Amnesty International appelle de toute urgence les autorités albanaises à proposer une solution de relogement aux 37 familles roms expulsées de force de leurs domiciles de la rue Kavaja à Tirana, la capitale du pays, mercredi 7 août 2013 au matin.
Ces expulsions forcées ont été menées par les employés d’une entreprise de construction qui envisage d’aménager le site, dans le mépris le plus total des procédures définies par la législation albanaise et les normes internationales sur les expulsions forcées.
Zemrie, mère de cinq enfants et grand-mère de quatre petits-enfants, vivait dans le quartier depuis 30 ans. Elle a déclaré à Amnesty International :
« Ils sont arrivés ce matin sans prévenir, et je ne sais pas vraiment comment les choses se sont déroulées. Tout s’est passé très vite et je suis encore sous le choc […] Ma maison a été détruite mais j’ai réussi à rassembler quelques affaires […] Ce soir nous allons rester ici, dans la rue, car nous n’avons nulle part où aller. Ma belle-fille a un bébé de deux semaines et notre famille compte trois autres enfants en bas âge. »
Amnesty International avait déjà demandé aux autorités de Tirana de mettre fin aux expulsions ; elle avait également engagé le ministre des Affaires sociales à fournir une aide aux personnes chassées de chez elles, notamment en leur proposant une solution de relogement adéquate, conformément aux normes internationales sur les expulsions liées au développement. Un autre témoin a indiqué à Amnesty International que la communauté envisageait de manifester devant la mairie pour demander des logements : « Ils dormiront devant la mairie jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. Ils viendront avec toutes leurs affaires et resteront ici. »
C’est à la demande des commissaires du bureau du médiateur du peuple et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Tirana que la police est arrivée sur les lieux. Les activités de démolition et les travaux sur le site ont été interrompus par les policiers jusqu’à ce qu’ils terminent leur enquête.
Un commissaire du bureau du médiateur a déclaré à Amnesty International : « Sept ou huit habitations ont été détruites ce matin avant que la police n’arrive pour mettre fin aux activités de démolition. La situation était très chaotique, les gens hurlaient et pleuraient en essayant de rassembler leurs affaires. Certains sont parvenus à emporter quelques effets personnels, mais une maison a été détruite sans que les occupants n’aient pu récupérer quoi que ce soit, et une autre a même pris feu. Tout le monde était très choqué et effrayé. Les personnes expulsées sont désormais à la rue, sans savoir quoi faire. Maintenant que la police est partie, elles n’ont plus rien à espérer si ce n’est un peu d’aide de la part des ONG locales. »
Près de 30 familles avaient quitté le quartier la semaine dernière après avoir été menacées par des employés de l’entreprise de construction, qui leur avaient dit que leurs maisons seraient détruites. Il faut que les autorités retrouvent ces familles et s’assurent qu’elles ne sont pas sans abri.
Si la législation albanaise n’interdit pas les expulsions forcées, elle oblige les propriétaires à prévenir les Roms vivant sur leurs terrains 10 jours avant l’expulsion. Conformément aux normes internationales, les Roms auraient dû recevoir un avis d’expulsion officiel, qu’ils occupent le terrain de façon légale ou non.