Afrique du Sud. La fermeture des camps fait courir des risques aux personnes déplacées

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

La fermeture des camps où avait trouvé refuge la population victime de la vague de violence xénophobe ayant éclaté en Afrique du Sud en mai 2008 met gravement en danger la sécurité de ces personnes, dont les demandes d’asile ont été massivement rejetées.

L’alerte a été donnée lorsque le gouvernement sud-africain a proclamé à la réunion annuelle des États membres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui se tenait à Genève, qu’il gérait bien le contrecoup de cette violence.

« La délégation sud-africaine a dressé un bilan exagérément positif de la manière dont l’Afrique du Sud avait réagi à ce déplacement massif de population », a déclaré Louise Moor, spécialiste des droits fondamentaux des réfugiés au sein d’Amnesty International, qui s’est rendue le mois dernier dans les camps mis en place pour les personnes déplacées.

L’organisation a demandé que soient immédiatement suspendues les expulsions hors d’Afrique du Sud de personnes déplacées, afin de leur permettre de faire appel du rejet de leur demande d’asile dans le respect des règles de procédure.

« Les autorités sont en train de fermer les camps alors qu’aucun plan n’a été mis en œuvre pour assurer la réintégration de ceux qui risquent d’être victimes d’actes de violence et que, en violation du droit international, la quasi totalité des demandes d’asile sont rejetées dans le cadre d’une procédure entachée de nombreuses irrégularités », a indiqué Louise Moor.

« Non seulement ces personnes sont en danger en Afrique du Sud mais elles risquent en plus d’être forcées de retourner dans des pays connaissant de graves problèmes en matière de droits humains tels que la République démocratique du Congo, la Somalie et le Zimbabwe. Elles n’ont nulle part où aller pour être en sécurité. »

Amnesty International demande au gouvernement sud-africain de respecter les obligations qui sont les siennes envers ces personnes déplacées du fait des actes de violence xénophobe de mai dernier, et elle appelle le HCR à intervenir.

Ces milliers de personnes ont dû fuir de chez elles pour échapper aux coups, aux violences sexuelles, aux pillages et aux destructions.

« S’il est vrai que ceux qui ont dû fuir les violences de mai 2008 ont été protégés dans un premier temps et ont bénéficié de services de base dans les camps, ces personnes risquent désormais d’être à nouveau victimes d’atteintes à leurs droits fondamentaux », s’est inquiétée Louise Moor.

Le ministère de l’Intérieur a mis en place – en août dans les camps de la province du Gauteng et à la fin du mois de septembre dans les camps de la région du Cap – une procédure accélérée pour le traitement des demandes d’asile, qui n’offre pas les garanties nécessaires. Cette procédure de traitement des demandes d’asile se caractérise dans la grande majorité des cas par :
• un manque d’information sur son déroulement ;

• un manque de services adaptés d’interprétariat pour l’enregistrement des déclarations ;

• le non-respect de la confidentialité pendant les entretiens ;

• l’absence d’une assistance juridique adaptée ;

• des erreurs d’appréciation des faits dans les décisions des agents chargés de la détermination du statut de réfugié ; et

• l’absence de prise en compte des informations pertinentes sur le pays d’origine.

« La vitesse à laquelle les déclarations ont été consignées et, dans certains cas, le comportement condamnable des agents, ont ajouté à la confusion et à la détresse des demandeurs », a ajouté Louise Moor.

Note aux rédacteurs :

Le taux de rejet des demandes d’asile semble avoir été encore plus élevé au Cap que dans le Gauteng – plus de 98 p. cent. Des personnes originaires de la Somalie, de la République démocratique du Congo et du Zimbabwe faisaient partie de ceux dont les demandes d’asile ont été rejetées.

Lundi 6 octobre, les autorités provinciales ont fermé le dernier site pour personnes déplacées dans le Gauteng, le camp Akasia, sans qu’un plan gouvernemental de réintégration des personnes déplacées en toute sécurité n’ait été porté à l’attention du public.

Les organisations de la société civile n’ont pas reçu de soutien ni d’engagement de la part des autorités de la province du Gauteng dans leurs efforts pour assurer aux personnes déplacées un retour en toute sécurité. L’aide financière proposée par les agences internationales aux personnes déplacées est insuffisante pour leur permettre de trouver un logement sûr et d’être en mesure d’effectuer un retour durable.

Les actes de violence se poursuivent contre les personnes déplacées qui tentent de retourner chez elles, en particulier les Somaliens, et la police refuse d’admettre que ces infractions s’inscrivent dans une série d’attaques à caractère xénophobe.

Vous trouverez plus d’informations sur les préoccupations d’Amnesty International au sujet des personnes qui ont dû fuir de chez elles en raison d’actes de violence xénophobe en Afrique du Sud dans le rapport intitulé South Africa : "Talk for us please" : Limited Options Facing Individuals Displaced by Xenophobic Violence (index AI : AFR 53/012/2008).

FIN/

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