Communiqué de presse

Amnesty International non autorisée à se rendre au Bélarus

Le 10 octobre, les autorités du Bélarus ont refusé d’octroyer un visa à la chercheuse d’Amnesty International travaillant sur le pays, Heather McGill. Cette décision, qui intervient alors que des représentants de l’organisation se rendent librement dans le pays depuis plus de 20 ans pour y mener une action en faveur des droits humains, met en évidence la détérioration que connaît actuellement la situation des droits humains au Bélarus.

Amnesty International a cherché à connaître les raisons ayant motivé le refus d’octroyer un visa à la chercheuse d’Amnesty International. Le 22 octobre, le secrétaire général de l’organisation, Salil Shetty, a écrit au ministre bélarussien des Affaires étrangères, Vladimir Makeï, pour demander des éclaircissements. Plusieurs courriers ont été adressés à l’ambassade du Bélarus au Royaume-Uni, mais sont restés sans réponse. L’organisation conclut par conséquent que le refus d’accorder un visa à Heather McGill est le résultat d’une décision politique, les autorités ne souhaitant pas coopérer avec Amnesty International et interdisant aux représentants de l’organisation de se rendre dans le pays.

Cette décision intervient à un moment où la situation des droits humains au Bélarus se détériore. Amnesty International recueille des informations sur des cas de harcèlement et de mauvais traitements de prisonniers d’opinion, contraints de signer des aveux. Six personnes sont toujours derrière les barreaux en raison de leur participation à la manifestation du 19 décembre 2010. Quatre d’entre elles (Mykalau Statkevitch, Pavel Seviarynets, Zmitser Dachkevitch et Édouard Lobau) ont été adoptées comme prisonniers d’opinion par Amnesty International.

Zmitser Dachkevitch, condamné à la suite d’une manifestation en décembre 2010, s’est vu infliger une année supplémentaire d’emprisonnement le 28 août 2012 pour avoir, semble-t-il, enfreint le règlement carcéral. Le 30 octobre, le tribunal siégeant dans la colonie pénitentiaire de Mazyr a décidé de transférer cet homme dans une prison où les conditions de détention sont plus dures pour qu’il y purge le restant de sa peine. Le tribunal a pris en compte le fait que Zmitser Dachkevitch avait « enfreint avec malveillance » le règlement de la colonie pénitentiaire de Mazyr, où il n’est arrivé qu’en septembre 2012.
Soumises à des pressions de plus en plus fortes, les organisations non gouvernementales risquent d’être poursuivies en justice et fermées en vertu de lois contraires au droit à la liberté d’association. Le 9 octobre, Platforma, organisation non gouvernementale chargée de surveiller les prisons, a été fermée sur décision du tribunal économique de Minsk parce qu’elle n’avait pas présenté de déclaration de revenus dans les délais impartis ni informé les autorités fiscales d’un changement d’adresse. Andreï Bondarenko, le président de l’organisation, soutient qu’il a présenté la déclaration de revenus dans les délais et que l’adresse juridique de l’organisation n’a pas changé. Ales Bialiatski, président du Centre des droits humains Viasna et vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), est incarcéré pour évasion fiscale. Il a été condamné à quatre ans et demi d’emprisonnement le 24 novembre 2011, à l’issue d’un procès ne respectant pas les normes internationales d’équité, pour avoir utilisé des comptes bancaires personnels en Lituanie et en Pologne dans le but de financer les activités du Centre des droits humains Viasna au Bélarus. Le 24 janvier 2012, le tribunal de Minsk a débouté Ales Bialiatski de son appel et, en septembre, la Cour suprême a confirmé la peine.
Il est intéressant de noter que l’interdiction pour la chercheuse d’Amnesty International de se rendre au Bélarus a été annoncée le 10 octobre, Journée mondiale contre la peine de mort. Le Bélarus est le dernier pays d’Europe qui procède encore à des exécutions. Ouladzislau Kavaliou et Dzmitry Kanavalau ont été exécutés en mars cette année à la suite d’une série d’attentats à l’explosif perpétrés dans le pays, le plus récent ayant eu lieu le 11 avril 2011 dans une station de métro. Amnesty International avait alors de sérieux doutes quant à l’équité du procès de ces deux hommes. Dans l’affaire concernant Ouladzislau Kavaliou, comme dans celle de Vassily Iouzeptchouk et d’Andreï Jouk, exécutés en mars 2010, et d’Andreï Bourdyko, exécuté en juillet 2011, les autorités bélarussiennes n’ont pas tenu compte de la requête envoyée au gouvernement par le Comité des droits de l’homme des Nations unies, celui-ci demandant que l’exécution d’Ouladzislau Kavaliou et de Dzmitry Kanavalau n’ait pas lieu avant qu’il ait examiné le cas de ces deux hommes.

Amnesty International s’efforce en toutes circonstances de travailler de manière constructive avec les gouvernements. Elle continuera de chercher des occasions de faire part de ses inquiétudes et de nouer des contacts avec des représentants du gouvernement bélarussien. L’organisation espère que celui-ci réexaminera sa décision de ne pas autoriser Amnesty International à se rendre dans le pays.

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