ÉFAI-20 mai 2010
À l’occasion de la Journée nationale des orphelins en Albanie, Amnesty International appelle les autorités de ce pays à prendre les mesures nécessaires pour que les orphelins et autres jeunes élevés dans le système de prise en charge des personnes dépendantes ne se retrouvent pas sans logement quand ils quittent l’école.
En Albanie, les logements sociaux sont peu nombreux et généralement inaccessibles aux plus pauvres et aux plus vulnérables, notamment aux orphelins. Or, la plupart de ces jeunes ne peuvent pas non plus payer un logement privé sans aide financière. Amnesty International engage donc les autorités à garantir sans délai leur accès à un logement convenable, que ce soit en leur fournissant cette aide sous la forme d’une allocation logement ou par d’autres moyens.
Dans son rapport publié ce jeudi 20 mai, intitulé In Search of Shelter – Leaving Social Care in Albania (index AI : EUR 11/004/2010), l’organisation écrit : « La pauvreté est l’une des principales raisons du placement d’enfants dans des établissements de prise en charge en Albanie, et l’État ne fait pas grand-chose pour les aider à échapper à la pauvreté. » Étant donné que les autorités ne protègent pas suffisamment leurs droits, lorsqu’ils deviennent adultes, ils risquent de se retrouver sans logement et d’être exposés à l’extrême pauvreté et à l’exclusion.
Le droit à un logement convenable est garanti par le droit international, qui exige des États qu’ils donnent la priorité aux catégories de population défavorisées. La législation albanaise garantit le droit des orphelins à l’accès prioritaire au logement. Pourtant, d’après les statistiques officielles, entre 1996 et 2008, seuls 29 des 845 orphelins enregistrés auprès des autorités ont obtenu un logement en vertu des dispositions législatives (aucun après 2005). Actuellement, la politique du gouvernement en matière de logement ne donne pas un degré de priorité élevé à l’hébergement des plus démunis et les programmes de logement social ne profitent qu’à une petite minorité des sans-abri d’Albanie, qui représenteraient plus de 40 000 familles.
Amnesty International estime que les jeunes qui sortent du système public de prise en charge ne reçoivent pas l’aide nécessaire pour assurer leur passage à une vie indépendante. Beaucoup quittent l’école sans avoir acquis les compétences et les qualifications qui leur permettraient de trouver un emploi stable et d’avoir un revenu suffisant pour vivre de manière autonome.
Sans famille vers qui se tourner, et n’ayant souvent que des emplois précaires et mal payés, ils n’ont guère d’autre choix que de vivre dans les dures conditions de bâtiments scolaires plus ou moins abandonnés – la seule « solution » de l’État à leurs besoins d’hébergement. Certains partagent des chambres dans ce type de bâtiment depuis près de 20 ans et élèvent aujourd’hui leurs propres enfants dans ces conditions sordides. Chaque année, ils sont rejoints par d’autres jeunes qui, après avoir quitté l’école, se sont également retrouvés sans logement.
Une jeune femme qui a grandi dans le système de prise en charge des personnes dépendantes a déclaré à Amnesty International : « Les gens ont besoin de plus qu’un croûton de pain, ils ont besoin de vivre dans la dignité […]. Un orphelin ne peut trouver la dignité que s’il a un logement. »
Dans son rapport, ainsi que dans une note adressée au gouvernement albanais en novembre 2009 et rendue publique ce jeudi 20 mai (Orphans and other children deprived of parental care – Amnesty International’s concerns, index AI : EUR 11/002/2010), l’organisation demande que tous les jeunes privés de leurs parents bénéficient d’une aide individuelle adaptée et d’un suivi jusqu’à leurs 18 ans, puis pendant leur passage à l’âge adulte et à l’indépendance. Elle exhorte en outre le gouvernement albanais à adopter un cadre législatif traitant en détails de la fin du placement et du suivi après celle-ci, conformément aux normes internationales. Ces mesures doivent s’appliquer également aux jeunes élevés dans le système de prise en charge des personnes dépendantes qui ne répondent pas aux critères d’obtention du statut d’orphelin, mais dont les familles ne peuvent pas ou ne veulent pas leur fournir un hébergement et de l’aide.
Complément d’information
Ce rapport s’inscrit dans le cadre de la campagne mondiale d’Amnesty International Exigeons la dignité, qui vise à mettre fin aux atteintes aux droits humains qui alimentent et aggravent encore la pauvreté. Cette campagne encourage les gens dans le monde entier à exiger que les gouvernements, les grandes entreprises et les autres détenteurs du pouvoir écoutent la voix de ceux qui vivent dans la pauvreté, et reconnaissent et protègent leurs droits.
Pour en savoir plus, consultez le site http://www.amnesty.org/fr/demand-dignity.