire en sorte que ces personnes ne risquent plus leur vie lors de dangereux périples.
À quelques mois d’une réunion de l’Assemblée générale de l’ONU sur la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants, Amnesty propose cinq moyens pour apporter protection et sécurité aux réfugiés dans le monde
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