Communiqué de presse

Arabie saoudite. 90 exécutions depuis le début de l’année 2015 : le terrible record de 2014 est battu

L’Arabie saoudite a procédé jeudi 28 mai 2015 à sa 90e exécution depuis le début de l’année, égalant le nombre de personnes exécutées dans le royaume sur toute l’année 2014, a déclaré Amnesty International.

Ce bilan, l’un des plus élevés qu’a recensé l’organisation au cours d’une même période depuis plus de 30 ans, marque un pic sans précédent dans un pays qui figure déjà parmi ceux qui exécutent le plus grand nombre de prisonniers dans le monde.

« La moitié de l’année n’est pas encore écoulée : le royaume du Golfe a procédé à ces exécutions à un rythme effréné. Cette brusque hausse dépasse même les bilans précédents de l’Arabie saoudite », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

L’exécution qui a eu lieu aujourd’hui à Riyadh est celle d’un Pakistanais déclaré coupable d’avoir enfreint la législation sur les stupéfiants. Près de la moitié des exécutions qui ont eu lieu en 2015 étaient liées à ce type d’infractions. Pourtant, elles n’entrent pas dans la catégorie des « crimes les plus graves » et le recours à la peine de mort dans ces circonstances bafoue le droit international. Les autorités elles-mêmes ne placent pas les infractions à la législation sur les stupéfiants dans la catégorie des crimes passibles du châtiment d’ordre divin au titre de la charia (loi islamique), mais considèrent le recours à la peine de mort pour de telles infractions comme une sanction laissée à l’appréciation du juge.

En Arabie saoudite, la méthode d’exécution la plus couramment utilisée est la décapitation, bien souvent en public. Parfois, dans certaines provinces du sud, les prisonniers sont fusillés.

De nombreux accusés, y compris les condamnés à mort, sont déclarés coupables à l’issue de procès entachés d’irrégularités qui sont loin de respecter les normes internationales d’équité. Ils sont fréquemment condamnés sur la base de simples « aveux » obtenus sous la contrainte, sont rarement autorisés à être représentés par un avocat, lors de procès qui se déroulent parfois à huis clos, et ne sont pas tenus informés de l’avancée des poursuites engagées contre eux.

Pour certains crimes passibles de la peine de mort, la Cour suprême a récemment confirmé que les juges n’ont pas besoin de prouver la culpabilité mais peuvent condamner quelqu’un à mort selon leur appréciation, sur la base de soupçons uniquement.

« L’acharnement des autorités saoudiennes à appliquer cette forme cruelle de châtiment est terrible, surtout au regard des graves failles du système judiciaire », a déclaré Said Boumedouha.

« Le recours à la peine de mort est cruel et inhumain en toutes circonstances, mais il est encore plus scandaleux lorsqu’il s’agit d’une condamnation prononcée à l’issue d’un procès qui est lui-même une parodie de justice. »

Il est inquiétant de noter qu’un nombre important de manifestants chiites ont été condamnés à mort au cours des deux dernières années, bien souvent en lien avec les manifestations organisées dans la province de l’Est, dans le sillage des soulèvements populaires massifs de 2011 qui ont entraîné la chute de plusieurs régimes autoritaires de la région.

Parmi les condamnés à mort figure l’éminent dignitaire chiite saoudien, Sheikh Nimr al Nimr, condamné en octobre 2014 au terme d’un procès entaché de graves irrégularités. Son neveu, Ali al Nimr, 17 ans au moment de son arrestation, a été condamné à mort en mai 2014, uniquement sur la base de ses « aveux », qui lui auraient été extorqués sous la torture. Or, le droit international interdit de condamner à mort des personnes âgées de moins de 18 ans au moment du crime commis.

Six autres manifestants chiites ont été condamnés à mort en 2014 et de nombreux autres attendent d’être jugés, l’accusation ayant requis la peine capitale. Beaucoup se sont plaints des procédures iniques et des mauvais traitements en détention.

L’affirmation de l’Arabie saoudite selon laquelle la peine de mort a un effet dissuasif sur la criminalité n’est pas fondée.

« Aucun élément convaincant ne prouve que la peine de mort a un effet particulièrement dissuasif sur la criminalité ni qu’elle est plus efficace que d’autres formes de châtiment. Au lieu d’accélérer le rythme des exécutions, les autorités saoudiennes doivent instaurer un moratoire en vue de l’abolition de la peine de mort », a déclaré Said Boumedouha.

Complément d’information

Dans le dernier rapport d’Amnesty International sur la peine de mort dans le monde, publié en avril 2015, l’Arabie saoudite se place parmi les trois pays qui exécutent le plus grand nombre de prisonniers dans le monde, devancée uniquement par la Chine et l’Iran.

Au 31 décembre 2014, 140 pays ont aboli la peine capitale en droit ou en pratique. Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence de l’accusé, et la méthode d’exécution utilisée par l’État.

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