Li qiaochu : des actes de torture signalés par une militante féministe et luttant pour les droits du travail

Li Qiaochu

Li Qiaochu est une défenseure des droits humains bien connue. Elle s’intéresse depuis longtemps aux questions liées à l’égalité des droits des travailleurs et travailleuses, des femmes et d’autres membres de la société chinoise. En raison de ses activités militantes, elle est souvent la cible de harcèlement de la part de la police.

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Quand le compagnon de Li Qiaochu, le juriste et militant Xu Zhiyong, a été placé en détention et a rapporté à son avocat avoir été victime de torture, elle a publiquement réclamé qu’il soit mieux traité et remis en liberté, à la suite de quoi elle a été arrêtée, maintenue en détention au secret pendant environ six mois puis inculpée d’« incitation à la subversion du pouvoir de l’État ». Li Qiaochu est détenue par les autorités chinoises uniquement pour avoir signalé des violations des droits humains et pour son militantisme pacifique.

La Chine est partie à la Convention des Nations unies contre la torture et a donc l’obligation d’enquêter sur les allégations de torture et de protéger les personnes qui font état de tels actes comme Li Qiaochu. Cette dernière est pourtant réduite au silence aux mains des autorités chinoises.

Depuis que Xi Jinping a pris le pouvoir fin 2012, l’espace dédié aux défenseur·e·s des droits humains en Chine s’est rapidement réduit. C’était déjà évident lorsque Pékin a été choisie pour organiser les prochains Jeux olympiques d’hiver, le 31 juillet 2015. Seulement quelques semaines avant cette annonce, le gouvernement chinois a lancé « la répression du 9 juillet », ainsi appelée car elle a commencé le 9 juillet 2015. Près de 250 avocat·e·s et militant·e·s ont été interrogé·e·s ou placé·e·s en détention par des agents de la sûreté de l’État.

Aujourd’hui, la Chine continue de persécuter sans relâche les défenseur·e·s des droits humains et les militant·e·s, qui sont systématiquement soumis·es à des actes de harcèlement, des manœuvres d’intimidation, des disparitions forcées, des placements en détention au secret et arbitraires, voire de longues peines d’emprisonnement. L’absence d’indépendance du pouvoir judiciaire et de véritables garanties en matière de procès équitable ne fait qu’accentuer ces violations persistantes.

Des militant·e·s et des défenseur·e·s des droits humains sont régulièrement pris·es pour cible et inculpé·e·s d’infractions définies en des termes vagues et de grande portée, comme la « subversion de l’État », l’« incitation à la subversion de l’État » ou le fait d’avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ».

Li Qiaochu, une militante féministe en Chine

Elle fait partie du grand nombre de militant·e·s pacifiques en détention. Elle a une vaste expérience de travail sur diverses questions de justice sociale. Pendant l’hiver 2017, les autorités de Pékin ont expulsé des « populations à faible revenu », en ciblant principalement les travailleurs migrants. Il s’agissait de la plus grande opération d’expulsions forcées dans la capitale chinoise depuis les préparatifs pour les Jeux olympiques d’été de 2008.

Li Qiaochu a alors travaillé avec des bénévoles pour compiler et diffuser des informations sur les communautés les plus touchées afin d’aider les travailleurs migrants expulsés à retrouver un emploi et à se reloger à un prix abordable. En tant que féministe, elle a également participé activement à plusieurs campagnes nationales #MeToo. Elle a rassemblé des données, rédigé des rapports et publié en ligne des messages exprimant son soutien au mouvement.

En juin 2019, les médecins lui ont diagnostiqué une dépression et elle a dû prendre un traitement régulier, sans pour autant cesser ses activités militantes. Avec l’arrivée de l’épidémie de COVID-19, elle s’est portée volontaire pour apporter son aide en ligne et sur le terrain, et à faire de la prévention dans les petites localités.

Li Qiaochu a été arrêtée et interrogée plusieurs fois à propos de son compagnon Xu Zhiyong, détenu depuis février 2020. Un an plus tard, peu après avoir publiquement dénoncé les actes de torture et mauvais traitements infligés à son partenaire et d’autres personnes, elle a reçu un appel d’un policier de Pékin qui lui a demandé de sortir de chez elle pour « discuter ». Elle a été arrêtée puis accusée d’« incitation à la subversion de l’État ». À ce jour, les autorités n’ont fourni aucun élément crédible indiquant que cette femme aurait commis une infraction reconnue par le droit international.

Li Qiaochu doit être libérée immédiatement et sans condition, à moins qu’il n’existe de réels éléments de preuve contre elle et qu’elle ne soit jugée équitablement.En faisant état de violations des droits humains, elle n’a rien fait de plus qu’exercer son droit à la liberté d’expression.

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