Actions devant les ambassades de Turquie

Dans le cadre d’une mobilisation internationale, Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty a été enfermé symboliquement dans une cage devant l’ambassade de Turquie pour réclamer la libération de nos collègues turcs, ainsi que d’autres éminents défenseurs des droits humains.

Des militants de plus de 30 pays ont participé aux manifestations devant les ambassades de Turquie le 10 juillet pour réclamer la libération du président et de la directrice d’Amnesty International Turquie, ainsi que d’autres éminents défenseurs des droits humains placés derrière les barreaux dans le cadre d’une répression qui ne cesse de se durcir.

Ces manifestations sont organisées alors que cela fait un mois que le président de l’organisation, Taner Kiliç, a été placé en détention provisoire pour des accusations sans fondement, et cinq jours que la directrice, Idil Eser, et sept éminents défenseurs des droits humains ont été arrêtés. Ils font tous l’objet d’enquêtes pénales, au motif absurde qu’ils sont soupçonnés d’être membres d’une « organisation terroriste armée ».

« À l’approche du premier anniversaire de l’état d’urgence en Turquie, ces affaires montrent à quel point la répression consécutive au coup d’État visant l’opposition réelle ou présumée a pris une tournure arbitraire et intense. Chaque jour, notre demande en faveur de la libération immédiate et inconditionnelle de nos collègues monte en puissance et nous continuerons de nous faire entendre, a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.

« Nous ne resterons pas inactifs alors que des défenseurs respectés des droits humains sont jetés en prison pour des motifs fallacieux, dans le cadre d’une manœuvre clairement nuisible visant à intimider les voix critiques en Turquie qui refusent de se taire. Tant qu’ils seront maintenus derrière les barreaux, nous défilerons pour eux. Tant qu’ils seront bâillonnés, nous parlerons en leur nom. »

À Bruxelles, des militants d’Amnesty International se sont rassemblés devant l’ambassade de Turquie. Ils ont déployé une banderole et ont enfermé symboliquement dans une cage le directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

« Après le président de la section turque de notre organisation, c’est maintenant au tour de la directrice, Idil Eser, de faire les frais de la féroce répression post-coup d’État manqué qui se poursuit depuis presque un an en Turquie. Les soupçons dont elle fait l’objet sont tout à fait absurdes et témoignent de la difficulté pour les militants des droits humains de mener leur mission pacifiquement dans le pays. », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

Idil Eser, sept éminents défenseurs des droits humains et deux formateurs ont été arrêtés alors qu’ils participaient à un atelier de formation. Pendant plus de 28 heures, les autorités ont refusé de révéler où ils se trouvaient et les ont privés du droit d’appeler leurs proches. Leur détention initialement approuvée pour sept jours pourrait être prolongée pendant sept jours supplémentaires sans qu’ils ne soient présentés devant un tribunal.

Taner Kiliç a été arrêté le 6 juin. Trois jours plus tard, il était inculpé d’« appartenance à l’organisation terroriste de Fethullah Gülen » et placé en détention provisoire. Selon les autorités, l’élément qui lierait Taner Kiliç au mouvement de Fethullah Gülen est la présence de Bylock – application de messagerie mobile cryptée qui, selon les autorités, était utilisée par les membres de l’« organisation terroriste Fethullahiste » – sur son téléphone en août 2014.

Aucune preuve n’a été fournie pour étayer cette affirmation, et Taner Kiliç nie avoir jamais téléchargé ou utilisé Bylock, ni même en avoir entendu parler, avant que l’utilisation présumée de cette application ne soit largement relayée dans les médias en lien avec les récentes arrestations et inculpations.

« Depuis un mois, mon époux est emprisonné illégalement et injustement. Nous sommes dévastés, a déclaré Hatice Kiliç, l’épouse de Taner Kiliç.

« Je tiens à remercier tous ceux qui nous soutiennent durant cette épreuve, au nom de mon époux et de ma famille. Et j’espère que cette mobilisation va se poursuivre jusqu’à ce que Taner sorte de prison. »

Complément d’information

Outre Idil Eser, les sept défenseurs des droits humains placés en détention sont : İlknur Üstün, de Women’s Coalition ; Günal Kurşun, avocat à Human Rights Agenda Association ; Nalan Erkem, avocate à Citizens’ Assembly ; Nejat Taştan, d’Equal Rights Watch Association ; Özlem Dalkıran, de Citizens’ Assembly ; Şeyhmuz Özbekli, avocate ; et Veli Acu, de Human Rights Agenda Association.

Taner Kiliç a fait partie du bureau exécutif d’Amnesty International Turquie à plusieurs reprises depuis 2002, et il en est le président depuis 2014. Au cours des décennies qu’il a passées à travailler pour des organisations de défense des droits humains en Turquie, il a toujours fait preuve d’un engagement sans équivoque en faveur de la défense de ces droits.

Depuis la tentative de coup d’État de juillet 2016, le gouvernement turc mène une intense campagne de répression à l’encontre des fonctionnaires, de la société civile et des médias. Plus de 100 000 fonctionnaires (enseignants, forces de l’ordre, professionnels de la santé et de la justice) ont ainsi été limogés et nombre d’entre eux emprisonnés ; plusieurs centaines d’ONG et de médias ont été fermés et plus de 100 journalistes incarcérés.

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