Afghanistan : La CPI refuse d’autoriser une enquête, cédant aux menaces des États-Unis

La décision qu’a prise la Cour pénale internationale (CPI) de ne pas autoriser une enquête sur les crimes de droit international commis en Afghanistan représente un scandaleux abandon des victimes et affaiblit davantage encore la crédibilité de cette institution, a déclaré Amnesty International le 12 avril.

La décision de la CPI intervient quelques jours seulement après que les États-Unis, qui avaient déjà adressé des menaces à la Cour, ont révoqué le visa de la procureure générale parce que l’enquête portait sur des crimes commis par les forces du pays.

« L’Afghanistan a été le théâtre, pendant plus de 15 ans, de crimes odieux commis pratiquement en toute impunité à travers le pays. La décision scandaleuse qu’a rendue la CPI le 12 avril revient à abandonner les victimes et elle affaiblit davantage encore sa crédibilité, déjà sujette à caution, a déclaré Biraj Patnaik, directeur pour l’Asie du Sud à Amnesty International.

Les juges de la CPI ont déclaré que leur décision a été influencée par la perspective d’avoir à enquêter dans des conditions difficiles, par le fait que les autorités nationales ne sont pas disposées à coopérer, et par des contraintes budgétaires.

« Aucune des raisons avancées par les juges de la CPI ne justifie cette décision. En cas de crimes de la plus grande gravité, les enquêtes se font toujours dans des conditions difficiles. La réticence de la Cour à mener de telles enquêtes du fait de ces difficultés ne fait que mettre en évidence ses limites et son manque de volonté, a déclaré Biraj Patnaik.

Le refus de la chambre préliminaire d’autoriser une telle enquête n’empêche pas la procureure de présenter une nouvelle demande basée sur d’autres faits ou éléments de preuve relatifs aux mêmes questions. Mais la crainte que l’attitude de la CPI n’ait été dictée par des considérations politiques, et non par des questions de droit, laisse peu d’espoir.

« Cette décision qui intervient si peu de temps après une série d’attaques perturbantes venant de hauts responsables américains, et à la suite de retards considérables et inexplicables jusqu’à présent, va en définitive être interprétée comme une lâche capitulation face aux menaces et intimidations exercées par Washington », a déclaré Biraj Patnaik.

« La Cour est moralement et juridiquement tenue de tendre la main aux victimes des crimes perpétrés en Afghanistan, et d’expliquer sa décision. »

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