EGYPTE. Les forces de sécurité arrêtent et frappent des manifestants pacifiques

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI- 6 avril 2010

Amnesty International a condamné ce mardi 6 avril les arrestations, mises en détention et violences exercées à l’encontre de manifestants pacifiques en Égypte où plus de 90 personnes ont été arrêtées au Caire pour avoir pris part à des manifestations appelant à des réformes politiques.

Les manifestants réclamaient également que soit mis fin à l’état d’urgence imposé par le gouvernement depuis 29 ans et utilisé pour restreindre les mouvements de protestation, la liberté d’expression et bafouer d’autres droits fondamentaux.

« Ces actes d’intimidation à l’égard de militants de l’opposition et de détracteurs du gouvernement doivent cesser immédiatement », a déclaré Malcolm Smart, directeur pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.

« Les autorités égyptiennes doivent faire la preuve de leur engagement en faveur des droits humains en autorisant et en protégeant les manifestations pacifiques. »

Un lourd dispositif de sécurité avait été déployé tôt dans la matinée aux abords des principaux lieux de rassemblement au Caire, ainsi que dans de nombreuses universités, afin d’empêcher tout attroupement.
On ne sait pas avec certitude combien de personnes étaient présentes dans les manifestations ni combien ont tenté de s’y rendre.

Des manifestants ont été encerclés par les forces de sécurité qui les ont ensuite frappés à coups de pied et de poing alors qu’ils tentaient de rejoindre la place Tahrir, au centre du Caire. D’autres ont été frappés avec des bâtons et menacés par des agents en civil des forces de sécurité armés de couteaux.

Plusieurs arrestations ont eu lieu dans la gare d’Alexandrie, où de nombreuses personnes ont été empêchées de se rendre au Caire pour se joindre aux manifestations.

Ayman Nour, ancien candidat à la présidentielle et plusieurs membres du parti Al Ghad (Demain) qu’il dirige, auraient été bousculés et retenus dans les locaux du parti dans le centre du Caire.

La plupart des personnes arrêtées ont été sommées de remettre aux forces de l’ordre leur téléphone portable et leurs papiers d’identité. Les personnes détenues vont à présent être transférées dans un centre de détention appelé « la prison militaire ».

Certaines des personnes détenues auraient été gravement blessées au cours de leur interpellation. On craint également que beaucoup d’entre elles ne soient battues et maltraitées en détention.

Les autorités ont également interdit aux journalistes de couvrir les manifestations et leur ont confisqué leur matériel. Parmi les journalistes concernés figurent un correspondant de la chaîne Al Jazira, un reporter de la télévision égyptienne Egyptian Dream TV, un journaliste de l’hebdomadaire Al Karama et un photographe du journal al-Masry al Youm.

Les arrestations et mises en détention de ce mardi 6 avril surviennent alors que plusieurs groupes militant en faveur des droits civils avaient annoncé leur intention de manifester début avril, exigeant que les élections législatives prévues en mai, juin et novembre de cette année se déroulent librement et dans des conditions équitables.

«  Les autorités doivent immédiatement libérer toute personne arrêtée et détenue uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression et de réunion », a déclaré Malcolm Smart.

Depuis que l’état d’urgence a été imposé en 1981, les autorités égyptiennes ont eu recours aux dispositions de la loi relative à l’état d’urgence pour interdire les manifestations et restreindre la liberté d’expression et les droits relatifs à la liberté d’association et de réunion.

Les autorités égyptiennes sont également responsables de toute une série d’autres atteintes aux droits humains au cours des 29 dernières années : périodes prolongées de détention sans jugement, actes de torture et autres mauvais traitements, procès inéquitables devant des tribunaux militaires ou des tribunaux d’exception.

Amnesty International demande instamment au gouvernement égyptien de respecter le droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion, notamment en honorant l’engagement pris par l’Égypte devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, dans le cadre de l’Examen Périodique Universel de son bilan en matière de droits humains en février 2010, de garantir ces droits ainsi que le droit de participer à la vie publique et politique, conformément à ses obligations au regard du droit international.

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