Grèce. La détention systématique et prolongée de migrants en situation irrégulière et de demandeurs d’asile déclenche une mutinerie

Amnesty International exprime une fois de plus sa profonde inquiétude face au placement en détention pendant des périodes prolongées de migrants en situation irrégulière et de demandeurs d’asile, et face aux conditions extrêmement précaires qui règnent dans plusieurs centres de détention et postes de police pour migrants en Grèce.

Des personnes placées dans le centre de détention d’Amygdaleza ont déclenché une mutinerie dimanche 11 août 2013 dans la soirée pour protester contre le traitement qui leur est réservé. D’après certaines informations, la mutinerie a éclaté après que des détenus ont appris qu’ils seraient maintenus en détention pendant 18 mois au lieu des 12 initialement prévus. Les gardiens ont coupé l’électricité dans deux des conteneurs faisant office de dortoirs lorsque des migrants ont mis en marche la climatisation. Certains d’entre eux qui ont refusé de retourner dans les conteneurs ont été frappés et insultés par les gardiens.

Dans un communiqué de presse publié par la Direction générale de la police d’Attika le 12 août, la police grecque a déclaré que les détenus s’en étaient pris aux gardiens et avaient mis le feu aux matelas et aux dortoirs. La mutinerie a été réprimée par la police antiémeute. Selon certaines affirmations, 10 policiers ont été blessés ; 41 migrants (originaires du Pakistan, d’Afghanistan, du Bangladesh et du Maroc) ont été arrêtés et devraient être inculpés de trouble à l’ordre public et de lésions corporelles graves. Le ministère de la Protection du citoyen a par ailleurs souligné que l’objectif était d’incarcérer tous les migrants en situation irrégulière jusqu’à ce qu’ils soient renvoyés dans leurs pays d’origine, sauf si les organismes compétents décident qu’ils peuvent bénéficier d’une protection internationale.

Amnesty International a été informée par des avocats que les migrants arrêtés au cours de l’émeute ont été battus par la police lors de leur transfert au centre de détention de Petrou Ralli, à Athènes. D’après d’autres informations, la police a empêché des détenus d’Amygdaleza de sortir de leurs conteneurs après la mutinerie, malgré la chaleur suffocante.

Lors des visites effectuées par Amnesty International au centre de détention d’Amygdaleza en avril et juillet 2013, des détenus ont exprimé leur désespoir face à leur détention prolongée et se sont plaints, entre autres, de la qualité de la nourriture, des conditions d’hygiène et des difficultés à s’entretenir avec leurs familles en raison d’un accès limité aux téléphones. Des policiers comme des détenus ont déploré les mauvaises conditions d’hygiène dans l’établissement, dues au manque de fonds nécessaires à l’embauche de personnel de nettoyage. Au cours des derniers mois, l’organisation a également reçu des allégations de mauvais traitements de la part de certains détenus transférés d’Amygdaleza vers l’aéroport Eleftherios Venizelos pour être expulsés.

Les conditions de détention et l’absence de garanties procédurales applicables à la détention en Grèce ont été régulièrement critiquées par des organisations de défense des droits humains, le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants et l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne. Par ailleurs, entre 2009 et fin 2012, la Cour européenne des droits de l’homme a estimé que la Grèce n’avait pas respecté ses obligations dans 11 affaires portant sur les conditions de détention de réfugiés et de migrants placés dans des centres de détention pour migrants ou des postes de garde-frontières.

Les autorités grecques doivent mettre fin à la pratique qui consiste à placer systématiquement en détention pendant de longues périodes les migrants et les demandeurs d’asile, et mener sans délai une enquête sur toutes les violences qui auraient été commises par des gardiens des centres de détention d’Amygdaleza et de Petrou Ralli avant la mutinerie.

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