Elle a signalé l’arrestation de journalistes indépendants, ainsi que le harcèlement des familles de victimes. Zhang Zhan a été portée disparue le 14 mai 2020 à Wuhan. Il a ensuite été révélé qu’elle était détenue par la police à Shanghai, à plus de 640 km de là. La journaliste a entamé une grève de la faim en juin 2020 pour protester contre sa détention et clamer son innocence. D’après son avocat, elle a alors été nourrie de force par les autorités, obligée de porter des chaînes aux pieds et menottée de façon permanente pendant plus de trois mois.
Ces sévices visant à la faire interrompre sa grève de la faim équivalent à une violation de l’interdiction absolue de la torture et d’autres mauvais traitements. Le 28 décembre, cette femme a été condamnée à quatre ans de prison pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ». Zhang Zhan est une prisonnière d’opinion, incarcérée uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression.
Elle poursuit une grève de la faim partielle depuis son transfert en prison. Le 2 août 2021, pour la première fois en cinq mois, elle a pu parler à sa mère, qui lui a demandé instamment de mettre un terme à sa grève. Cependant, Zhang Zhan reste déterminée à continuer son action afin d’affirmer son innocence et de protester contre sa condamnation, malgré les graves risques pour sa santé.
À ce jour, toutes les demandes de visite formulées par sa famille ont été refusées sans qu’aucune raison ne soit fournie. Ne pouvant pas contacter ses proches et les avocats de son choix, Zhang Zhan risque de subir d’autres actes de torture et mauvais traitements, surtout si elle poursuit sa grève de la faim.
Zhang Zhan une lanceuse d’alerte réduite au silence suite aux révélations sur le Covid19
Le gouvernement chinois a essayé de contrôler les informations relatives à l’épidémie due au coronavirus dès le début. Le médecin Li Wenliang a tenté d’avertir la population de la situation en décembre 2019, mais il a été immédiatement réduit au silence et sanctionné par les autorités pour avoir « répandu des rumeurs ». Il est décédé en février 2020 des effets du virus dont il cherchait à enrayer la propagation. Sa mort a déclenché une vague d’émotion et de colère dans tout le pays et sur Internet, et beaucoup ont exigé le respect de la liberté d’expression et la fin de la censure.
Les autorités ont bloqué des centaines de combinaisons de mots-clés sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie. Depuis le début de l’épidémie de COVID-19 en Chine, de nombreux articles sur le virus sont censurés. Sur les réseaux sociaux, les publications portant sur le même sujet, les hashtags jugés sensibles et les appels au respect de la liberté d’expression sont rapidement supprimés.
Les journalistes citoyens comme Zhang Zhan ont été la principale, sinon la seule, source d’information libre et directe sur cette question dans le pays. En raison de leur statut d’indépendants non affiliés aux médias contrôlés par l’État, ils et elles doivent toujours faire preuve de prudence, et risquent constamment d’être la cible de harcèlement et de répression pour avoir publié et diffusé des informations réprouvées par le gouvernement, qui continue de contrôler et censurer le travail journalistique de façon stricte.
Visiblement dans le but de surveiller davantage les journalistes citoyens, les autorités ont adopté une nouvelle réglementation en janvier 2021, en vertu de laquelle tous les comptes publics qui fournissent un service d’information en ligne doivent obtenir une accréditation officielle en tant que média. Le même mois, elles ont annoncé que le renouvellement de la carte de presse – obligatoire pour les journalistes qui travaillent pour les médias appartenant à l’État et approuvés – impliquerait un examen de leurs comptes sur les réseaux sociaux, renforçant ainsi le contrôle gouvernemental de l’expression des journalistes dans la sphère professionnelle et privée.
Zhang Zhan doit être remise en liberté immédiatement et sans condition. En informant la population de la réalité du COVID-19 en Chine, elle n’a rien fait de plus qu’exercer son droit à la liberté d’expression.