Amnesty International sera devant le Consulat de Suède pour la libération d’Ahmadreza Djalali

Jeudi 27 juin, des militants d’Amnesty International se rendront devant le Consulat de Suède, à Bruxelles, afin d’exiger des autorités la libération du médecin irano-suédois Ahmadreza Djalali, professeur invité à la Vrije Universiteit Brussel (VUB), et témoigner leur solidarité avec sa famille

Avec pour fond sonore le message qu’a enregistré le docteur Djalali à l’attention du Premier ministre suédois, les militant·es porteront le message « Bring Djalali Home » sur une grande bannière et sur le trottoir situé devant l’ambassade à l’aide de craies. Des affiches et des autocollants seront par ailleurs distribués aux passant·es.

« Vous m’avez laissé ici sans défense »

« Cela fait maintenant huit ans qu’Ahmadreza Djalali est détenu arbitrairement et presque sept ans qu’il a été condamné à mort. Alors que le risque d’exécution est à nouveau très élevé, il est urgent que les autorités suédoises indiquent clairement quelles mesures elles comptent prendre pour non seulement obtenir la libération du docteur Djalali, mais aussi pour amener les responsables des crimes dont il a été victime à rendre des comptes », explique Carine Thibaut, directrice de la section belge francophone d’Amnesty International.

Il y a une semaine, le 15 juin, a été rendue publique la décision par la Suède de signer un accord [1] d’échange de prisonniers avec l’Iran.

« Bien entendu, nous partageons le soulagement et la joie des familles, des ami·es et de toutes les personnes qui ont exprimé leur solidarité envers les ressortissants suédois Johan Floderus et Saeed Azizi, qui ont pu rentrer chez eux après avoir été victimes de toute une série de violations des droits humains en Iran. Mais, pour le docteur Djalali et sa famille, la nouvelle a été difficile à vivre », indique Carine Thibaut.

Le docteur Djalali a lui-même réagi [2] à l’accord d’échange de prisonniers en adressant un message audio au Premier ministre suédois. Il y exprime la joie qu’il ressent pour ses compatriotes libérés, mais aussi sa déception : « Vous m’avez laissé ici sans défense », avant de demander au Premier ministre Ulf Kristersson : « Pourquoi pas moi ? »

« Malgré son état de faiblesse physique, il estime qu’il n’a pas d’autre choix que d’entamer une grève de la faim »

« Le message déchirant d’Ahmadreza Djalali est l’illustration de la faiblesse de la réponse des autorités suédoises – et, par extension, de celle de l’Union européenne et d’autres États – à la politique de prise d’otages menée par l’Iran. Par ailleurs, compte tenu de l’explosion du nombre d’exécutions en Iran, les risques pesant sur le docteur Djalali sont très réels. Il est donc urgent que le gouvernement suédois modifie radicalement son approche », insiste Carine Thibaut.

Suite à l’échange de prisonniers, Vida Mehrannia, l’épouse d’Ahmadreza Djalali, s’est rendue à plusieurs reprises devant le ministère suédois des Affaires étrangères et se réjouit par ailleurs que des actions de mobilisation en faveur de son mari soient menées dans d’autres pays. Elle a tenu à remercier les personnes qui témoignent ainsi leur solidarité et a déclaré : « Après quelque 3 000 jours de souffrance et de tourments inimaginables à Evin, Ahmadreza est en très mauvaise santé et risque fort d’être exécuté. Malgré son état de faiblesse physique, il estime qu’il n’a pas d’autre choix que d’entamer une grève de la faim. »

Une campagne pour pousser la Suède à agir

Amnesty International s’inquiète depuis un certain temps du manque d’actions entreprises par les autorités suédoises en faveur d’Ahmadreza Djalali. Parallèlement aux demandes adressées à l’Iran, l’organisation de défense des droits humains appelle la Suède – notamment par le biais d’une pétition lancée en octobre 2023 – à coopérer plus étroitement avec d’autres États et à accroître la pression publique et diplomatique en vue d’obtenir la libération du docteur Djalali. En outre, Amnesty International demande que des mesures soient prises pour mettre fin à la politique iranienne de prise d’otages et pour obtenir la libération d’autres personnes détenues arbitrairement, qu’elles soient de nationalité étrangère ou qu’elles aient la double nationalité. Amnesty International réclame également que des enquêtes soient ouvertes sur les crimes de droit international commis par les autorités iraniennes.

« Outre des mesures urgentes pour obtenir la libération immédiate et le retour auprès de sa famille d’Ahmadreza Djalali, nous demandons aux autorités suédoises d’ouvrir des enquêtes pénales sur tous les responsables iraniens dont la responsabilité pourrait être engagée en ce qui concerne des crimes de droit international tels que la torture, les prises d’otages et les disparitions forcées », précise Carine Thibaut.

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