ZIMBABWE. Des policiers armés incendient les logements de 250 personnes à Harare

ÉFAI - 27 août 2010

Index AI : PRE01/298/2010

Amnesty International demande au gouvernement zimbabwéen d’agir immédiatement afin de protéger quelque 250 personnes qui ont été expulsées de force de chez elles avant que leurs logements et effets personnels ne soient incendiés, lors d’une descente nocturne effectuée par la police zimbabwéenne.

D’après les personnes expulsées, des membres de la police nationale ont fait irruption dans le camp informel du quartier de Gunhill, à Harare, le 25 août vers 00 h 30. Certains de ces policiers étaient armés et accompagnés de chiens. Les résidents n’ont reçu aucun avis d’expulsion et ne se sont vu accorder que 10 minutes pour rassembler leurs affaires avant qu’on leur ordonne de monter à bord d’un véhicule de police. La police n’a fourni aucune information sur les raisons motivant cette expulsion, ni précisé de qui venait l’ordre.

« Contraindre des gens à quitter leur domicile au milieu de la nuit n’est justifiable dans aucune circonstance, a déclaré Michelle Kagari, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International. La brutalité qui a caractérisé cette expulsion forcée est alarmante. »

À la suite de l’expulsion, 55 habitants, dont cinq enfants, ont été conduits au poste de police central de Harare et placés en détention sans pouvoir parler à un avocat. Les avocats ayant essayé d’assister leurs clients au poste de police n’ont obtenu aucune information concernant la raison de leur privation de liberté. Les 55 détenus ont tous été libérés sans inculpation le jour-même.

Les résidents du camp de Gunhill ont précédemment été visés par des raids policiers, lors desquels des habitants ont été soumis à une arrestation arbitraire, incarcérés puis remis en liberté sans inculpation, ce qui semble relever d’un harcèlement policier systématique.

Ce groupe, qui compterait environ 250 personnes, a depuis lors pu retourner dans le quartier informel de Gunhill et ses membres vivent dehors, sans rien pour s’abriter.

« Amnesty International exhorte les autorités zimbabwéennes à fournir à ces personnes désormais à la rue un abri d’urgence, a ajouté Michelle Kagari. Elles doivent aussi veiller à ce que les victimes bénéficient de réparations adaptées, en particulier de solutions de relogement satisfaisantes et d’une indemnisation. »

« Le gouvernement d’unité doit mettre fin à la déplorable pratique que constituent les expulsions forcées et garantir à la population de Gunhill qu’elle n’aura pas à revivre cette terrible épreuve », a poursuivi Michelle Kagari.

Une grande partie des habitants de Gunhill sont d’anciennes victimes de l’opération Murambatsvina (Rétablir l’ordre), un programme d’expulsions forcées massives mis en place par les autorités zimbabwéennes en 2005, dans le cadre duquel 700 000 personnes ont perdu leur logement. Ils s’étaient installés au camp de Gunhill à la suite de l’expulsion de 2005.

« Le gouvernement a échoué de manière répétée dans sa mission consistant à indemniser ou reloger les victimes de l’opération Murambatsvina. Des centaines de milliers de personnes continuent à vivoter dans des conditions déplorables, et nombre d’entre elles continuent à risquer d’être de nouveau expulsées », a conclu Michelle Kagari.

Note

• Par « expulsion forcée », on entend une expulsion menée sans préavis adéquat, sans consultation des personnes concernées, sans garanties juridiques et sans mesures de relogement dans des conditions satisfaisantes. En tant que partie au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) et à d’autres traités internationaux relatifs aux droits humains interdisant les expulsions forcées et les atteintes aux droits humains qui y sont liées, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), le Zimbabwe a l’obligation de mettre fin aux expulsions forcées et de protéger la population de ce type d’atteintes.

• Les habitants de Gunhill ont précédemment été visés par une expulsion forcée en juillet 2009, lorsque le maire adjoint de Harare avait déclaré que les autorités municipales envisageaient d’expulser les occupants des « installations et marchés illégaux afin de rétablir l’ordre ». Cependant, à la suite d’une action menée par Amnesty International et une coalition d’organisations zimbabwéennes, le maire de Harare est revenu sur ces propos.

• Dans le cadre de la campagne Exigeons la dignité qu’elle a lancée en mai 2009, Amnesty International demande aux gouvernements au niveau mondial de prendre toutes les mesures nécessaires, notamment en adoptant des lois et des politiques conformes au droit international relatif aux droits humains, afin d’interdire et d’empêcher les expulsions forcées.

• La campagne Exigeons la dignité menée par Amnesty International vise à mettre fin aux violations des droits humains qui génèrent et aggravent la pauvreté dans le monde. Elle mobilise des sympathisants dans le monde entier pour demander que les gouvernements, les grandes entreprises et les détenteurs du pouvoir écoutent la voix de ceux qui vivent dans la pauvreté et reconnaissent leurs droits pour mieux les protéger. Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site http://demanddignity.amnesty.org/campaigns-en/.

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