Accord UE-Turquie. Un anniversaire honteux

Noori, un jeune réfugié turc de 21 ans, est un cas emblématique de cet accord entre l’UE et la Turquie : son cas est alarmant.

L’Accord UE-Turquie, qui est à l’origine de souffrances pour des milliers de réfugiés et de migrants, est une tâche sur la conscience collective de l’Europe, a déclaré Amnesty International à l’occasion du premier anniversaire de ce traité.

Cet accord qui visait à renvoyer les demandeurs d’asile en Turquie, considérant ce pays comme sûr pour eux, n’a pas rempli ses objectifs, mais à cause de lui, des milliers de personnes se sont retrouvées exposées à des conditions dangereuses et sordides sur les îles grecques.

« Aujourd’hui, nous commémorons un jour sombre dans l’histoire de la protection des réfugiés, où les dirigeants européens ont tenté de se dégager de leurs obligations internationales, sans tenir compte du coût en termes de misère humaine, a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Il y a un an, les îles grecques ont été transformées en prisons à ciel ouvert, les côtes de l’Europe étant passées de zones d’asile à des lieux pleins de dangers. Une année après, des milliers de personnes demeurent coincées dans une situation dangereuse, désespérée et apparemment sans issue. »

La plupart des demandeurs d’asile accueillis dans les camps ne sont pas autorités à quitter les îles. Ils sont parqués dans des conditions sordides, entassés les uns sur les autres et parfois victimes de crimes violents motivés par la haine. Cinq personnes réfugiées à Lesbos, dont un enfant, sont mortes à la suite de problèmes étroitement liés à ces conditions.

Bien que les dirigeants européens entretiennent l’illusion que la Turquie est un pays sûr pour les réfugiés et les demandeurs d’asile, les tribunaux grecs ont toujours empêché jusqu’à présent le renvoi de demandeurs d’asile syriens en Turquie pour ce motif.

Cependant, Amnesty International a recensé des cas où des demandeurs d’asile syriens ont été renvoyés de force en Turquie sans avoir pu déposer leur demande et sans pouvoir contester leur renvoi, en violation du droit international. D’autres sont repartis en Turquie « de leur plein gré » en raison de la situation désastreuse sur les îles grecques.

Le premier anniversaire de l’accord coïncide avec la date limite à laquelle les avocats peuvent soumettre des éléments complémentaires dans une affaire examinée par la plus haute juridiction administrative de la Grèce afin de déterminer si la Turquie peut être considérée comme un « pays sûr » pour les réfugiés.

Cette affaire concerne « Noori », un demandeur d’asile âgé de 21 ans qui est détenu illégalement depuis plus de six mois, sa demande d’asile ayant été jugée irrecevable par des tribunaux grecs qui ont estimé que la Turquie était un « pays tiers sûr » pour lui. En fonction de la décision finale, il pourrait être renvoyé immédiatement en Turquie. Le jugement, attendu avant la fin du mois de mars, pourrait créer un précédent et ouvrir la voie à d’autres retours forcés.

Au lieu d’essayer de renvoyer des demandeurs d’asile et des réfugiés en Turquie, où ils ne bénéficient pas d’une protection efficace, l’UE doit collaborer avec les autorités grecques pour transférer sans délai les demandeurs d’asile en Grèce continentale pour que leur cas soit traité. Les gouvernements européens doivent permettre aux demandeurs d’asile d’accéder à la relocalisation ou à d’autres moyens sûrs et légaux de rejoindre d’autres pays d’Europe, tels que le regroupement familial ou les visas humanitaires.

Malgré ses insuffisances manifestes et ses manquements flagrants au regard du droit international, l’Accord UE-Turquie a été présenté par certains dirigeants européens comme un modèle qui pourrait être reproduit avec d’autres pays.

« Le fait que des responsables européens présentent comme une réussite un accord qui a causé de telles souffrances révèle que l’Accord UE-Turquie ne vise absolument pas à protéger les réfugiés mais bien à les maintenir en dehors de l’Europe, a déclaré John Dalhuisen.

« L’Accord UE-Turquie est une tache sur la conscience collective de l’Europe. Alors qu’il entre dans sa deuxième année d’existence, il ne doit pas être considéré comme un modèle pour d’autres accords, mais comme un modèle de désespoir causé à des milliers de personnes désespérées qui ont fui la guerre et les conflits pour chercher l’asile. »

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