Amnesty International répond aux critiques formulées par les autorités saoudiennes concernant l’organisation, qui a publié vendredi 22 juillet ses inquiétudes concernant le projet de loi contre le terrorisme, susceptible de museler la dissidence pacifique dans le royaume.
Le prince Mohammed bin Nawaf Al Saud, ambassadeur d’Arabie saoudite au Royaume-Uni, a adressé un courrier à Amnesty International, dans lequel il assurait que les inquiétudes de l’organisation étaient sans fondements et qu’il était faux de laisser entendre que ce projet de loi pourrait être utilisé pour étouffer la liberté d’expression.
Il a ajouté qu’il était inconvenant de la part de l’organisation de publier ses préoccupations sans les aborder auparavant avec l’ambassade saoudienne.
Amnesty International publie, à sa demande, la lettre de l’ambassadeur en date du 24 juillet.
Dans sa réponse en date du vendredi 5 août, Amnesty International réaffirme que le projet de loi présente des failles considérables et pourrait servir à sanctionner des personnes qui expriment sans violence leurs idées ou leurs opinions ou se livrent à d’autres activités légitimes.
Elle ajoute qu’elle avait écrit à l’ambassadeur le 21 juillet, et rendu publics ses motifs de préoccupation le lendemain seulement, choisissant cette date parce qu’elle estimait qu’il y avait urgence et pensait que la finalisation de la loi était imminente.
Au fil des ans, Amnesty International a mis en lumière de nombreux cas de personnes qui ont été détenues par les autorités saoudiennes pour avoir semble-t-il exprimé des opinions hostiles au gouvernement ou exercé de manière légitime d’autres droits fondamentaux.
Le 22 juillet, Amnesty International a publié l’exemplaire du projet de loi qu’elle s’était procurée, ainsi que son analyse de ce texte.
Trois jours plus tard, le site de l’organisation était bloqué en Arabie saoudite. L’accès au site a depuis été rétabli.
Amnesty International a assuré qu’elle avait écrit à l’ambassadeur la veille de la publication de ses conclusions.
Pour les précédents courriers qu’elle a adressés à l’ambassadeur et à des représentants saoudiens, Amnesty International n’a pratiquement jamais reçu de confirmation de réception ni de réponse.
L’organisation a expliqué qu’elle avait rendu publics le projet de loi et ses sujets de préoccupation en vue de susciter un débat public ouvert, notamment au sein des organisations de la société civile du pays, et de garantir qu’une fois promulguée la loi respecterait pleinement le droit international relatif aux droits humains.
Amnesty International a conclu sa réponse en réitérant son souhait d’entamer un dialogue constructif avec le gouvernement saoudien.