En réaction à cette allocution, Shenilla Mohamed, directrice d’Amnesty International Afrique du Sud, a déclaré :
« La violence liée au genre a atteint des niveaux indéniablement alarmants en Afrique du Sud. Il est absolument inacceptable que les femmes aient l’impression de devoir faire attention à ce qu’elles portent en public et aux lieux où on les voit fréquenter d’autres personnes, par crainte de subir de violentes représailles, y compris d’être violées ou même tuées.
« Le temps des slogans et des calculs politiques est révolu. Le président Cyril Ramaphosa doit maintenant concrétiser par des actions son engagement derrière le mot d’ordre “C’en est assez !” Les taux de féminicides et de viols en hausse dans tout le pays représentent une urgence nationale, ni plus ni moins, et le gouvernement doit agir de manière décisive pour s’attaquer à ces problèmes.
« Il doit commencer par veiller à ce que les policiers soient suffisamment formés pour enquêter avec sensibilité et objectivité sur les cas de violence liée au genre, en particulier de violence domestique. Afin de s’assurer que les auteurs présumés soient traduits en justice, le gouvernement doit également prendre les mesures nécessaires pour que la violence liée au genre soit prise au sérieux à tous les niveaux du système judiciaire, notamment en luttant contre les stéréotypes discriminatoires au sujet des victimes.
« Cependant, les appels à rétablir la peine de mort émanant de certaines personnes sont mal avisés et ne résoudront pas ce problème. La peine capitale s’inscrit dans une culture marquée par la violence, sans apporter de remède à ce fléau, et il n’existe aucune preuve crédible qu’elle ait un effet plus dissuasif sur la criminalité que les peines d’emprisonnement. Le gouvernement ferait mieux de concentrer ses ressources sur la recherche de solutions pour garantir l’administration efficace de la justice grâce à des enquêtes en bonne et due forme sur les cas de violence liée au genre et des procès équitables pour les personnes accusées de tels faits. »
Complément d’information
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le parlement au Cap jeudi 5 septembre pour dénoncer la violence liée au genre, après qu’une étudiante de l’université de cette ville, Uyinene Mrwetyana, a été retrouvée morte cette semaine à la suite de sa disparition. En Afrique du Sud, 39 633 viols et 6 253 agressions sexuelles ont été signalés rien qu’en 2017.