Communiqué de presse

Afghanistan. La protection de la population civile doit s’améliorer dans le contexte de la transition sécuritaire

Le Conseil de sécurité des Nations unies doit veiller à ce que la protection de la population civile et la promotion des droits humains soient deux axes directeurs des efforts déployés par la communauté internationale et les autorités afghanes en Afghanistan, a déclaré Amnesty International.

Jeudi 10 octobre, le Conseil de sécurité devrait proroger le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan (FIAS) jusqu’à la fin de l’année 2014.

« Alors que le transfert de responsabilités en matière de sécurité des forces internationales aux forces afghanes entame sa dernière phase, il est essentiel que le gouvernement afghan, la FIAS et les États-Unis veillent à ce que toutes les garanties nécessaires soient en place pour empêcher que d’autres civils ne soient tués et pour rendre des comptes face à la hausse du nombre de victimes, a expliqué Horia Mosadiq, chercheuse sur l’Afghanistan à Amnesty International.

« Parallèlement au retrait complet des troupes de combat de la FIAS, les gouvernements doivent continuer à fournir une expertise internationale, un appui et une influence politiques ainsi qu’une aide financière. C’est une condition indispensable pour sauvegarder les modestes avancées de ces 12 dernières années et faire progresser davantage les droits humains. »

Les Nations unies ont indiqué que le nombre de civils afghans tués ou blessés au cours des six premiers mois de l’année 2013 avait augmenté par rapport à la même période l’an dernier. Plus de 1 319 civils ont été tués, pour la plupart par la rébellion armée. Les forces internationales et afghanes étaient responsables de 9 % de ces pertes civiles, et 12 % des victimes avaient trouvé la mort dans des affrontements entre ces forces et les insurgés.

Amnesty International est consciente des efforts déployés par la FIAS et les forces américaines pour limiter les victimes civiles, mais insiste sur le fait qu’ils ne sont pas suffisants. Des mesures de précaution supplémentaires doivent être prises, en particulier lors des frappes aériennes et des raids nocturnes menés dans des zones d’habitation civile.

Le Conseil de sécurité doit également engager les autorités afghanes et leurs alliés internationaux à renforcer les mesures visant à limiter le nombre de civils tués et blessés par les forces afghanes ainsi qu’à rendre des comptes lorsque des pertes civiles sont constatées, en offrant une indemnisation satisfaisante aux victimes et à leurs proches.

« Les forces internationales et afghanes doivent veiller à ce que justice soit rendue aux victimes civiles, en particulier en enquêtant sur les violations présumés des lois de la guerre, en engageant des poursuites judiciaires contre les responsables de ces violations et en fournissant une aide aux victimes d’opérations militaires injustes », a souligné Horia Mosadiq.

En outre, le Conseil de sécurité doit s’assurer que les droits des femmes ne sont pas oubliés lors de la transition sur le plan sécuritaire. Il faut tout particulièrement mieux protéger les militantes des droits des femmes, qui s’exposent toujours à de gros risques personnels.

Bien que le Conseil de sécurité ait insisté à maintes reprises sur la nécessité de protéger les droits des femmes en Afghanistan, la situation des femmes dans le pays ne s’est pas améliorée au cours de l’année dernière et s’est même, à certains égards, détériorée.

« De nombreuses militantes des droits des femmes continuent de faire l’objet de menaces de toutes parts, que ce soit chez elles, de la part de groupes armés ou encore des autorités. Aujourd’hui, certaines d’entre elles hésitent davantage à dénoncer les actes de discrimination et les agressions dont elles sont la cible, par crainte toujours de représailles. Dans le même temps, des modifications apportées par le Parlement à des textes législatifs essentiels portant protection des femmes contre la violence risquent de compromettre les mesures positives prises à ce jour », a ajouté Horia Mosadiq.

Les femmes demeurent généralement exclues des grands processus décisionnels. Sur les 70 membres du Haut conseil de paix, instance afghane désignée par le gouvernement et chargée de négocier avec les groupes armés comme les talibans, seuls huit sont des femmes. Les quotas de femmes dans les organes élus locaux ont été réduits, et la représentation des femmes dans la magistrature est manifestement insuffisante.

« Les femmes ne doivent pas être mises à l’écart des principaux processus décisionnels sur l’avenir de l’Afghanistan. Dans ses résolutions, le Conseil de sécurité n’a cessé de souligner que les femmes méritaient une place à la table des négociations et que leurs recommandations devaient être prises en compte. Malgré les risques qu’elles courent, de nombreuses femmes compétentes restent prêtes et décidées à façonner l’avenir de leur pays. Il appartient maintenant au Conseil de sécurité de garantir qu’elles disposent de l’espace et de l’appui nécessaires pour le faire », a conclu Horia Mosadiq.

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