À haut niveau, Amnesty International demande l’obligation de rendre des comptes en matière de droits humains en Papouasie

Lors d’une réunion qui s’est tenue ce mardi 6 décembre 2011 à Djakarta avec Djoko Suyanto, ministre coordinateur des Affaires politiques, juridiques et de sécurité, Amnesty International a prié le gouvernement indonésien d’intégrer la question des droits humains dans les mesures visant à faire face à la situation en Papouasie.

Le gouvernement indonésien a certes le devoir et le droit de maintenir l’ordre public, mais il doit aussi veiller à ce qu’aucune restriction à la liberté d’expression et de rassemblement pacifique n’excède ce qui est permis au titre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), ratifié par le gouvernement indonésien.

Au moins 90 personnes sont aujourd’hui détenues dans les provinces de Papouasie et des Moluques pour avoir mené des activités indépendantistes, pourtant pacifiques. Filep Karma, un prisonnier d’opinion papou, purge actuellement une peine de 15 ans de prison à Abepura, dans la province de Papouasie.

Le gouvernement indonésien doit remettre en liberté toutes les personnes emprisonnées en Papouasie et aux Moluques pour avoir exprimé leurs opinions, de façon pacifique, notamment en hissant ou en agitant des drapeaux indépendantistes interdits, et faire la différence entre les militants politiques pacifiques et ceux qui ont recours à la violence.

Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a récemment entamé un dialogue avec les militants papous et mis en place un groupe de travail spécial pour renforcer la croissance économique dans la région, riche en ressources mais sous-développée.

Amnesty International a appelé le gouvernement à mettre en œuvre l’ensemble des dispositions de la Loi spéciale relative à l’autonomie, adoptée en 2001, et notamment à établir un tribunal des droits humains et une commission de la vérité et de la réconciliation.

Le ministre coordinateur a annoncé que le gouvernement s’engageait à garantir l’obligation de rendre des comptes pour les atteintes aux droits humains commises par les forces de sécurité. Toutefois, Amnesty International a critiqué le recours à des sanctions administratives légères ou la tenue de procès à huis clos à la suite de violations des droits humains ayant impliqué des membres des forces de sécurité.

Amnesty International s’est également dite préoccupée par les attaques dont font actuellement l’objet les défenseurs des droits humains et les journalistes, ainsi que l’absence d’un mécanisme indépendant et impartial qui permettrait d’évaluer la situation des droits humains en Papouasie. L’organisation a appelé le ministre à accorder aux observateurs internationaux, aux organisations non gouvernementales et aux journalistes un accès permanent et sans restriction aux provinces de Papouasie et de Papouasie occidentale.

Cette rencontre avait été proposée par le président Yudhoyono lors d’une réunion de son cabinet fin octobre, en réaction aux inquiétudes exprimées par Amnesty International quant aux violations des droits humains perpétrées dans le cadre du troisième Congrès du peuple papou à Abepura, en Papouasie, le 19 octobre 2011. Au moins trois personnes avaient été tuées et des centaines d’autres arrêtées et maltraitées de façon arbitraire par les forces de sécurité indonésiennes.

Amnesty International ne prend aucunement position sur le statut politique des provinces d’Indonésie, ni sur les appels à l’indépendance. Elle estime toutefois que le droit à la liberté d’expression comprend le droit de plaider pacifiquement en faveur de référendums, de l’indépendance ou de toute autre solution politique, quelle qu’elle soit, dans la mesure où elle n’implique pas d’incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence.

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