Afghanistan. Les candidats aux élections craignent pour leur sécurité

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

16 septembre 2010

Des candidats aux élections afghanes, des personnes participant à la campagne électorale et des électeurs ont signalé à Amnesty International qu’ils étaient la cible d’un nombre croissant d’attaques et de menaces de la part des talibans et d’autres groupes insurgés à l’approche des élections législatives du 18 septembre 2010.

Les candidates de sexe féminin sont particulièrement menacées ; certaines ont raconté à Amnesty International que les forces de sécurité locales refusaient de les protéger, voire se moquaient d’elles quand elle signalaient des menaces ou des actes de violence.

« Il y a deux semaines, les talibans ont déposé une lettre de menaces devant ma porte pendant la nuit ; le matin, je l’ai apportée au poste de police local, mais personne n’a voulu prendre la menace au sérieux. L’un des policiers m’a dit que je l’avais bien cherché en me présentant aux élections », a témoigné une candidate. Craignant d’être prise pour cible à la fois par la police et par les groupes insurgés de son district, cette candidate a préféré rester anonyme.

Depuis juillet, trois candidats aux élections et au moins 15 participants à la campagne ont été tués, et plusieurs autres blessés dans des tentatives d’assassinat ratées. Au moins deux candidats ont été enlevés puis relâchés.

Les talibans ont revendiqué l’assassinat des trois candidats et un bon nombre d’autres attaques.

Amnesty International a exhorté le gouvernement afghan à offrir la même protection policière à tous les candidats, en se basant sur une évaluation objective des risques qu’ils encourent et non sur leur genre ou leur appartenance politique.

« Les Afghans ne doivent pas avoir à choisir entre leur sécurité et leur participation à la vie publique », a déclaré Madhu Malhotra, directrice adjointe du programme Asie et Pacifique d’Amnesty International.

« Le gouvernement afghan doit prendre très au sérieux toutes les attaques ou menaces contre des candidats, et ordonner qu’une enquête impartiale soit ouverte dans les plus brefs délais dès qu’un tel acte se produit. Par ailleurs, les talibans doivent cesser immédiatement de s’en prendre aux civils, notamment aux personnes qui participent aux élections. »

Des candidats ont expliqué à Amnesty International que, malgré leurs demandes répétées de protection contre les attaques des talibans, la police afghane ne faisait rien pour combattre les violences qui lui étaient signalées, et parfois n’ouvrait même pas d’enquête à leur sujet.

Une autre candidate, qui a aussi demandé à rester anonyme, a raconté avoir été récemment blessée par des hommes armés alors qu’elle faisait campagne.

« La police a arrêté deux personnes, qui se sont avérées être liées à un baron local d’une province du nord. Aujourd’hui, ces personnes ont été libérées et j’ai très peur, a-t-elle déclaré. J’ai demandé une protection policière mais je n’ai rien obtenu. »

La Commission électorale indépendante, organisme gouvernemental chargé de superviser le scrutin, a signalé le 5 septembre qu’au moins 938 des plus de 6 800 bureaux de vote du pays ne pourraient pas ouvrir pour des raisons de sécurité.

Ces bureaux de vote se trouvent principalement dans le sud et l’est de l’Afghanistan, où les groupes insurgés contrôlent de vastes territoires.

Le 13 septembre, le cabinet du président a affirmé que les forces de sécurité étaient tout à fait prêtes à assurer la sécurité du scrutin dans l’ensemble du pays.

Cependant, selon une ONG locale – la Fondation afghane pour des élections libres et équitables (FEFA) – des candidats de 14 des 34 provinces se sont plaint de l’insuffisance des mesures de sécurité sur les lieux où ils faisaient campagne, et d’autres candidats ont dit à Amnesty International ne pas s’attendre pas à une amélioration des mesures de sécurité le jour du scrutin.

Dans la province de Nangarhar, à l’est du pays, des observateurs de la FEFA ont récemment signalé de grandes disparités entre la protection offerte aux candidats soutenus par les autorités locales et la protection offerte aux autres candidats.

« Les forces de sécurité afghanes doivent offrir aux électeurs et aux candidats un niveau de protection et de sécurité fondé sur une évaluation objective des besoins. Tout le monde, y compris les femmes, doit pouvoir participer aux élections sans crainte d’être attaqué ou menacé », a souligné Madhu Malhotra.

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