CARAÏBES ANGLOPHONES : Il ne faut pas revenir en arrière - Répondre à un meurtre par un meurtre n’est pas la solution.

Desmond Tutu et la famille de Martin Luther King Jr se joignent aux membres
d’Amnesty International de 25 pays pour appeler à la non-reprise des
exécutions.
Index AI : AMR 05/001/2003

Le dimanche 19 janvier Amnesty International diffusera dans les principaux
journaux jamaïcains une annonce appelant le gouvernement et les citoyens de
l’île à reconsidérer leur soutien à la peine capitale. Pour cette annonce,
l’archevêque Desmond Tutu - qui a décrit récemment les exécutions comme des
" actes de vengeance et non de justice " - et la famille de Martin Luther
King Jr se sont joints aux membres d’Amnesty International de 25 pays pour
s’opposer à la reprise des exécutions à la Jamaïque.

" La colère et la peur ressenties par les habitants des Caraïbes face à la
terrible violence de criminels est compréhensible. Toutefois, perpétuer le
meurtre à travers la peine capitale ne constitue pas une réponse ; cela ne
sert qu’à perpétuer le cycle de la violence ", a déclaré Amnesty
International ce vendredi 17 janvier 2003.

Alors que les pays des Caraïbes anglophones cherchent comment faire face à
un nombre alarmant de crimes violents, de nombreux dirigeants politiques de
pays tels que le Bélize, la Jamaïque, la Barbade, Trinidad-et-Tobago ont
proposé le rétablissement des exécutions comme une des réponses possibles,
citant la " volonté du peuple " pour se justifier.

" Il faudrait que les dirigeants politiques cessent de se servir de leur
perception de l’opinion publique pour justifier que soient commises des
violations des droits humains sous couvert de la loi, a déclaré
l’organisation.

" La peine capitale n’est qu’une politique du "frapper fort" vide de sens,
populaire auprès de politiciens voulant montrer qu’ils s’attaquent à la
criminalité, mais il n’a jamais été prouvé qu’elle ait un effet dissuasif
sur les criminels, pas plus qu’aucune autre peine sévère. Au contraire, elle
pourrait même entraîner une hausse de la criminalité, du fait de son effet
déshumanisant sur la société ".

Amnesty International appelle les dirigeants politiques des Caraïbes à
suivre l’exemple de George Ryan, gouverneur de l’Illinois. Le 11 janvier
2003, après avoir imposé un moratoire sur les exécutions en 2000, George
Ryan a commué les peines capitales de tous les prisonniers condamnés à mort
dans son État. Quatre d’entre eux ont été relâchés au motif qu’ils étaient
probablement innocents. Auparavant partisan de la peine de mort, le
gouverneur Ryan a, dans le passé, signé des arrêts de mort et supervisé des
exécutions. Parmi les nombreuses raisons avancées pour commuer ces peines,
le gouverneur a cité des lacunes dans l’administration de la peine capitale,
comme l’absence de garanties contre l’exécution d’innocents. De nombreuses
lacunes semblables existent dans les Caraïbes, mais les gouvernements
refusent de les voir.

Plus de deux cents pays ont renoncé aux exécutions judiciaires et de
nombreux dirigeants se sont prononcés contre la peine de mort. Nelson
Mandela a décrit l’homicide par décision judiciaire comme " barbare ".
Vladimir Poutine, président de Russie, Kofi Annan, secrétaire général des
Nations unies, et de nombreuses autres personnalités s’opposent à la peine
de mort, au nom des valeurs des droits humains. Au Kenya, le nouveau
gouvernement espère abolir la peine capitale au cours des six prochains
mois. Le ministre de la Justice de ce pays, Kiraitu Murungi, a récemment
déclaré : " Nous pensons que le droit humain fondamental qu’est le droit à
la vie doit être respecté et qu’aucun être humain ne devrait pouvoir prendre
la vie d’un autre. " À cela il a ajouté : " La peine capitale est une
punition barbare. "

Complément d’information
Le gouvernement de la Jamaïque fait actuellement des propositions en vue de
modifier la Constitution du pays pour faciliter la reprise des exécutions,
en retirant aux prisonniers condamnés à la peine capitale les protections
légales dont ils bénéficient. Qualifiant les exécutions d’expression de la "
volonté du peuple ", le gouvernement prétend se servir de la peine capitale
pour faire baisser le nombre de crimes violents. Des modifications
constitutionnelles similaires ont déjà été adoptées à la Barbade et sont en
cours d’examen au Bélize. Le gouvernement de Trinidad-et-Tobago a aussi
signifié son intention de faire adopter une loi visant à faciliter la
reprise des exécutions.
La dernière exécution dans la région a eu lieu aux Bahamas en janvier 2000

Pour plus d’informations concernant la peine de mort dans les Caraïbes
anglophones, vous pouvez consulter la version anglaise du rapport State
killing in the English speaking Caribbean : a legacy of colonial times [Les
exécutions judiciaires dans les Caraïbes anglophones : un héritage de
l’époque coloniale] (index AI : AMR 05/003/02) sur la page suivante du site
web

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