Communiqué de presse

Algérie. Il faut libérer le blogueur détenu pour avoir partagé des photos sur Facebook

Les autorités algériennes doivent immédiatement relâcher un blogueur placé en détention sur la base d’accusations de terrorisme et de diffamation après avoir partagé des photos et des caricatures du président et du Premier ministre sur son compte Facebook, a déclaré Amnesty International.

L’avocat d’Abdelghani Aloui, un blogueur de 24 ans, a déposé dimanche 13 octobre une demande de libération d’ici à l’ouverture du procès. Une décision doit être rendue cette semaine.

« Les autorités algériennes semblent essayer d’étouffer les critiques en cette période d’incertitude précédant les élections présidentielles de l’année prochaine. Abdelghani Aloui doit être immédiatement remis en liberté et toutes les poursuites engagées contre lui doivent être abandonnées », a indiqué Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International.

« Les autorités réagissent de manière vraiment excessive à ce qui relève simplement de l’expression légitime. Retenir des chefs d’accusation en relation avec le terrorisme afin d’incarcérer une personne qui a partagé des images sur les réseaux sociaux crée un précédent très dangereux. »

Abdelghani Aloui a été arrêté le 15 septembre et placé en garde à vue pendant 10 jours au titre du Code algérien de procédure pénale, qui permet de maintenir les suspects de terrorisme en détention pendant une période pouvant atteindre 12 jours avant de les présenter à un juge.

Il a ensuite été inculpé d’atteinte à la personne du président de la République, d’outrage à corps constitués, ainsi que d’« apologie du terrorisme » parce que les forces de sécurité auraient trouvé chez lui une écharpe sur laquelle était inscrite la proclamation de foi La ilah illa Allah (il n’y a de dieu que dieu).
S’il est reconnu coupable d’« apologie du terrorisme », il encourt jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Cette infraction est définie en termes si vagues dans le Code pénal algérien qu’elle peut recouvrir les critiques non violentes à l’égard des autorités.
Il risque par ailleurs une amende d’un montant pouvant atteindre 500 000 dinars (soit environ 4 500 euros) pour atteinte à la personne du président de la République.
Des modifications apportées au Code pénal en 2011 se sont soldées par une augmentation considérable du montant des amendes dans les affaires de diffamation. Le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression a estimé que ce changement avait « un effet paralysant sur le droit à la liberté d’expression ».
« Les autorités algériennes doivent réviser les lois érigeant la diffamation en infraction pénale et mettre fin au recours à la législation antiterroriste pour sanctionner les critiques non violentes à l’égard de représentants de l’État », a ajouté Philip Luther.

Abdelghani Aloui se trouve actuellement à la prison de Serkadji à Alger, dans la même aile que les suspects de terrorisme. Cette prison est située à plus de 500 km de Tlemcen, où il réside.

C’est la deuxième fois depuis l’an dernier qu’un blogueur est arrêté.

En juillet 2012, Saber Saidi a été appréhendé par le Département du renseignement et de la sécurité, semble-t-il, pour avoir mis en ligne des vidéos en rapport avec les soulèvements au Moyen-Orient. Il a lui aussi été inculpé d’« apologie du terrorisme » et a été maintenu en détention provisoire pendant neuf mois, jusqu’à sa libération en avril 2013.

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