Alexeï Navalny : Amnesty devant l’ambassade de Russie

Alexeï Navalny

Ce lundi, à l’occasion du premier anniversaire de l’arrestation d’Alexeï Navalny, des militants d’Amnesty International se sont rendu·e·s devant l’ambassade de Russie, à Bruxelles, pour réclamer sa libération immédiate et sans condition.

Portant des masques à l’effigie de M. Navalny, il·elle·s ont accroché des bannières derrière les barrières (donnant l’illusion de barreaux) se trouvant devant le bâtiment tandis que des représentant·e·s de l’organisation ont déposé dans la boîte aux lettres de l’ambassade les quelque 18 000 signatures belges – 360 000 signatures ont été récoltées à l’échelle mondiale par Amnesty International – d’une pétition en faveur de l’opposant au Kremlin, injustement détenu dans son pays.

« Au cours des 12 derniers mois, les autorités russes ont déclenché une campagne de répression sans précédent visant Alexeï Navalny, ses partisan·e·s et les organisations de la société civile, détruisant tout ce qui reste des droits à la liberté d’expression et d’association dans le pays, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International. Des dizaines d’associé·e·s et de partisan·e·s de Navalny font l’objet de poursuites sur la base d’accusations sans fondement, alors qu’un nombre croissant d’entre eux·elles sont déjà en prison. »

« 360 000 signatures ont été récoltées à l’échelle mondiale par Amnesty International – d’une pétition en faveur de l’opposant au Kremlin, injustement détenu dans son pays »

Arrêté dans un aéroport de Moscou le 17 janvier 2021, Alexeï Navalny a vu sa peine non privative de liberté remplacée par une peine d’emprisonnement de deux ans et huit mois, ultérieurement raccourcie de deux mois. Peu après, les autorités russes ont commencé à démanteler la Fondation anticorruption et la Fondation pour la protection des droits des citoyens, fondées par M. Navalny, et ont fermé ses bureaux. Le 9 juin dernier, les deux organisations ont été officiellement qualifiées d’ « extrémistes » et arbitrairement interdites.

Les activités de ces deux organisations ont depuis été criminalisées. Le 28 septembre 2021, les autorités ont ouvert une procédure pénale à l’encontre de Navalny et de ses associé·e·s sous l’accusation fallacieuse de création d’une « association extrémiste ». Le 9 novembre, Lilia Chanysheva, l’ancienne coordinatrice des bureaux de Navalny à Ufa, a été placée en détention provisoire.

Des dizaines de membres de l’équipe de Navalny et de coordinateur·rice·s régionaux·ales de son mouvement politique ont désormais quitté la Russie par crainte de persécutions à caractère politique. Yuri Zhdanov, le père d’Ivan Zhdanov, le directeur de la Fondation anti-corruption, a été arrêté sur la base d’accusations fallacieuses de « faux » et de « fraude à grande échelle » en mars 2021.

« Certain·e·s des associé·e·s d’Alexeï Navalny ont pu fuir le pays, mais ils craignent désormais que leurs proches en Russie ne subissent le même sort, à savoir des poursuites sans fondement et des peines d’emprisonnements. En ce jour anniversaire de son arrestation, M. Navalny et les militant·e·s qui lui sont associé·e·s vivent un véritable enfer », indique Marie Struthers, directrice pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International.

Alexeï Navalny risque de faire face à d’autres accusations sans fondement et de devoir purger jusqu’à 15 ans de prison supplémentaires en plus de sa peine actuelle. Il est accusé d’ « outrage à la cour », de « fraude à grande échelle » et de « blanchiment d’argent » en relation avec le détournement présumé de dons à ses ONG. Il est également accusé d’avoir créé une organisation qui « porte atteinte à la personnalité et aux droits des citoyens ».

« Certain·e·s des associé·e·s d’Alexeï Navalny ont pu fuir le pays, mais ils craignent désormais que leurs proches en Russie ne subissent le même sort, à savoir des poursuites sans fondement »

« Nous demandons aux dirigeant·e·s du monde entier, aux organisations internationales et au public de façon générale de faire entendre leurs voix en faveur de la libération immédiate d’Alexeï Navalny, mais aussi pour que cessent immédiatement les brutales représailles dont sont victimes ses partisan·e·s. Il est intolérable que la population continue de subir ainsi la suppression de ses droits fondamentaux ; ces personnes ont le droit de faire entendre leurs voix sans crainte de représailles », conclut Marie Struthers.

Complément d’information

Alexeï Navalny, critique virulent du Kremlin, auteur d’enquêtes percutantes sur la corruption de haut niveau en Russie et fondateur de plusieurs organisations de la société civile, a été arrêté arbitrairement le 17 janvier 2021 à l’aéroport Cheremetievo de Moscou, à son arrivée de Berlin, où il était en convalescence après avoir été empoisonné en Sibérie en août 2020.

Il a été placé en détention provisoire pour avoir prétendument omis de se présenter régulièrement en personne à son agent de probation alors qu’il se remettait de son empoisonnement quasi fatal.

La Cour européenne des droits de l’homme a estimé que la condamnation d’Alexeï Navalny en 2014 et la peine de prison qui s’est ensuivie étaient « arbitraires et manifestement déraisonnables. »

Le 14 janvier, Leonid Volkov et Ivan Zhdanov, deux associés d’Alexeï Navalny, ont été ajoutés à une liste d’ « extrémistes » par le régulateur financier russe. Leurs avoirs en Russie sont désormais bloqués.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit