La COP29 constitue la 29ᵉ édition de la Conférence des Parties sur le climat organisée par l’Organisation des Nations unies. Cet événement se tient du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou en Azerbaïdjan
- Un pêcheur du Honduras dont l’activité et l’accès à l’eau potable sont touchés par le changement climatique. Ici de graves inondations© David Estrada
Quel est le lien entre droit à la santé et climat ?
L’environnement qui nous entoure, l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons et la nourriture que nous mangeons ont un impact direct sur notre santé. Le changement climatique et les activités humaines qui le provoquent modifient directement cet environnement entraînant de plus en plus de violations du droit à la vie et du droit à la santé. En effet, le changement climatique a été qualifié de « plus grande menace mondiale pour la santé au XXIe siècle ».
Les événements météorologiques extrêmes, y compris les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses, les incendies de forêt et les cyclones tropicaux, qui sont de plus en plus fréquents et graves à cause du changement climatique d’origine humaine, représentent une menace sérieuse pour le droit des personnes à la santé mentale et physique. Non seulement des personnes sont blessées et tuées lors de ces événements, mais les infrastructures de santé publique peuvent être endommagées ou détruites, et les maladies peuvent se propager parmi les personnes déplacées.
Le prix humain de la crise climatique
L’utilisation des combustibles fossiles - principal moteur du changement climatique et de détérioration de la santé
La combustion de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz) est le principal moteur du changement climatique et entraîne également des effets néfastes sur la santé des communautés vivant à proximité des sites d’extraction, de traitement, de transport et de combustion de ces combustibles.
La combustion de combustibles fossiles est l’une des principales sources de pollution de l’air, liée à des maladies graves telles que les crises cardiaques, les accidents cardio-vasculaires, le cancer du poumon, l’asthme et d’autres maladies chroniques. On estime que cette pollution atmosphérique cause plus de 5 millions de décès prématurés chaque année dans le monde, et dans certaines régions, l’incinération de méthane excédentaire expose les populations voisines à des risques supplémentaires.
En plus de fournir de l’énergie, ces combustibles sont utilisés pour fabriquer des produits comme les plastiques à usage unique et les engrais, dont les procédés de production nuisent également à la santé.
Découvrez quelques exemples frappants aux USA avec l’industrie chimique et en Côte d’Ivoire avec les déchets toxiques
- Dans la province d’Aceh, un patient est évacué d’un hôpital inondé par les pluies d’une tempête tropicale @ AFP
Les communautés les plus vulnérables sont les plus touchées
Les impacts du changement climatique sur le droit à la santé se font sentir dans le monde entier, mais ce sont souvent les communautés en première ligne qui en souffrent le plus. Divers facteurs socio-économiques, tels que l’accès à la nourriture, au logement, à l’eau potable et aux soins de santé, influencent la capacité des individus à mener une vie saine.
Ces facteurs, aggravés par la marginalisation due au racisme, à la xénophobie, à l’homophobie, au sexisme et à des conditions de vie précaires, rendent certaines populations plus vulnérables aux effets sanitaires du changement climatique. Parmi celles-ci se trouvent les personnes vivant dans la pauvreté, les peuples autochtones, les femmes et les filles, les personnes sans abri, celles vivant dans des établissements informels ou subissant la discrimination raciale.
Le changement climatique agit comme “un multiplicateur de menaces". Il amplifie les dangers pour les plus vulnérables, en particulier là où les gouvernements n’ont pas mis en place des systèmes d’alerte ou des infrastructures de résilience climatique. Si les politiques climatiques n’accordent pas la priorité aux plus touchés, le changement climatique risque non seulement d’aggraver les inégalités globales, mais aussi d’exacerber les violations des droits humains envers ces communautés, dont beaucoup appartiennent aux populations autochtones et racisées.
Découvrez notre récent rapport sur les tochères de gaz en Equateur : un bon exemple de ces communautés vulnérables qui sont touchées de plein fouet
3 recherches menées par Amnesty qui lient santé et climat
- un incendie dans le Sud de la Californie s’apprête à engloutir tout un quartier de la proche banlieu © 2013 Getty Images
La plupart des États du monde ont convenu d’être liés par des instruments internationaux qui leur imposent de respecter, protéger et réaliser les droits humains, y compris le droit au meilleur niveau possible de santé physique et mentale.
En quoi est-ce un problème de droits humains ?
L’inaction climatique menace des droits fondamentaux comme le droit à la vie, à la santé et à un environnement sain, inscrits dans les accords internationaux.
De nombreux États ne prennent pas les mesures nécessaires pour réduire les combustibles fossiles ou pour renforcer les systèmes de santé, exposant ainsi les populations vulnérables à des risques accrus. Ce manque d’action enfreint les droits économiques, sociaux et culturels, en privant certaines communautés des conditions minimales de santé, telles que l’accès à l’eau potable, à un logement sûr et à un environnement sain.
L’ONU et plusieurs organes de droits humains ont d’ailleurs reconnu la menace que représentent la dégradation environnementale et le changement climatique pour les générations actuelles et futures, faisant de ce droit un droit fondamental désormais inscrit dans plus de 100 législations nationales.
Les Rapporteurs spéciaux de l’ONU soulignent également l’impact disproportionné du changement climatique sur les populations marginalisées, souvent confinées dans des « zones de sacrifice » polluées et exposées aux catastrophes climatiques, aggravant les crises de santé par la malnutrition, les maladies hydriques et les troubles de santé mentale. Traiter le changement climatique comme une question de droits humains est donc essentiel pour exiger une action globale qui garantit la dignité de tous.
En République démocratique du Congo, certaines entreprises n’ont que faire des répercussions sur la santé des personnes habitant aux alentours. Lisez en plus sur ce scandale
- Une délégation d’Amnesty International à la marche climat de 2022 à Bruxelles © 2022 SOPA Images
Le droit à un environnement sain reconnu par l’ONU
Des organisations de la société civile, des peuples autochtones, des mouvements sociaux et des communautés locales œuvrent pour la défense et la promotion du droit à un environnement sain depuis plusieurs décennies et, ces dernières années, ont formé une coalition pour demander la reconnaissance de ce droit par les Nations unies.
En 2020, cette coalition a publié une lettre ouverte qui a été signée par plus de 1 350 organisations en faveur de la reconnaissance universelle du droit à un environnement sain. Plusieurs membres de la Coalition, dont Amnesty International, ont également mené un travail de plaidoyer et de campagne entre 2020 et 2022. Et celui-ci a porté ses fruits !
En effet, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a reconnu le droit à un environnement propre, sain et durable dans une résolution le 8 octobre 2021, suivi par l’Assemblée générale des Nations unies le 28 juillet 2022.
En savoir plus sur le combat mené par Amnesty International et cette coalition
DÉNONCER L’INACTION ET PROPOSER DES ACTIONS !
Amnesty dénonce l’inaction des gouvernements dans la protection des droits procéduraux des communautés exposées aux industries fossiles, comme le droit à l’information, à la participation et, pour les peuples autochtones, le consentement libre et informé. La lutte de la Nation Wet’suwet’en contre le pipeline Coastal Gas Link au Canada et les souffrances des Ogoni dues aux activités de Shell au Nigeria illustrent ces violations.
Les demandes d’Amnesty International
Finalement, Amnesty International appelle les gouvernements, en particulier ceux des pays les plus pollueurs, à financer de manière significative les systèmes de santé dans les pays les plus vulnérables afin de les rendre plus résilients face aux crises climatiques.
Amnesty International rappelle l’importance d’œuvrer pour une transition rapide vers des énergies renouvelables tout en respectant les droits humains et de garantir l’accès à des soins de santé adaptés au climat, comprenant des infrastructures résistantes à la chaleur et aux inondations. Enfin, il est essentiel de garantir l’accès aux droits procéduraux pour les communautés affectées, notamment les droits à l’information et à la participation publique.