Les méthodes de torture
Les méthodes de torture recensées par Amnesty International varient d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre. Vous trouverez ci-après quelques exemples de méthodes sur lesquelles l’organisation dispose d’informations.
Les coups sont aujourd’hui la méthode de torture et de mauvais traitements la plus répandue dans le monde. Une personne peut être frappée à coups de pied ou de poing, ou par le moyen d’un bâton, d’une crosse de fusil, d’un fouet improvisé, d’un tuyau en fer, d’une batte de baseball ou d’une matraque à impulsion électrique. Les coups provoquent contusions, hémorragies internes, fractures osseuses, dents cassées, lésions aux organes internes. Dans certains cas ils entraînent la mort.
Les décharges électriques, le maintien dans des positions douloureuses et l’isolement prolongé (certaines personnes sont détenues à l’isolement pendant des mois, voire des années) comptent parmi les autres méthodes courantes.
Bien que moins courantes, les méthodes suivantes restent fréquemment utilisées : coups de fouet, simulacre d’exécution et simulacre de noyade, asphyxie, souvent au moyen d’un sac en plastique ou d’un masque à gaz dont l’arrivée d’air est coupée.
Dans certaines régions, des informations ont été recueillies à propos de personnes en détention à qui l’on introduit des aiguilles sous les ongles, ou que l’on brûle avec une cigarette ou même qui reçoivent des coups de couteau. Des cas de prisonniers amenés par la force à boire leur propre urine, de l’eau sale ou des produits chimiques sont également signalés. La privation de sommeil et la privation sensorielle font aussi partie des méthodes recensées. Des cas de personnes privées de nourriture et d’eau pendant plusieurs jours ont été signalés.
Dans plusieurs pays, il est fait état de l’usage du viol et des menaces de viol. L’humiliation compte aussi au nombre des méthodes répandues. Le simulacre d’exécution et les menaces de violences contre la victime et/ou les membres de sa famille sont des formes courantes de torture mentale.
L’administration forcée de substances psychotropes a été signalée, de même que la pratique de stérilisations et d’avortements forcés en tant que forme de torture.
De nombreux prisonniers sont détenus dans des cellules répugnantes et surpeuplées, où il règne une chaleur étouffante. Le recours délibéré à des conditions de détention épouvantables constitue un acte de torture.
Plusieurs nations continuent de faire usage de châtiments judiciaires corporels, dont les formes les plus communes sont la flagellation et l’amputation. L’amputation et le marquage au fer rouge comptent parmi les méthodes visant à mutiler de manière permanente ; tous les châtiments corporels peuvent toutefois provoquer des blessures permanentes ou de longue durée. Quelles que soient les dispositions législatives au niveau national, toutes les formes de châtiments corporels sont interdites au regard du droit international car elles sont cruelles, inhumaines et dégradantes et constituent dans bien des
cas des actes de torture.
Dans certains pays, les autorités utilisent la religion d’une personne pour la torturer ou la maltraiter : rasage forcé de la barbe d’un musulman par exemple.
Des personnes sont soumises à des températures extrêmes pendant de longues périodes (plusieurs jours, souvent). Des victimes expliquent qu’on leur a versé de l’eau bouillante en permanence sur la peau ou qu’on leur a perforé le genou, le coude ou l’épaule avec une perceuse électrique.
Parmi les autres méthodes de torture, citons l’utilisation de chiens ou de rats, les injures répétées, souvent à caractère racial ou religieux, et le port forcé d’une cagoule ou d’un bandeau.
Il arrive que, de manière délibérée ou par négligence, des prisonniers soient privés de soins médicaux, ce qui dans certains cas entraîne la mort.
La torture peut provoquer des préjudices physiques permanents ou durables, et même si de nombreuses techniques ne laissent pas nécessairement de marque physique, toutes les méthodes sont susceptibles d’avoir des conséquences durables et dévastatrices. Au plan psychologique, citons : les troubles de l’anxiété, la dépression, l’irritabilité, le sentiment de honte et d’humiliation, les dysfonctionnements de la mémoire, la difficulté à se concentrer, les maux de tête, les troubles du sommeil et les cauchemars, l’instabilité émotionnelle, les problèmes de sexualité, l’amnésie, l’automutilation, les idées suicidaires et l’isolement social.
Ces dessins ont été réalisés avec l’aide d’un codétenu sur les indications d’Ali Aarrass (voir cas ci-dessus) et montrent les tortures qu’il a subies au Maroc en 2010.
Nous avons traduit de l’espagnol les descriptions rédigées par Ali (de haut en bas et de gauche à droite) :
1. « Traction des deux côtés, coups de fouet sur les jambes et les parties intimes. »
2. « Suspension pendant des heures, coups sur la plante des pieds et le derrière. »
3. « Maintien dans cette position pendant des heures, coups de fouet sur les jambes et le derrière. »
4. « Au moyen d’un chiffon ou d’une lavette, suffocation par introduction d’eau dans les narines et la bouche. »