Personne n’est en sécurité lorsque des États ont recours à la torture ou admettent son usage. Tout le monde peut en être victime, quel que soit son âge, son genre, son origine ethnique ou ses opinions politiques. Souvent, les autorités commencent par torturer avant de poser des questions.
Certains sont torturés simplement parce qu’ils se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment, parce qu’ils ont été pris pour quelqu’un d’autre, ou parce qu’ils ont dérangé de puissants intérêts financiers ou politiques – ce qui peut être un véritable problème dans les pays où la police est corrompue.
Cependant, certaines personnes et certains groupes sont plus vulnérables que d’autres. Dans beaucoup de pays, des gens sont torturés en raison de leurs convictions politiques ou parce qu’ils exercent leur liberté d’expression. Les membres de certaines religions ou de groupes minoritaires sont aussi davantage menacés, de même que ceux qui sont pris pour cibles pour des motifs liés à leur identité. Les suspects de droit commun sont eux aussi souvent soumis à la torture. Les membres de groupes armés et les personnes soupçonnées d’infractions liées au terrorisme ou considérées comme une menace pour la sécurité nationale sont particulièrement vulnérables : dans beaucoup de pays, ils n’ont pratiquement aucune chance d’échapper à la torture.
Nombre de victimes de la torture sont issues de groupes déjà défavorisés : les femmes, les enfants, les membres de minorités ethniques, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres ou intersexuées, et, très largement, les pauvres. Or, c’est justement pour ces personnes qu’il est difficile, voire impossible, d’obtenir réparation. En effet, elles manquent souvent des connaissances, des contacts ou des moyens financiers nécessaires pour porter plainte contre leurs tortionnaires. Elles peuvent se heurter à des autorités peu enclines à les croire, et subir de nouvelles violations pour avoir osé parler.
Les enfants et les jeunes sont victimes de torture dans de nombreux pays. En garde à vue, les mineurs sont particulièrement vulnérables au viol et à d’autres formes de violences sexuelles, tant de la part des policiers que des autres détenus.
Des femmes et des hommes – mais principalement des femmes – sont victimes de torture liée au genre, notamment sous la forme de viols et d’autres violences sexuelles. Certaines formes de torture et d’autres mauvais traitements sont spécifiques aux femmes, par exemple les avortements forcés ou à l’inverse le rejet des demandes d’avortement, les stérilisations forcées et les mutilations génitales féminines. En outre, les femmes ont parfois moins facilement accès aux recours juridiques et peuvent être soumises à des lois discriminatoires, ce qui restreint encore plus leurs possibilités d’obtenir justice en cas de torture.
En détention, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres ou intersexuées (LGBTI) ne se voient pas infliger les mêmes sévices que les prisonniers hétérosexuels. Ainsi, les transgenres sont souvent détenus dans des établissements destinés aux personnes du genre qui était le leur à la naissance et non de celui de leur choix, et les gays et les lesbiennes subissent plus fréquemment que les hétérosexuels des violences sexuelles infligées par d’autres détenus ou par le personnel pénitentiaire.
Les mesures de lutte contre la torture doivent donc tenir compte des spécificités liées au genre, être valables pour tous les genres et comprendre des mesures particulières destinées à protéger les personnes LGBTI.