Les discriminations subies par les Roms

À cause de la multitude d’environnements dans lequel ils vivent, de la diversité des langues et dialectes romanis qu’ils parlent, de leur présence sur les cinq continents, de leur style de vie, le peuple rom a souvent suscité la crainte et l’incompréhension des populations locales. Les Roms en Europe subissent des discriminations grandissantes, des violences à caractère raciste, des expulsions forcées et diverses formes de ségrégation. Plus d’une décennie après l’adoption des lois européennes contre la discrimination et malgré l’entrée de nombreux pays de l’est dans l’UE, les communautés roms doivent encore aujourd’hui faire face à des nombreux obstacles pour que leurs droits fondamentaux soient respectés.

Discrimination face à l’éducation : la situation irrégulière d’un Rom a des répercussions sur le droit à l’éducation des enfants, même si certaines directions acceptent l’inscription d’enfants « sans-papiers ». Par ailleurs, l’aspect économique explique aussi cette discrimination (il faut acheter les fournitures scolaires, le transport en commun, le repas à la cantine scolaire, etc.) Un des exemples les plus marquants en matière de discrimination scolaire est la République tchèque. En 2007, la Cour européenne des droits de l’homme a jugé que le pays avait discriminé les enfants roms en pratiquant la ségrégation scolaire. Les enfants roms sont en effet cantonnés à des classes, des bâtiments et des écoles séparés, ou dans des écoles pluriethniques dans lesquelles ils sont victimes de brimades racistes quand ils ne sont pas placés dans des établissements pour élèves présentant des « handicaps mentaux légers ».

Discrimination face à la santé : Les principaux obstacles que rencontrent les Roms sont l’exclusion des programmes d’assurance santé, la discrimination de la part des professionnels de santé, l’incapacité à payer les soins de santé et les médicaments et le manque de services de santé disponibles dans les campements éloignés et isolés. En 2008, le Comité européen des Droits sociaux a conclu que la Bulgarie ne respectait pas les articles 11 et 13 de la Charte sociale européenne, qui garantit le droit à la protection de la santé, car l’État ne fournissait pas d’assistance médicale adéquate aux Roms.

Discrimination face à l’accès au logement et expulsions forcées  : les Roms n’ont pas toujours accès à un logement salubre, à l’électricité, à l’eau. Victimes d’actes violents et humiliants de la part des autorités, ils sont souvent l’objet d’expulsions forcées, sans consultation préalable et sans une proposition de relogement décent. Ils sont souvent relogés à proximité de décharges, de stations d’épuration ou de zones industrielles en périphérie des villes. En Italie, le gouvernement a élaboré un décret présidentiel appelé « Plan Nomades », initialement prévu pour 2010, qui ouvre la voie à l’expulsion forcée de milliers de Roms vivant dans des campements situés à Rome. Il prévoit la réinstallation d’environ 6000 d’entre eux dans 13 camps situés en périphérie de la capitale. Les expulsions forcées sont brutales, humiliantes et contraires au droit international. Le droit international stipule que les expulsions forcées ne peuvent être pratiquées qu’en dernier recours, et uniquement, après que toutes les autres solutions réalisables ont été examinées, qu’une véritable consultation ait été menée auprès des communes concernées. En l’absence d’une alternative, un plan durable de relogement et de dédommagement des personnes concernées doit être proposé et les droits humains des habitants. e. s, en particulier le droit à un logement adapté, doit être respecté en tout temps.

Discrimination face à l’emploi : la méfiance des employeurs, qui ne veulent pas engager des Roms du fait de leur stigmatisation, les empêche souvent de trouver un emploi et les contraint à travailler au noir où ils acquièrent de l’expérience professionnelle qu’ils ne peuvent pas prouver.

Discrimination face au droit d’asile : les Roms persécutés, discriminés qui aspirent au statut de réfugié rencontrent de nombreuses difficultés. Leurs demandes sont souvent rejetées, car la législation considère tous les pays de l’UE comme des pays d’origine « sûre ». Un Rom persécuté en Roumanie ne sera donc pas considéré comme en danger, la Roumanie n’étant pas considérée comme à risques.

Discrimination face aux droits sexuels et reproductifs : la stérilisation forcée de femmes roms est l’une des violations des droits humains et l’une des formes de discrimination les plus terribles qu’ont subies les Roms en Europe depuis leur persécution et leur mise à mort par les Nazis durant la Deuxième guerre mondiale. Selon le médiateur de la République tchèque, pas moins de 90 000 femmes ont été stérilisées sur tout le territoire de l’ex-Tchécoslovaquie depuis les années 1980. Bien que la plupart de ces actes remontent aux années 1970 et 1980, le cas le plus récent aurait eu lieu en 2007.

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